Ecole Saint-Etienne -  Portrait de Mélanie Barbotin, éducatrice, dans la cour de récréation.
Education et scolarité
29 mai 2025

Engagée ! Mélanie Barbotin, monitrice-éducatrice à l'école Saint-Étienne, à Saint-Estèphe

Monitrice-éducatrice, Mélanie Barbotin travaille à l’école primaire Saint-Étienne, situé à Saint-Estèphe, près de Bordeaux, dans le Médoc. Elle accompagne au quotidien les enfants de cette école à taille humaine, dont une des spécificités est un internat éducatif et scolaire pour les plus de 4 ans. 

Toute jeune fille, lorsqu’elle s’interroge sur sa voie professionnelle, Mélanie Barbotin n’a pas vraiment une idée précise de ce qu’elle veut faire, si ce n’est qu’elle souhaite travailler auprès d’enfants. « Je lie cela à mon expérience chez les Scouts et Guides de France, mouvement dans lequel j’étais engagée », analyse-t-elle. Mélanie passe d’abord un bac littéraire pour faire plaisir à ses parents, puis, à 18 ans, se tourne vers un CAP Petite enfance. Pour son premier job, elle seconde les enseignants en tant qu’agent territorial spécialisé des écoles maternelles, poste plus connu sous son acronyme ATSEM. La jeune femme a un projet : un service civique chez les Scouts et Guides de France pour organiser un grand rassemblement de jeunes en Roumanie. C’était sans compter son entourage qui, par deux fois, lui parle de cette école d’Apprentis d’Auteuil située à Saint-Estèphe, et qui cherche, elle aussi, un service civique. 

Un coup de pouce pour les parents

Tout s’enchaîne rapidement après un rendez-vous avec la directrice de l’époque et sa cheffe de service, pendant lequel la fondation et les missions lui sont présentées. Son enthousiasme, son expérience auprès des jeunes emportent la décision. « Je pensais me diriger vers les crèches, mais je me suis aperçue que j’aimais travailler auprès d’enfants un peu plus grands, échanger avec eux, précise Mélanie. À l’école Saint-Étienne, ma mission était de donner un coup de main aux éducateurs, d’accompagner les enfants, d’aider aussi les enseignants, par exemple en CP, pour l’apprentissage de la lecture et l’aide aux devoirs. À l’internat, il fallait aider pour le temps du repas, les douches, les activités du soir que ce soit jeux de société, activités manuelles, soirée film... »

Les spécificités de cette école primaire à taille humaine : son internat éducatif et scolaire qui accueille les enfants à partir de 4 ans, et ses deux dispositifs particuliers : pour les enfants en situation de handicap (Ulis) et pour ceux en risque de décrochage scolaire (Credo). « Les enfants sont issus de familles dont beaucoup connaissent des difficultés, détaille Mélanie. L’école et son internat constituent une sorte de coup de pouce pour que les parents retrouvent leur place, leur rôle éducatif, et qu’un placement soit évité. »

Ecole Saint-Etienne - Mélanie Barbotin, éducatrice, s'occupe des enfants pendant la récréation.
Une attention aux petits, tout au long de la journée. (c) Astrid Lagougine/Apprentis d'Auteuil
Ecole Saint-Etienne - Mélanie Barbotin, éducatrice, s'occupe des enfants pendant la récréation. Les enfants se mettent en rang
Mélanie Barbotin, monitrice éducatrice, s'occupe des enfants pendant la récréation et les aident à se mettre en rang (c) Astrid Lagougine/Apprentis d'Auteuil

À l’aise dans une école à taille humaine

Mélanie ne tarde pas à se sentir comme un poisson dans l’eau dans cette école située en milieu rural, au milieu des vignes. « Je m’y suis tout de suite sentie bien. J’ai eu l’impression qu’on me faisait confiance, que j’allais pouvoir y bâtir un projet professionnel et un avenir. Le fait d’avoir fait du scoutisme m’a très vite amenée à savoir gérer un groupe. J’ai été cheftaine et ai encadré des jeunes dès l’âge de 17 ans. J’avais aussi passé mon BAFA et une formation pour diriger des camps de jeunes. » 

Du côté de l’école, l’appréciation est tout aussi positive. Aussi, pour éviter de perdre cette recrue précieuse, qui plus est dans un secteur rural et assez isolé, son contrat en service civique est écourté. Il bascule vers un contrat d’avenir d’éducatrice pour trois ans, via la mission locale. 

En travaillant dans l’unique classe de maternelle, de la toute petite à la grande section (2 ans ½ jusqu’à 5 ans), la jeune femme change de rythme et accompagne les enfants de midi jusqu’à 21 heures. « Avec les plus petits en internat, j’ai mis en place des rituels de coucher : ils pouvaient aller jouer un peu avec les grands, ce qui est important pour se sentir appartenir au groupe, puis brossage des dents, passage aux toilettes, histoire, câlin, bisou. Pour les petits, le moment du coucher est difficile, leur maman n’est pas là. » 

Ecole Saint-Etienne - Activités et ateliers pour les maternelles coordonnée par Mélanie Barbotin (éducatrice) et la maitresse des maternelles.
Mélanie Barbotin anime des ateliers pour les maternelles, sous la coordination de la professeure des écoles en charge de la classe. (c) Astrid Lagougine/Apprentis d'Auteuil
Ecole Saint-Etienne - Mélanie Barbotin (éducatrice)  s'occupe des maternelles pendant le temps du repas.
Durant le temps du repas de midi, Mélanie sert les enfants et les aide si besoin. (c) Astrid Lagougine/Apprentis d'Auteuil

