
Plus loin, plus fort avec le sport !
Avec l’attribution des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris en 2024, le sport fait la une de l’actualité.
Depuis sa fondation en 1866, Apprentis d’Auteuil l'a toujours envisagé comme facteur clé du bien-être de chaque jeune et levier de remobilisation scolaire. Gros plan sur des initiatives gagnantes.

Peu après 1866, année de la création de son œuvre dédiée aux jeunes de la rue, l’abbé Roussel, en génial visionnaire, intègre le sport à l’emploi du temps de ses protégés. Il institue de nombreuses récréations : pour ces adolescents qui ont connu l’errance, il s’agit de renouer avec des apprentissages dont ils sont très loin. Il leur est donc nécessaire de décompresser régulièrement, Louis Roussel l’a bien compris. Haltérophilie, lutte… Les photos d’époque attestent d’un goût certain pour les activités sportives.
Aujourd’hui, en 2017, la palette s’est étoffée, tout comme les façons et les occasions de les pratiquer. Les établissements scolaires ou professionnels d’Apprentis d’Auteuil, les lieux d’accueil (Maisons d’enfants, internats…) les déclinent de mille et une façons. Ils sont bien sûr pratiqués au sein du cursus scolaire, en semaine, mais aussi après l’école, dans les nombreuses activités périscolaires. Foot, VTT, basket, natation, danse… l’important est de permettre à chacun de s’épanouir dans le sport de son choix, et quand c’est possible, dans des clubs extérieurs, afin de s’ouvrir à d’autres univers et de rencontrer ses pairs hors de l’institution.
Un atout pour lutter contre le décrochage scolaire

Cela se pratique aussi au collège Saint-Jean à Sannois (95), grâce au soutien du Fonds social européen (FSE), de la Fondation Decathlon et de la Fondation Française des jeux. "Nous proposons à des jeunes en difficulté scolaire mais bons footballeurs, d’intégrer la section sportive, explique Sébastien Anfray, professeur d’éducation physique et sportive. En 5ème, 4ème ou 3ème générale, professionnelle ou prépa pro, ils suivent le programme scolaire et effectuent 9 heures d’entraînement de football en plus par semaine (7 heures pour les 5ème). Ils participent aux matchs organisés par l’Union nationale du sport scolaire (UNSS). L’objectif étant, pour chacun, de dynamiser la vie scolaire à travers le football."
Pas question cependant de se montrer moins exigeant sur l’attitude et le comportement. Les jeunes vont à l’entraînement s’ils s’investissent en classe. Ni de faire miroiter des carrières de sportif professionnel à coup sûr. Le professeur de sport complète : "Nous délivrons à chacun le même message : "Tu viens à la section sportive pour progresser dans ton sport de prédilection, mais tu ne vas pas forcément signer dans un club professionnel. Si tu es bon, cela se saura. Mais même si tu es bon, nous ne pouvons pas t’assurer que tu vas en vivre. En revanche, nous sommes certains que tu vivras de ton investissement dans le travail scolaire, et ce, dans ta vie privée comme dans ta vie professionnelle."
Christopher, 15 ans, l’a bien compris. Scolarisé depuis deux ans dans l’établissement, il souligne avec maturité : "J’aime le foot depuis que je suis tout petit. Ici, je peux aussi travailler scolairement. Si je ne deviens pas footballeur professionnel, l’école pourra toujours me sauver pour trouver du travail. J’essaie de faire les choses bien en classe, à l’entraînement et dans les matchs. J’ai fait des progrès dans mon comportement. Je suis plus respectueux envers les personnes et moi-même."
Vecteur de valeurs

L’escalade et le VTT, le foot et la boxe sont pratiqués dans la section sportive des établissements Saint-Roch (Durfort-Lacapelette, 82) de même que le rugby. Ce sport, qui véhicule des valeurs de coopération et de respect d’autrui, est prisé également dans les établissements Jean-Marie-Vianney (La Côte Saint-André, 38) et Saint-Paul-sur-Isère (73), qui ont même signé une convention avec leur comité départemental (Isère ou Savoie).
S’ouvrir à la différence, s’engager pour les autres

Les courses solidaires sont également très prisées, que ce soit dans les établissements du Nord-Ouest ou à Saint-Joseph à Blanquefort (33). Mohamed Ahamri-Forriere, coordinateur international, témoigne : "Le collège et le lycée organisent depuis très longtemps un cross qui réunit jeunes et adultes. Depuis quatre ans, nous avons voulu lui donner un supplément d’âme. Ce cross solidaire finance, grâce aux mécènes qui nous soutiennent, les chantiers de solidarité internationale organisés au Togo (rénovation d’un foyer, d’une école et création d’un potager). Notre ambition est d'éveiller l'esprit solidaire des jeunes. Ce jour-là, ils savent que leur course va bien au-delà du défi sportif, car leur effort va aider très concrètement d’autres jeunes. Ils sont donc motivés pour se dépasser et aller au bout de la course !"
La Maison Joseph Wresinski de Creil (60) organisait les 21 et 22 avril des Olympiades solidaires, en partenariat avec L’Arche, et recevait à cette occasion 150 jeunes de différents établissements. Tournoi de foot, tir à l’arc, course de relais… Autant d’épreuves vécues entre jeunes et personnes porteuses de handicap, dans un bel esprit de partage, sous le regard bienveillant de Jean Vanier : "On est tous fragiles ! Pourtant, parce que tu es une personne, tu as une place dans la société. Les médailles, c’est super, mais être ensemble, c’est encore mieux !" "Voir des personnes pousser les fauteuils roulants et rire ensemble, c’était beau, c’était fort", reconnait Annie, 18 ans.
Mécénat
Ces fondations et sociétés soutiennent les projets sportifs d'Apprentis d'Auteuil : Sofitel et Solidarity Accor Hotels, Fondation Lacoste et Fondation R. Abdesselam, Fondation FDJ, Fondation Société Générale, Lego, Axa Atout Cœur, Fondation Decathlon, Fondation du Russey, Les Enfants de l'Ovale.Jean-Philippe ACENSI, fondateur et délégué général de l’Agence pour l’Education par le Sport
Vous avez créé l’Agence pour l’éducation par le sport en 1996, quelle est sa vocation ?
Notre association est née à l’initiative de sportifs soucieux de faire reconnaître la dimension éducative et sociale du sport, une valeur qui peut être une solution à la désespérance de nombreux jeunes, en quartiers difficiles ou pas... Nous travaillons, pour ce faire, aux côtés de clubs et associations sportives qui mettent en place de magnifiques projets dans ce sens ; nous accompagnons de plus en plus de municipalités à faire travailler les éducateurs sportifs de leur ville avec cette dynamique. Plus récemment, nous avons mis en place, notamment avec des banques, des programmes d’insertion professionnelle de jeunes qui, avec ces dispositifs, peuvent trouver du travail grâce à leurs qualités sportives repérées.
Qu’apprend-on, justement, en pratiquant un sport ?
Dans un club, le jeune n’est plus un mauvais élève, il est un joueur. Il développe l’envie de s’en sortir, le sens de l’engagement (environ 3 jeunes sur 10 qui pratiquent un sport sont engagés), l’estime de soi, la motivation, etc. Autant de points très positifs pour réussir dans la vie. Sans compter que les clubs de sport sont des espaces de fraternité uniques dans lesquels des hommes et des femmes s’engagent pour des enfants qui ne sont pas les leurs. Il faut refaire confiance au terrain (de sport) !À lire dans la même thématique