
Journée mondiale de la santé mentale : écouter et soutenir le bien-être des jeunes
En ce 10 octobre, journée mondiale de la santé mentale, des jeunes de la Maison d’enfants Don Bosco à Charleville-Mézières dans les Ardennes témoignent des émotions qui les traversent. Les adultes abordent les actions menées pour leur équilibre et leur bien-être présent et à venir.
À Apprentis d’Auteuil, la question de la santé mentale des jeunes "Grande cause nationale 2025" qui plus est en difficulté sociale, familiale ou scolaire, est fondamentale. Sa prise en compte fait partie intégrante du projet éducatif et de l’accompagnement global de chaque jeune, dans toutes les dimensions de sa personne.
« À la Maison d’enfants Don Bosco, les 62 enfants et adolescents confiés par l’Aide sociale à l’enfance et accueillis dans une unité de vie pour petits (6-12 ans) et quatre unités de vie pour grands (12-18 ans) sont accompagnés par une équipe pluridisciplinaire (éducateurs, maîtresses de maison, surveillants de nuit) tout au long de l’année, explique Jérémy Rampon, directeur. Car beaucoup de ces jeunes présentent une fragilité psychique et souffrent de difficultés relationnelles ou de troubles du comportement avérés. Tous ont besoin d’un accompagnement individualisé spécifique et d’un encadrement personnel et collectif renforcé. Et ce, via une médiation scolaire, sportive et socioculturelle. »

Un cadre de vie cocon
Concrètement, chaque unité de vie de la Maison d’enfants est aménagée dans un cadre le plus agréable et confortable possible comme si chaque enfant et chaque adolescent vivait dans une vraie maison individuelle et non dans un foyer institutionnel. « Souffrant de troubles psychiatriques ou du comportement, en situation de décrochage scolaire, sans projet scolaire ni professionnel, ces jeunes doivent avant tout se sentir bien au quotidien, avant de pouvoir envisager quoi que ce soit pour améliorer leur présent et envisager leur avenir, relève Jennifer de Bernardini, cheffe de service éducatif. Ensuite seulement, l’équipe peut s’appuyer sur les centres d’intérêt, les compétences, les réussites de chaque jeune pour le sortir de son mal-être. Elle lui propose ainsi, en lien avec sa famille quand cela est possible, un accompagnement quasi individuel et des activités extérieures répondant à ses besoins et souhaits. Les jeunes ne se sentent plus rejetés par leurs proches, les autres jeunes ou les institutions (école, collège, lycée, club sportif…). Le seul fait que garçons et filles acceptent d’être accompagnés par l’équipe est déjà une belle réussite. »

Une présence, une écoute de chaque instant
Membre de l’équipe, Déborah Michel, éducatrice référente scolaire, retrouve les enfants très réticents à toute forme d’apprentissage dans une petite salle dédiée au fond du jardin de l’unité de vie des petits. Là, durant trente minutes ou une heure maximum, elle reste en tête-à-tête avec eux, hors des murs de l’école. « Ces enfants peuvent être hyperactifs, sujets à de grosses colères, remarque-t-elle. Je dois sans cesse attirer leur attention, renouveler leur intérêt par des activités manuelles (dessin, peinture) ou des jeux, sinon ils décrochent et ne s’intéressent plus du tout au scolaire. »
Pour créer des liens plus solides encore, Déborah Michel déjeune avec les jeunes, participe à leurs activités extérieures, passe des vacances avec eux. « Parfois, j’ai le sentiment de manquer de temps avec les enfants tellement ils sont en demande de présence, d’attention, d’écoute, confie l’éducatrice. Je mets tout en œuvre pour qu’ils rattrapent leur retard, se sentent bien, soient heureux. En fait, je souhaite répondre à toutes leurs attentes. » « J’aime bien travailler avec Déborah. Je sais qu’elle est avec moi, confirme Élena, 9 ans. Mes devoirs avec ma maman, ça ne se passait pas bien ni avec elle ni avec mes frères et sœurs car j’ai besoin de calme. Plus tard, je voudrai être éducatrice comme Déborah – elle est bien dans son métier, elle nous aide beaucoup pour l’école, cela veut dire qu’elle a beaucoup travaillé à l’école –, maîtresse d’école – je ne donnerai pas beaucoup de devoirs ni de punitions car je suis gentille –, dentiste pour soigner les dents car j’ai déjà des caries ou présidente de la République car je ne veux plus la guerre, je sais que ma maman votera pour moi. »

Bien avec soi-même et les autres
Ancien boxeur professionnel, champion de France, d’Europe et du monde, aujourd’hui éducateur sportif à la Maison d’enfants Don Bosco, Hakim Chioui gagne la confiance des jeunes par une présence et une écoute de chaque instant. « Les jeunes ont besoin d'être à la fois seuls avec moi et en groupe pour se sentir écoutés, valorisés, uniques, pour retrouver confiance et estime de soi, reconnaît-il. Je leur propose des séances de sport individuelles (boxe ou fitness) et des temps d’échanges. Je les accompagne à leurs séances d’entraînement dans des clubs sportifs ou à des activités à l’extérieur de la Maison d'enfants (médiathèque, sorties vélo, canoé…). Je veux qu’ils se sentent bien dans leur tête, en équilibre, qu’ils se respectent, respectent l’autre, les autres, acceptent le règlement... Je délivre à chacun le même message : Soyez courageux, ne lâchez rien, la vie est un combat ! »
À ses côtés, Loïs, 11 ans, acquiesce : « Avant je m’énervais beaucoup à l’école et à Don Bosco. Après avoir passé six ans dans l’unité de vie des petits, j’ai grandi. Aujourd’hui, dans une unité de vie des adolescents, je me sens mieux, plus autonome. Plus tard, j’aimerais devenir footballeur professionnel. Hakim a demandé au Club athlétique de Villers-Semeuse de me prendre à l’essai. Les dirigeants ont accepté et depuis septembre 2024, j’ai rejoint le club. Je joue comme défenseur latéral ou central. C’est une vraie réussite pour moi. »
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