« Être protégé contre la violence c’est un droit, même dans la rue  ! »

Selon la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies, le 20 novembre 1989 et ratifiée par 197 États, chaque enfant a droit à une protection contre toute forme de violence : « Les États prennent toutes les mesures appropriées pour protéger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation. »

En République démocratique du Congo, à Kinshasa la capitale précisément, 30 000 enfants en situation de rue sont, aujourd'hui encore, exposés à des violences physiques infligées par des passants, des groupes de délinquants ou les forces de l’ordre, à des violences sexuelles et à diverses formes d’exploitation économique. Ils demeurent sans protection ni recours et manquent cruellement d'accès aux soins.

Apporter protection, écoute, espoir

Pour leur venir en aide, dénoncer et éradiquer les violences faites aux enfants et aux adolescents en situation de rue, Apprentis d’Auteuil, la Fondation Apprentis d’Auteuil International mènent des actions concrètes avec deux partenaires locaux majeurs. Tous se mobilisent pour offrir, chaque jour, à chacun, protection, écoute et espoir.

À Kinshasa, le centre Vivre et travailler autrement (VTA) propose ainsi à trente jeunes filles âgées de 8 à 17 ans, un hébergement sécurisé, un accompagnement psychologique, une remise à niveau scolaire et la possibilité d’être scolarisées hors du centre. Ces jeunes filles peuvent se reconstruire et s’insérer plus facilement dans la société. 
« Dans la rue, j’étais confrontée à beaucoup de maltraitances et d’agressions, se souvient Dorcas (prénom d’emprunt), 20 ans, aujourd’hui réinsérée. Je vivais dans l’insécurité totale, livrée à moi-même et contrainte de survivre par mes propres moyens. » « La situation des enfants en situation de rue est préoccupante, souligne Solange, éducatrice au centre. Ils sont traumatisés par ce qu’ils vivent dans la rue. Certains s’y perdent complètement. » 

Quitter la rue, un vrai défi

Autre partenaire d’Apprentis d’Auteuil à Kinshasa : l’Œuvre de suivi, d’éducation et de protection des enfants de la rue (OSEPER). Pour repérer et identifier les besoins des enfants vivant dans la rue et leur apporter une aide immédiate, l’Œuvre a mis en place des maraudes. 
« Notre objectif est de permettre à des garçons et filles d’intégrer des centres d’hébergement et, à terme, de devenir autonomes, précise John Lemba, éducateur et infirmier. Du lundi au vendredi, de 9h à 12h, nous sommes 4 ou 5 - chauffeur, éducateur, infirmier, psychologue - à aller à leur rencontre. Une fois que les enfants nous connaissent, ils viennent spontanément vers nous. Ils savent que nous leur voulons du bien. Si un enfant est blessé, nous le soignons ; s’il a de la fièvre, nous la traitons ; s’il a besoin d’un chirurgien, nous préparons une lettre de transfert vers un établissement de soins. Mais notre travail de terrain est semé d’embûches : les enfants se déplacent constamment, souvent chassés par la police, les riverains ou les militaires. Pour pouvoir continuer à agir, nous devons expliquer nos actions à chacun. » 
Au-delà d'une aide immédiate, l’OSEPER sensibilise également les enfants en situation de rue à la vie en société et leur apprend comment s'y insérer. « Malgré la violence qui y règne, ces enfants sont très attachés à la liberté que la rue leur offre, constate John Lemba. La quitter est, pour eux, un vrai défi. » 

Un défi qu’Apprentis d’Auteuil, la Fondation Apprentis d’Auteuil International et leurs partenaires locaux tentent de relever au quotidien pour le mieux-être, le développement et l’avenir des enfants en situation de rue exposés à la violence, à l’exploitation et à l’exclusion. 
Des situations qu’ils entendent faire connaître et éradiquer en mobilisant les États, les institutions et le grand public, notamment à travers la campagne - « Être protégé contre la violence c’est un droit, même dans la rue ! »  - largement diffusée sur les réseaux sociaux pour marquer la date anniversaire du 20 novembre, Journée internationale des droits de l'enfant.