Tous sportifs !
Alors que la France bat cet été au rythme des Jeux olympiques, zoom sur les activités sportives à Apprentis d’Auteuil. Très présent dans tous les établissements, et sous des formes variées, le sport, levier éducatif, fait partie intégrante de la pédagogie de la fondation et constitue un élément essentiel au bien-être de chaque jeune.
Gymnase du collège Saint-François, un soir d’entraînement de foot. Filles et garçons travaillent leurs passes et leur conduite de balle, encadrés et coachés par Youssef Harrouchi, coordinateur sport et culture. Nolhan, 14 ans, est enthousiaste : « J’ai toujours aimé le foot. J’ai conscience d’avoir de la chance par rapport à mes copains qui étudient dans d’autres collèges. Tous regrettent de ne pas pouvoir jouer au foot autant que moi. Quand je joue, je me défoule, je me calme, je me fais plaisir dans une bonne ambiance. J’apprends à me concentrer, à jouer collectif. Tout ça me donne envie de bien travailler au collège. J’ai 14,15 de moyenne ! »
Un élément essentiel pour l'équilibre des jeunes
Voilà maintenant quatre ans que le collège Notre-Dame a créé une option sport et culture pour remobiliser les élèves dans leurs apprentissages scolaires, tout en leur redonnant confiance en eux. Une évolution naturelle pour l’établissement, implanté sur un site doté de nombreuses infrastructures sportives et qui a fait du sport un de ses atouts majeurs.
Le sport et Apprentis d’Auteuil, c’est une vieille histoire qui remonte à l’origine de la fondation. L’abbé Louis Roussel, fondateur de l’Œuvre en 1866, intègre le sport lors des sept récréations qui rythment la journée de ses protégés. Pragmatique et visionnaire, fort de ses années d’expérience au patronage de Grenelle, il a compris l’intérêt d’instituer des pauses pendant lesquelles les jeunes respirent et se défoulent. « Ces enfants, dont la plupart ne savent ni lire ni écrire, ont été habitués à être livrés à eux-mêmes, témoigne l’abbé Roussel. Ils ont couru les rues ou pour employer leur expression, ils ont « galvaudé » et n’ont fait que de rares apparitions à l’école... Ils ne s’habitueraient que très difficilement à une vie de pensionnaire si les exercices n’étaient très diversifiés et duraient plus d’une heure. » Ses successeurs font de même, inscrivant cette pratique dans l’ADN de la fondation, et observant d’année en année les vertus du sport sur l’équilibre des jeunes.
Transmettre des valeurs et se dépasser
Le football, la course, le cross comptent parmi des sports longtemps plébiscités par les jeunes, auxquels viennent s’adjoindre le basket, le rugby, l’athlétisme. Ils sont pratiqués sur place dans les temps scolaires et périscolaires, la pause de midi. Certains établissements, comme Saint-Jean, à Sannois, ont créé des sections sportives pour remobiliser les jeunes fragiles dans leurs apprentissages et en faire un levier éducatif puissant, permettant de développer la confiance en soi et aux autres. Grâce à du mécénat (par exemple celui de la Fondation Lacoste, pour l’initiation au tennis), les jeunes peuvent s’initier à des sports qu’ils n’auraient pas pu pratiquer autrement. « Le sport – comme la culture - sont des outils à travers lesquels on transmet de nombreuses valeurs : goût de l’effort, respect de soi, des autres, des règles, entraide, solidarité, vivre-ensemble », remarque Youssef Harrouchi.
