En Afrique, un programme pour former à un métier des jeunes parmi les plus vulnérables

Engagé depuis plus de 30 ans à l’international, en soutien à des associations locales partenaires qui partagent ses valeurs et œuvrent auprès de jeunes et de familles vulnérables, Apprentis d’Auteuil a créé le programme Phare pour des jeunes âgés de 5 à 22 ans. Coconstruit avec la Fondation Société Générale, il accompagne dans cinq pays d’Afrique des enfants et des jeunes en situation de rue ou de précarité, en rupture familiale ou sociale, pour leur permettre de revenir à l’école, d’accéder à une formation et de s’insérer dans la société. « Il s’agit d’aider des jeunes à initier un projet de vie, à sortir de leur condition précaire grâce au travail et à se construire un avenir meilleur via l’insertion professionnelle, dans des métiers porteurs comme la menuiserie, l’électricité, l’hôtellerie, la restauration, la couture... », explique Manon Dorn, de la direction International d’Apprentis d’Auteuil. 

Accompagner le jeune à 360°

Basées sur un accompagnement à 360^e, et durant trois ans, les actions prennent en compte le jeune dans sa globalité : appui éducatif, hébergement, alimentation, santé, médiation familiale, soutien psychologique, activités sportives et culturelles. Le projet se déploie dans des pays d’Afrique où Apprentis d’Auteuil noue des partenariats avec des associations locales : Sénégal, Cameroun, République démocratique du Congo (RDC), République du Congo et Madagascar. « L’objectif est d’accompagner 1 800 jeunes sur trois ans », souligne Manon Dorn. 

« La Fondation Société Générale croit à l’égalité des chances, enchaîne Aurélie Robin, responsable de mécénat. Avec Phare, il s’agit de permettre aux jeunes les plus vulnérables d’avoir accès à une éducation et à une formation professionnelle de qualité, afin qu’ils puissent préparer leur avenir et devenir des citoyens. Le volet insertion professionnelle est primordial, car il permet à ces jeunes de subvenir à leurs besoins, de fonder une famille et de soutenir la famille élargie comme il est de coutume en Afrique ». 

Réhabilitation sociale 

Une fois repérés grâce à des maraudes, au bouche-à-oreille, par les dispositifs locaux d’aide à l’enfance, les jeunes sont accompagnés pour l’éducation et l’insertion par des structures comme Jeunesse, culture, loisirs, technique, interventions sociales (JCLTIS), situé à Mbao, à une vingtaine de kilomètres au Sud-Est de Dakar, au Sénégal. 
Le lieu, qui accueille environ 300 jeunes par an, dont une douzaine d’internes, dispose notamment d’un centre de formation professionnel, actuellement en travaux avec le soutien de la Fondation Société Générale. Il compte des formations diplômantes en électricité, menuiserie, soudure et même en cinéma... 
« Le projet intègre une centaine de jeunes en phase de remobilisation ou d’insertion, explique Guirane Diène, son directeur. L’objectif est qu’ils recouvrent leur dignité, mais aussi qu’ils se forment à des métiers. » Le centre dispose aussi d’une cellule d’appui à l’insertion qui permet aux jeunes de trouver un emploi, voire de monter leur propre entreprise grâce à son volet entrepreneuriat. 
C’est le cas de Assane Ndoye, 24 ans, ancien élève devenu entrepreneur. « Un des formateurs m’a poussé à continuer mes études jusqu’à obtenir mon Certificat d’aptitude professionnel (CAP), alors que j’ignorais totalement ce diplôme. Mais il m’a bien expliqué son importance et c’est grâce à ses conseils que j’ai réussi à l’obtenir. Aujourd’hui, j’ai ouvert mon atelier de menuiserie aluminium où je travaille avec mes apprentis. » 

Montée en compétence des collaborateurs

Le programme Phare d’Apprentis d’Auteuil comprend également un renforcement des compétences des professionnels qui accompagnent les jeunes, à travers des outils comme les Carnets numériques du travail social (des formations en ligne et en présentiel, des échanges) et les Communautés de pratiques et de savoirs (CPS), qui favorise le partage d’expériences pour s’enrichir des bonnes pratiques des autres. « Une session sur les droits des enfants se tiendra avec Apprentis d’Auteuil en octobre à Dakar, avec un coup de projecteur sur la problématique des filles », détaille Guirane Diène. « Ce volet de la jeunesse sur un continent très jeune est primordial. Il faut faire accéder le plus grand nombre à une éducation de qualité et à une formation professionnelle qui permettent d’en faire des citoyens autonomes demain. C’est le pari à relever », conclut Aurélie Robin.