MECS Havre Rose de Lima
Protection de l'enfance
22 juillet 2025

La vie à la Maison d'enfants de Changé pour le présent et l'avenir

Ouverte en 2004, la Maison d'enfants Le Havre-Rose de Lima à Changé en Mayenne accueille vingt garçons et filles âgés de 6 à 18 ans. Confiés par l'Aide sociale à l'enfance (ASE) du département, accompagnés par une équipe éducative, ils reprennent confiance en eux, découvrent estime de soi, respect de l'autre et goûtent à leur vie d'enfant ou d'adolescent. Pour le présent et l'avenir.

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À la Maison d'enfants Le Havre-Rose de Lima à Changé (53), vingt garçons et filles âgés de 6 à 18 ans retrouvent confiance en eux et espoir dans un présent et un avenir meilleurs.

Ce mercredi matin-là, Ethan, 12 ans, et Louna, 15 ans, à peine réveillés, petit-déjeunent dans la salle à manger de l’une des deux maisonnées de la Maison d’enfants Le Havre-Rose de Lima à Changé en Mayenne. Dans le calme, sous le regard bienveillant de Richard Landelle, maître de maison. « Je veux aider les enfants de mon mieux pour qu’ils s’en sortent dans la vie, en les traitant comme des jeunes de leur âge, sans a priori, glisse-t-il. Je me comporte avec eux comme je le fais avec mes enfants. Je ne veux pas, en raison de leur enfance ou de leur adolescence compliquée, entrer dans une espèce de cocooning, dans un monde de bisounours. Ce ne serait pas leur rendre service car ce n’est pas ça la vraie vie. » Comme en écho, Ethan et Louna desservent la table et s’assurent que tout est ordre et propreté pour les plus petits qui petit-déjeuneront après eux. Pour l’heure, ils et elles font encore la grasse matinée. 

Dans sa chambre, Ethan raconte : « Je me lève à 7h, petit-déjeune, me lave et range ma chambre : je n’aime pas quand c’est le bazar. Puis, je prends le bus pour aller au collège. J’aime bien le français : j’apprends à lire avec des exercices. Grâce aux éducateurs de la Maison d'enfants, je sens mon comportement s’améliorer. Je fais de moins en moins de crises et je me suis réconcilié avec la fille que je harcelais. »

Ouverte en 2004, Le Havre-Rose de Lima est un exemple du renouveau des Maisons d'enfants à Apprentis d'Auteuil. Deux pavillons à un étage, reliés entre eux par une laverie, héberge chacun une dizaine d’enfants et d’adolescents, parfois des fratries. Des petits effectifs, un cadre familial avec chambres individuelles ou à deux, un jardin très agréable, tout est pensé pour que les garçons et filles se sentent bien. « Les enfants et les adolescents que nous accueillons ont été confiés par l'ASE de la Mayenne, précise Sylvie Blanlœil, directrice de la Maison d'enfants. Ils souffrent de maltraitance, de carences éducatives, de drames familiaux. Ou du fait que, malade ou au chômage, un papa ou une maman ne peut pas, pendant un temps, exercer son rôle de parent. En lien avec l'ASE, les établissements scolaires, les centres de soins, les centres de loisirs, etc., nous mettons tout en œuvre pour que chaque jeune - sans mettre sa vie en danger - retourne vivre à son domicile, a minima maintienne des liens avec sa mère ou son père. Ce qui suppose, de notre part, un accompagnement sur-mesure des familles, avec l'éducateur référent de l'enfant et la psychologue. »

Deux enfants de la MECS Havre Rose de Lima font un jeu de société
Un moment de détente et de jeu pour Ambre, 8 ans, et Ethan, 12 ans © Igor Lubinetsky/Apprentis d’Auteuil
MECS Havre Rose de Lima, Ambre et Maëly
Ambre, 8 ans, et Maëly, 11 ans, amies pour la vie © Igor Lubinetsky/Apprentis d’Auteuil

