Résidence sociale St Bruno - un jeune résident ouvre sa boîte aux lettres
Education et scolarité
19 mai 2025, modifié le 22 mai 2025

Santé mentale des jeunes, un accompagnement sur-mesure

Face aux enjeux de santé mentale rencontrés par des jeunes en situation de fragilité, Maxime Chopard, directeur de la résidence sociale Saint-Bruno de Vaulx-en-Velin et de la Touline d'Apprentis d'Auteuil à Lyon, a mis en place avec ses équipes un accompagnement adapté. Interview.

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Maxime Chopard est directeur d’une résidence sociale d'Apprentis d'Auteuil à Lyon. Avec ses équipes, il a mis en place un accompagnement spécial pour les jeunes qui ont des problèmes de santé mentale. Interview

Parmi les  jeunes que vous accompagnez, combien sont touchés par des problématiques de santé mentale ?

Maxime Chopard
Maxime Chopard, directeur de la résidence sociale Saint-Bruno de Vaulx-en-Velin et de la Touline d'Apprentis d'Auteuil à Lyon

Sur nos deux sites, la résidence sociale Saint-Bruno de Vaulx-en-Velin et la Touline d'Apprentis d'Auteuil à Lyon, qui suit des jeunes sortis des dispositifs de la Protection de l'enfance, nous accompagnons environ 200 jeunes et familles. Environ un tiers d’entre eux (35%) sont concernés par des questions de santé mentale, certains étant diagnostiqués comme souffrant d’une maladie psychique.

Plus de la moitié ont fait l’objet d’une mesure de protection au titre de la Protection de l’enfance avant d’intégrer nos dispositifs et 25 % sont suivis par les MDPH (Maisons départementales des personnes handicapées). Des chiffres qui augmentent depuis la pandémie.

Les origines de leurs difficultés sont, dans la majorité des cas, liées à des expériences de traumas (abandon, violences, abus sexuels, etc.) vécues plus tôt dans leurs vies et ils souffrent d’addictions, notamment aux substances psychoactives et aux écrans. 

Au quotidien, comment vos équipes accompagnent-elles ces jeunes en souffrance ? 

Aider les jeunes à mieux vivre leurs difficultés fait partie de nos missions essentielles, au même titre que l’accompagnement vers l’insertion. Nous avons un rôle à jouer dans la prise en charge de leurs fragilités. Se former est essentiel : les équipes ont suivi la sensibilisation « Premiers Secours en santé mentale », qui permet d’avoir les clés pour mieux réagir face aux premiers signes de souffrance psychique. Un cursus de base complété par un parcours baptisé « Rétablissement en santé mentale », afin d’aborder les techniques de communication à utiliser. 

Nous sommes par ailleurs membres d'un CLSM (Conseil local de santé mentale), ces espaces de concertation qui se mettent en place sur le territoire, depuis quelques années, pour aider les personnes touchées par la santé mentale.

L'accès en continu à ces formations et ces lieux d'échange permet d’objectiver, de mieux comprendre les mécanismes de la maladie, de dédramatiser. Il s’agit d’une posture à avoir, de laisser les jeunes accepter progressivement leurs fragilités, de leur permettre de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, de prendre leur souffrance au sérieux. 

Notre volonté commune est de leur garantir une vie sécurisante et le respect de leur intégrité physique et psychique, pour qu’ils repartent avec des clés qui leur permettront de vivre mieux, après leur passage chez nous. 

Résidence sociale St Bruno - une jeune maman avec son enfant  regarde le panneau d'affichage des activités
Dans le hall d'accueil de la résidence sociale Saint-Bruno, un logement accompagné accessible à de jeunes adultes de 18 à 30 ans, célibataires ou en couple, avec ou sans enfants. (c) Lucile Barbery/Apprentis d'Auteuil

Comment vous êtes-vous organisés pour les suivre ? 

En cas de besoin, nous avons mis en place un accueil en alternance dans plusieurs de nos dispositifs, afin d’éviter des ruptures de parcours. Un membre de l’équipe, psychopraticienne de formation, consacre un tiers de son temps de travail à la santé mentale et physique. 

Mais comme tout le monde, nous sommes confrontés aux difficultés actuelles du secteur de la psychiatrie, très engorgé, ce qui est problématique en cas de grosses difficultés.

Comment facilitez-vous leur quotidien ? 

Depuis l’an dernier, nous avons mis en place des ateliers d’équithérapie et de boxe thérapie pour les résidents de Saint-Bruno. Et à la Touline, nous avons monté un lieu d'accueil adapté avec des enceintes qui diffusent de la musique douce, des livres sur la santé mentale, des peluches, des bouillotes, un aquarium, etc. 

Un cadre qui permet de se sentir en sécurité et de parler en confiance. Nous allons également accueillir un psychologue stagiaire pour quelques mois. Il va proposer des ateliers de sophrologie et de relaxation, par exemple. 

La Touline de Lyon - Jehanne Magnin coordinatrice, reçoit un papa et son petit garçon et parlent devant l'aquarium
À la Touline de Lyon, un papa est reçu avec son petit garçon dans un espace spécialement aménagé pour libérer la parole (c) Lucile Barbery/Apprentis d'Auteuil

En cas de besoin d’intervention en urgence, quels sont vos recours ?  

La ligne téléphonique d’information et d’orientation en santé mentale mise en place par le centre hospitalier de psychiatrie Le Vinatier depuis le confinement. Cette plateforme évalue les demandes et propose d’orienter les patients vers un professionnel de santé. Ce qui nous permet d’avoir une première évaluation, et si besoin un suivi, sans passer par les urgences. 

Nous sommes également en lien avec les équipes mobiles psychiatriques du secteur, crées en lien avec la sectorisation des centres médico-psychologiques qui peuvent intervenir sur site.

De quoi ces jeunes ont-ils le plus besoin ? 

D’attention, de respect, de patience, d’espoir, de bienveillance, de dédramatisation, de qualité de regard posé sur eux... Nous sommes tous concernés par ces questions qui ne touchent pas seulement les jeunes en précarité, mais tous les jeunes. Et nous aussi, les adultes !

La crise du Covid a certes fait des ravages, mais elle a aussi permis que la santé mentale devienne un sujet dont nous osons de plus en plus nous emparer et parler.