Samy Blin, professeur des écoles, à l'école Saint-Gabriel de Bagneux
Education et scolarité

Samy Blin, professeur des écoles à Apprentis d'Auteuil, « Enseigner, c'est avant tout une histoire de liens ». 

PORTRAIT. Professeur des écoles passionné de pédagogie, Samy Blin a choisi ce métier pour redonner à ses élèves ce qu’il a lui-même reçu, plus jeune, à l’école. Un vrai point d’ancrage pour ses élèves. Par Agnès Perrot. 

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Samy Blin est professeur des écoles. Il raconte en quoi consiste son métier et pourquoi il le fait vibrer.

« Enseigner, c’est avant tout pour moi une histoire de liens. Avec les élèves, mais aussi les collègues, l’ensemble de l’équipe éducative, les parents... Mes meilleurs souvenirs d’école restent liés à ces moments où je pouvais rire et jouer avec les copains à la récré ou échanger avec des profs qui savaient nous encourager », confie Samy Blin, 34 ans, professeur des écoles, titularisé depuis la dernière rentrée.

Il est 8h 30 ce matin de fin d’année à Saint-Gabriel de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, une école d’Apprentis d’Auteuil qui accueille des élèves de tous horizons et de toutes cultures, répartis en huit classes, de la petite section au CM2. La sonnerie a retenti et les enfants se sont sagement rangés en file indienne devant leur maître de CP. 

« Ce qui me fait me lever le matin, reconnaît l’enseignant, c’est la joie que j’ai à accompagner mes élèves, les écouter, les faire grandir. Les enfants me touchent énormément. Avec leur rapport direct à l'existence, aux émotions et à la vie, ils ont des choses à dire et savent penser ! »   

Samy Blin, professeur des écoles, à l'école Saint-Gabriel de Bagneux dans sa classe
Début d'année en lecture : séance de déchiffrage des syllabes (c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

Une histoire de liens 

Né d’un père diplomate et d’une mère au foyer d’origine palestinienne, Samy Blin parle couramment l’arabe. Il grandit avec ses frères et sœurs au gré des nominations de son père, d’abord en région parisienne, puis dans les Émirats arabes unis et en Égypte. « Vivre enfant à l’étranger ouvre l’esprit. Et permet d’apprendre les langues, mais aussi la tolérance, l’autonomie, le vivre ensemble... »  

Le bac en poche, l’étudiant se lance dans un cursus d’ingénieur en informatique. Une formation suivie d’une expérience professionnelle en Arabie saoudite qui s’achève au bout de six ans, son entreprise ayant fait faillite. 

Samy Blin rentre en France, et en recherche de sens, prend un temps sabbatique pour réfléchir à la suite à donner à son parcours. L’idée du métier de professeur des écoles fait son chemin. Décision prise, il effectue une première suppléance à l’école Saint-Gabriel quelques mois plus tard. Une révélation.

Samy Blin, professeur des écoles, à l'école Saint-Gabriel de Bagneux distribue les tablettes numériques aux élèves
Distribution des tablettes numériques, financées par le mécénat, avant la leçon de calcul (c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

Bienveillance et exigence

Un confinement et une année scolaire plus tard, encore dans l’émerveillement de son récent engagement, Samy Blin fait chaque jour avancer sa classe de CP dans les connaissances phares de l’année : la lecture et l’écriture.

« Mon but, c’est que tous mes élèves se sentent encouragés pour donner le meilleur d’eux-mêmes, et si possible, en s’amusant, notamment au moyen de tablettes numériques. Je cherche en permanence des nouvelles idées pour leur permettre de progresser, j'hésite, je tâtonne, je recommence. La pédagogie me passionne, particulièrement auprès d'enfants en difficulté comme ceux accueillis à la fondation », confie-t-il.

Et l'enseignant de répenser à une expérience forte vécue l'année précédente avec un collègue et un groupe de jeuens lecteurs très en retard dans leurs apprentissages. « Grâce aux outils mis en place, les enfants ont rattrapé le niveau de leurs petits camarades en moins de six semaines. C’était bluffant ! » 

Autre défi pour Samy Blin, éveiller ses élèves, dès le CP, à l’esprit critique, par le biais d’ateliers philo réguliers. « Ne pas subir, se prendre en main, être force de proposition, même à six ans, c’est important. Les enfants ont plein d’idées, laissons-les s’exprimer ! ».

Samy Blin, professeur des écoles, à l'école Saint-Gabriel de Bagneux, une élève lui présente son dessin
Une élève trop fière de présenter son dessin-synthèse à son maître, à la fin d'un atelier philo ! (c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

Faire alliance avec les parents

L'instituteur collabore également de près avec les parents, point clé du projet éducatif - et stratégique - de la fondation. « L’idée, c’est de leur tendre la main, en leur précisant qu’on a tout intérêt à collaborer. Ils deviennent des alliés qui renforcent mon autorité. »  

Rien d’étonnant à ce que ce fan de jeux vidéo, très sensible au Beau, soit régulièrement remercié par un parent reconnaissant, ou que ses élèves, enthousiasmés, l’emmènent là il ne pensait pas aller. Comme ce matin où, emportés par la leçon de sciences, ils lui ont commandé un exposé sur les aurores boréales...

« Une histoire d’aller-retour, conclut-il, enthousiaste. Se sentant encouragés, les enfants collaborent, les solutions jaillissent. Ils m’invitent à une relation de plus en plus vraie avec eux ! » Un moteur puissant pour avancer.