Coralie Thieffry
Protection de l'enfance
09 juillet 2024

Coralie Thieffry, éducatrice spécialisée : « Courir pour se détendre, se confier, se dépasser »

À quelques jours de l'ouverture des jeux Olympiques Paris 2024, Coralie Thieffry, éducatrice spécialisée, met tout en œuvre, à travers le sport, pour redonner confiance aux garçons et aux filles de l’Accueil séquentiel de la Maison Saint-Jacques à Haubourdin (59). Simplement en proposant à chacun de courir avec elle. 

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Coralie Thieffry, éducatrice spécialisée, propose aux garçons et aux filles accueillis à la Maison Saint-Jacques à Haubourdin (59) de courir avec elle pour retrouver confiance en eux.

« L'idée me trottait dans la tête depuis un moment, reconnaît d’emblée Coralie Thieffry, éducatrice spécialisée à l’Accueil séquentiel (cf. encadré) de la Maison Saint-Jacques à Haubourdin (59). Faire du sport avec les jeunes, pour qu’ils comprennent qu’être bien dans ses baskets, c’est aussi être bien dans sa tête. Le corps, l’esprit, le cœur, la santé, tout est lié ! » 

Depuis la rentrée 2023, une fois par semaine, le lundi après le collège, le lycée ou une visite chez les parents, Coralie Thieffry propose à qui veut une séance de sport : une course dans les environs ou du cardio training - des exercices cardiovasculaires - dans un club de Marc-en-Baroeul ou de Lille. « Sous prétexte que l'envie ou le niveau de chacun est différent, je m'organise pour partir avec un jeune à la fois. Et comme les garçons et les filles aiment bien parler - tout comme moi -, ce temps à part donne souvent lieu à des discussions nourries et à confidences intimes. » 

Coralie Thieffry court avec Isabelle Dacquin, Sarah et Salim
Coralie Thieffry en course avec Isabelle Dacquin, infirmière, Sarah et Salim, deux jeunes de l'Accueil séquentiel © Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

Même si cela lui demande un grand sens de l'organisation avec les différents emplois du temps des jeunes, leurs éventuels retours chez leurs parents, Coralie se fait un devoir d'emmener Sarah, Salim et les autres courir ou faire des exercices cardiovasculaires. « Comme je dis souvent aux jeunes, le sport ça fait du bien et ça libère la dopamine, la molécule du plaisir. Alors pourquoi s'en priver ? » 

À chacun - en fonction de sa forme et de son état d'esprit - elle fixe des objectifs - 3, 4, 5 km ou 20, 30, 40 minutes de course sur terrain plat ou avec dénivelé. « Ces objectifs peuvent évoluer au fil de la course, souligne Coralie. L'essentiel est que chaque garçon et fille se sente bien ou mieux, ne subisse pas l'exercice, s'écoute et écoute son corps. Pour développer ses capacités musculaires et respiratoires mais aussi et surtout acquérir un mental gagnant et atteindre, étape par étape, ses objectifs. Le mental dans le sport, c'est la clé de la réussite ! » 

Sans Coralie, je n’irai pas courir car, comme tout le monde, j'ai une petite maladie : la flemme. Mais Coralie me rassure et m’apporte la confiance en moi. Avec elle, je suis en confiance et en confidences. C'est la première personne à m'avoir dit que j'avais les capacités d'atteindre tous les objectifs que je me fixais. Cela m'a énormément motivée. Motivée, je suis plus déterminée que jamais.
Sarah, 14 ans

Autre bénéfice de ces courses ou exercices pratiqués hors les murs, la libre expression des jeunes. « Hors de leur environnement habituel, les garçons et les filles se sentent plus libres de bouger et de parler de tout et de rien ou de choses qui leur tiennent vraiment à cœur : une difficulté au collège ou au lycée, une dispute avec un jeune, un différend avec un parent, un sujet beaucoup plus intime. À travers ces échanges, ils reprennent confiance en eux et en l'adulte. » 

Quand je cours avec Coralie, je me détends, je me canalise sur une seule chose, je me vide la tête, ça m'enlève un poids et me permet de souffler un peu. J'apprends aussi, tout en donnant le maximum, à doser mon effort. J'ai l'impression que mon corps me dit : Merci !
Salim, 15 1/2 ans

Au fur et à mesure des entraînements, les jeunes découvrent également que le sport représente une école de la vie avec des règles à respecter, des choses que l'on peut faire ou pas, des choses que l'on peut s'autoriser. « Je souhaite que les jeunes soient - comme leurs parents - fiers d'eux. Qu'ils comprennent, qu'en ne lâchant rien, ils peuvent réaliser des choses qu'ils pensaient impossibles, conclut Coralie. Plus que tout nous offrir un petit moment de bonheur ! » 

L'Accueil séquentiel de la Maison d’enfants Saint-Jacques 
L’Accueil séquentiel de la Maison d’enfants Saint-Jacques permet à 13 garçons et filles âgés de 12 à 16 ans d’être accueillis à la demande de la famille, de l’aide sociale à l’enfance ou d’un juge pour enfants de façon modulable, en fonction des besoins du jeune. 
Parallèlement, les éducateurs soutiennent et accompagnent les familles à leur domicile. L’objectif étant de favoriser - sans prendre de risques - le retour du jeune auprès des siens.