Gérer ses émotions
Ces dernières années, de nombreux autres sports ont fait leur apparition dans les établissements, comme le cross fit à Saint-Jean, à Sannois (un mélange de musculation, d’endurance et de gymnastique), le hip hop à Saint-Pie-X, à Domont, le futsal. Sainte-Claire, à Dieupentale, dans le Tarn-et-Garonne, permet la pratique de douze sports différents et a ouvert une section sportive VTT/escalade. Ce mercredi matin, justement, ce sport est au menu des élèves de 4e. Le gymnase est doté d’un mur d’escalade qui culmine à sept mètres. Vertes, bleues, rouges ou noires, les couleurs des prises correspondent, comme au ski, à la difficulté des voies. Le mur est divisé en deux parties. D’un côté, le bloc permet aux élèves de monter jusqu’à 4,5 mètres en autonomie sans corde ni baudrier. De l’autre, les voies aménagées avec des cordes permettent aux élèves de monter en toute sécurité jusqu’en haut, en étant assuré depuis le sol par un de leurs camarades. Lucas, 13 ans, avoue : « La première fois que je suis monté, j’ai eu trop peur. J’ai même pleuré ! Puis le prof m’a aidé à ne plus avoir peur, à apprendre à faire confiance à l’élève qui nous assure. Ça me donne aussi confiance en moi, pour les cours de maths au collège et dans la vie en général. »
Pour le professeur d’EPS, Benoît Bertrand, l’escalade, c’est tout sauf une activité solitaire, comme on pourrait le penser. « Elle permet de développer l’entraide, la confiance en soi, la création de liens entre les élèves quand ils s’assurent les uns les autres. C’est une activité sportive très riche qui permet d’apprendre à gérer ses émotions et dans laquelle on progresse très vite. » Le professeur poursuit sur les vertus de ce sport qui offre à des jeunes au parcours scolaire fragile, voire, chaotique, la possibilité de développer rapidement des compétences, de se mettre en situation de réussite, puis de transférer cette réussite dans leur scolarité. Ce que confirme Noah, 13 ans : « Je fais de l’escalade depuis que je suis en 6e. J’ai le vertige, mais j’ai réussi à le combattre en montant à chaque cours un peu plus haut. Le sport ça m’aide aussi à réussir en classe. J’ai appris à m’accrocher ! »
S’intégrer dans la vie de la cité
Pour des jeunes qui vivent en Maison d’enfants, confiés à la fondation par les services sociaux, la question du lien avec l’extérieur et de l’intégration dans la cité est essentielle. L’inscription dans un club sportif fait partie intégrante du projet personnalisé. Elle leur offre l’occasion de connaître d’autres enfants ou adolescents en dehors du collectif, de nouer des liens d’amitié, d’ouvrir son horizon. Pour des mineurs non accompagnés (MNA), coupés de leurs racines, cette question de l’intégration se pose également, avec en filigrane, celle de la découverte de la culture française et de ses codes. Les établissements Jean-Marie-Vianney à La Côte-Saint-André, entre Lyon et Grenoble, ont noué un partenariat fructueux avec le Club sportif de Bourgoin-Jallieu (CSBJ). Encadrés par des joueurs espoirs et seniors, les jeunes MNA, des garçons et des filles majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne, découvrent le rugby qui les intrigue et les intéresse, comme le confie Lasso : « En m’initiant à ce sport, j’accepte ce que ma nouvelle vie en France m’offre de bon, de bien. » Antoine Vidal, responsable de l’école de rugby du CSBJ, se montre plus qu’impressionné : « L’enthousiasme dont ces jeunes font preuve, le plaisir qu’ils prennent à jouer ensemble, leur envie de se surpasser, nous donnent de la joie. Et leurs parcours migratoires nous offrent une leçon de vie et de résilience. »
Apprentis d’Auteuil à l’heure des JO
- Génération 2024 Sept établissements, dont Sainte-Claire, ont obtenu ce label qui leur permet de participer à des animations sportives organisées dans leur département, et de rencontrer des sportifs durant les JO et les paralympiques.
- Temps forts Olympiades, mini JO, festival sportif : les établissements profitent des JO pour organiser leurs propres temps fort sportifs au cours de l’année et mobiliser les jeunes autour du sport, comme les établissements Notre-Dame (28), Notre-Dame du Bon Accueil, à Gorges (44), Sainte-Claire, Jean-Marie-Vianney...
- Handisport Durant l’année, une sensibilisation au handisport se tient dans plusieurs établissements, dont Saint-Philippe de Meudon, Sainte-Thérèse à Paris, le lycée Val de Drôme à Montéléger (26).
- Sécurité des JO Des jeunes préparant le brevet professionnel sécurité des établissements de La Réunion vont participer à la sécurité des JO à Paris.
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