
A Marseille, le Daveqe, un dispositif pour les jeunes les plus fragiles
Le Daveqe, situé dans deux quartiers clés de Marseille, accompagne des jeunes aux parcours cabossés vers l’insertion sociale et professionnelle. Un travail à 360° pour qu’ils reprennent confiance en eux et envisagent un avenir meilleur.
Chakila arrive tout sourire à l’antenne du Daveqe (1) située en centre-ville de Marseille, tout près du Vieux Port (2). Titulaire d’un baccalauréat littéraire, la jeune femme de 20 ans, originaire de Mayotte, est arrivée en métropole il y a quelques mois. Et s’est rapidement retrouvée désemparée et en situation de précarité. « Au tout début, je n’avais ni repère ni vision précise d’un métier, explique-t-elle. Au Daveqe, j’ai pu être accompagnée dans la découverte des domaines qui correspondent à ce que je suis. Je travaille maintenant sur mon projet de devenir assistante sociale. Ou bien policière, en plan B. »

Le Daveqe accompagne à Marseille des jeunes parmi les plus fragiles. Beaucoup sont de la protection de l’enfance, ou pour certains, des victimes des sorties sèches de ses dispositifs. D’autres, des mineurs non accompagnés. Des jeunes porteurs de handicap, de troubles cognitifs. Certains sont victimes de violences, comme ce jeune homme en butte à l’homophobie de sa famille. Des jeunes sont tombés dans des réseaux de prostitution, luttent contre des addictions. Leurs points communs ? Une situation sociale très précaire et leur grande vulnérabilité qui les conduisent souvent à l’errance.

Une équipe réactive et aux compétences plurielles
L’équipe - responsable, conseillères emploi formation, formateur - les accompagne sur tous les aspects de leur vie. Un impératif pour que ces jeunes au parcours marqué par les ruptures en tout genre, souvent en grande carence affective, se sortent d’une spirale de l’échec. « C’est un accompagnement relativement court qui mobilise fortement le jeune, et qui doit déboucher sur de la formation ou de l’insertion, précise Claudine Ménétrieux, la responsable. Nous nous adaptons autant que possible. » Ce qui suppose pour l’équipe une grande souplesse avec ces jeunes peu habitués à la régularité. Et un accompagnement de tous les instants pour les aider à prendre les rendez-vous chez le médecin, l’organisme de formation, les administrations... Y aller avec eux pour lever les angoisses. Et recommencer jusqu’à ce que le jeune retrouve la confiance et se lance par lui-même.
« Nous essayons de bien identifier les besoins, poursuit Fany Valdivia, la coordinatrice. Puis, de mobiliser chaque jeune sur sa feuille de route en lui faisant prendre conscience des freins qui l’entravent : problèmes de santé, de logement, environnement familial, social, démarches administratives... Et en y travaillant ensemble. »
Outre les entretiens individuels et les ateliers (bureautique, français, maths, alphabétisation, code de la route, etc.), le Daveqe dispose d’outils pour aider le jeune à mieux se connaître. Comme ce jeu pour discerner les valeurs qui sont les plus importantes pour lui, ses qualités et ses besoins, ou des tests d’orientation, pour trouver le domaine qui lui plairait.

Des freins multiples à lever
En amont de l’admission, mais aussi tout au long de l’accompagnement, l’équipe travaille en lien avec des partenaires, en fonction de chaque profil et de chaque besoin. Un maillage essentiel pour répondre aux problématiques diverses qu’il faut résoudre simultanément, certaines n’étant identifiées qu’en cours de parcours. Comme ce jeune, victime de violences intrafamiliales, cet autre qui n’osait pas dire qu’il ne savait pas lire, ou encore ce jeune homme, accompagné dans la reconnaissance et l’acceptation de son handicap.

Boulaye (en photo d'ouverture), jeune Mauritanien de 18 ans, est arrivé au Daveqe il y a trois mois et cherche une formation professionnelle en mécanique : « Je suis des cours de remise à niveau. Ça se passe très bien. Ma vie, je la vois dans la mécanique. Et à Marseille ! » Louis (3), lui, a plongé dans la dépression pendant la crise sanitaire, tout seul chez lui. « J’ai eu une grosse baisse de moral. Ici, on m’aide à me réouvrir, à retrouver la motivation perdue. Et à me connaître. En dehors des livres, ce qui me passionne, c’est l’informatique. » Rayonnante, Chakila conclut : « Au début, je n’avais pas envie de venir. Et maintenant, quand j’ai un problème, je sais que je peux en parler. Ils sont super et me donnent le courage. » De telles progressions sont un baume au cœur pour toute l’équipe et sa responsable, qui reconnaît : « Les jeunes sont surprenants par leur pugnacité et la confiance qu’ils nous donnent. »
- Dispositif d’accompagnement vers la qualification et l’emploi
- Une autre antenne du Daveqe se trouve au Cloître, dans le 13e arrondissement de Marseille, un pôle dédié à l’entreprenariat engagé au service des jeunes, et une troisième à Nice.
- Le prénom a été changé.
Le Daveqe Marseille en bref
- 200 jeunes suivis en 2022
- Âgés de 16 à 29 ans
- Suivi de six à douze mois
- Taux d’accès à l’emploi ou à la formation à la formation : 60 %
- Financement : Fonds social européen, PIC 100 % inclusion, mécénat.
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