Accueillir, protéger, aider à grandir

Dans le jardin, à l'ombre d'un arbre, Ambre, 8 ans, partage volontiers son histoire personnelle : « Je suis venue au Havre-Rose de Lima, après avoir été accueillie par deux familles d’accueil. Ma maman n’arrivait pas à tout gérer. Avant, dans mes familles d’accueil, j’avais tendance à m’enfuir dès que le portail s'ouvrait. Ici, je m'énerve encore parfois mais je me sens en sécurité. Tous les mercredis, je vais voir la psychologue. Pour moi, c'est comme si j'entrais dans une salle magique, je peux lui parler de tous mes problèmes. Je sais qu'elle ne les racontera à personne. Je lui fais confiance. »

Pour accompagner tous les enfants du Havre-Rose de Lima, Magali Boulot, psychologue, les reçoit de façon spontanée ou sur rendez-vous le mardi, mercredi et jeudi. Au fait des parcours et du vécu de chaque enfant, elle se veut disponible, ouverte, réceptive, aucunement dans le jugement, aucunement dans la position de sachant. « J’explique à certains jeunes le pourquoi de leur placement. Ils veulent comprendre et découvrent souvent qu’ils pourront récupérer leur dossier à leur majorité. Un des points d’attention concerne aussi la gestion difficile des émotions. Beaucoup ont souffert de carences affectives. Ils savent qu'ils peuvent tout me dire. Je garderai tout pour moi comme une boîte à secrets. Mon ambition est de redonner le pouvoir d'agir aux jeunes et à leurs familles. J’ai parfois le sentiment de semer 10 kilos de gazon. Pour voir ou pas, un jour, une jonquille pousser. » 

MECS Havre Rose de Lima, partie de foot
Un match de football pour apprendre à se dépasser et à jouer collectif © Igor Lubinetsky/Apprentis d’Auteuil
Safia Marmouri, éducatrice spécialisée en apprentissage à la MECS Havre Rose de Lima en discussion avec Louna (15 ans) dans son lit
Safia Marmouri, éducatrice spécialisée, et Louna en pleine discussion © Igor Lubinetsky/Apprentis d’Auteuil

Une présence et une écoute de chaque instant

Le maître de maison, la directrice, la psychologue comme les éducateurs et autres membres du personnel assurent un rôle essentiel auprès des enfants bien au-delà de la tenue de la maisonnée, de la préparation des repas, de l’hygiène, du respect des horaires, de l'organisation du quotidien, etc. Ils sont présents, dans une écoute attentive et le respect de chacun. « Le plus souvent, les moments de frustrations et les crises résultent des situations familiales compliquées : la maman est décédée, le papa est parti..., explique Safia Marmouri, éducatrice spécialisée en apprentissage. Tout se joue au feeling. À moi de rassurer chacun, de lui apporter des réponses, de trouver des solutions, de dire à l’enfant ou à l'adolescent qu’il existe d’autres manières de faire, de s’exprimer, et que je suis, quoiqu’il se passe, à ses côtés. » 

Louna, 15 ans, acquiesce : « Ici, j’aime bien cuisiner avec Richard, le maître de maison. Des salades fraîches en entrée, du poisson ou du hachis parmentier en plat et le gâteau du chocolat de mon papa : il m’a donné sa recette, confie-t-elle. Le plus compliqué pour moi : comment bien m’entendre avec les autres ? Faire que les autres aiment bien jouer avec moi et tout le monde. Comme je suis parmi les plus grands, je veux montrer l’exemple. Mais, en réalité, la bonne entente dépend de tout le monde, enfants et adultes. » 

« Nos objectifs d’accompagnement sont des propositions faites en toute transparence dans l’intérêt de l’enfant, en lien avec le juge des enfants et les parents qui restent le plus souvent détenteurs de l’autorité parentale, conclut Sylvie Blanlœil. L'essentiel pour nous est que les jeunes que nous accueillons soient heureux. Ils restent, en moyenne, moins de trois ans avec nous et la moitié d’entre eux retournent au domicile familial. Les autres sont orientés vers une structure plus en capacité de soigner leurs maux. En fait, nous plantons des graines, des graines dans lesquelles nous croyons. Il est hors de question pour nous de laisser tomber un enfant ou un adolescent. Il est toujours agréable et gratifiant de constater, par une lettre ou une visite, qu'ils ou elles se souviennent de nous. »