Le plein d’expériences

Cette première expérience lui apprend beaucoup sur l’éducation, les limites, la bonne distance avec les enfants qui retrouvent leur famille le week-end, l’importance de l’équipe. « Quelquefois, nous sommes confrontés à des comportements difficiles à gérer : des cris, des crises de colère. Il faut aller vers l’enfant, le calmer, le recentrer, l’apaiser. Savoir demander de l’aide et passer le relais si besoin, ne pas être seule, est important. Cela permet aussi aux enfants de tisser des liens de confiance avec plusieurs adultes. » 

Les années passent et Mélanie engrange beaucoup d’expérience. Aussi, son contrat de trois ans terminé, elle réfléchit à son évolution et à la proposition de l’école d’un poste de monitrice-éducatrice. Passée sa première interrogation sur le défi que représente une validation des acquis de l’expérience (VAE), Mélanie saute le pas pour obtenir le diplôme requis. « J’avais envie d’être diplômée et d’évoluer. J’aime ce travail d’accompagnement des jeunes, mais je n’étais pas certaine d’être capable d’une VAE : il faut monter tout un dossier, le soutenir à l’oral devant un jury. » Elle bénéficie pour cela d’une formation d’Apprentis d’Auteuil à l’écriture de la VAE, dispensée à Paris sur cinq mois, à raison de deux jours par mois. « Cela a été une expérience humaine impressionnante de rencontrer d’autres professionnels, certains engagés dans une réorientation, par exemple de maîtresse de maison, souligne-t-elle. On partage, on échange, on discute de ce qu’on a vécu, c’est une des grandes richesses d’Apprentis d’Auteuil. Cela permet de se renforcer dans ses pratiques professionnelles. »

Ecole Saint-Etienne - Réunion entre professionnelles, coordonnée par la directrice Séverine Gault. A gauche Mélanie Barbotin, à droite Séverine Michel, éducatrices
Une réunion entre professionnelles, coordonnée par la directrice Séverine Gault. A gauche Mélanie Barbotin, à droite Séverine Michel, éducatrice. (c) Astrid Lagougine/Apprentis d'Auteuil

Le défi de la VAE relevé

Encouragée à chaque étape de l’écriture de la VAE, Mélanie termine son dossier en septembre 2022 et le soutient en novembre. « J’étais stressée pour l’oral, et en même temps, je savais ce que j’avais à dire et ce que j’avais vécu. J’ai validé trois parties sur quatre. J’étais déçue, et en même temps, je m’y attendais : le jury était très jugeant sur cette partie du projet personnalisé du jeune. J’étais découragée et je souhaitais laisser tomber, mais le responsable des formations m’a reboostée et incitée à réécrire cette partie, ce que j’ai fait en quinze jours avant de la soutenir à nouveau en mars 2023, plus confiante et sûre de moi. J’ai davantage détaillé cette partie, changé d’exemple de jeune, donné des situations concrètes, reformulé des phrases. Et obtenu mon diplôme de monitrice éducatrice. » 

Ecole Saint-Etienne -  Mélanie Barbotin (éducatrice), dans la salle Snoezelen, pendant un temps d'échange individuel avec un enfant, appelé "bulle d'oxygène"
Dans la salle Snoezelen, un espace d'apaisement pour les enfants. Mélanie Barbotin propose aux enfants dans cette salle, et également dans d'autres lieux, un temps d'échange quotidien de 45 minutes, la "bulle d'oxygène" (c) Astrid Lagougine/Apprentis d'Auteuil

Une bulle d’oxygène pour les enfants

Aujourd’hui, Mélanie accompagne les enfants durant la journée à l’école Saint-Étienne. Sur le temps scolaire, elle est présente en classe de maternelle, mais peut s’en éloigner en cas de besoin sur des situations ou des comportements difficiles. La salle Snoezelen, du nom de cette méthode née aux Pays-Bas il y a une cinquantaine d’années, est un dispositif mis en place par l’école particulièrement important pour les enfants. Encadrés par un adulte, les élèves peuvent s’y apaiser dans une atmosphère bleutée, baignés par des installations lumineuses et une musique apaisante. Dans cette salle, mais également dans d'autres lieux, Mélanie propose un temps nommé « la bulle d’oxygène » pendant lequel l’enfant, s’il le souhaite, échange et partage avec elle ce qu’il a sur le cœur. « Tous les jours, pendant 45 minutes, je prends les enfants demandeurs en individuel. Cela leur permet de libérer leurs émotions, de parler quand ils ont un sentiment d’injustice. Ils se confient sur leur quotidien, leur histoire, parlent du week-end, de leurs joies, de leur tristesse. Quelquefois, le retour à la maison est difficile : « Personne ne joue avec moi », « On ne s’occupe pas de moi... » Comme ses collègues, elle créé également du lien avec les parents et échange avec eux régulièrement. Au fil des jours, elle remarque des évolutions dans le comportement : plus de respect les uns envers les autres, de bienveillance.

Mélanie a plus que trouvé ses marques à l’école Saint-Étienne, elle a trouvé un établissement en accord avec ses propres convictions. « Je suis quelqu’un qui aime sincèrement son travail, qui a envie de progresser, d’apprendre des jeunes, affirme-t-elle. J’ai la chance de travailler dans cet environnement, avec ces collègues qui sont plus que des collègues, presque une famille. On peut dire quand cela ne va pas et c’est une grande force. Sinon, la porte passée, je coupe véritablement et je me consacre à ma famille, mon mari, mes enfants. Être heureuse au travail et épanouie à la maison, c’est cela mon bonheur, il ne me faut rien de plus. »