
Jeux paralympiques : des jeunes d'Apprentis d'Auteuil, spectateurs enthousiastes
Une trentaine d'élèves du lycée agricole Val de Drôme (26) sont montés à Paris pour les Jeux paralympiques. L’occasion, pour ces jeunes enthousiastes, de vibrer à un match en direct et de changer leur regard sur les personnes en situation de handicap. Une belle parenthèse !
Mercredi 5 septembre, 12h, Jeux paralympiques de Paris. Sur les gradins d’une des salles de l’Arena Paris Nord, en Seine-Saint-Denis, un groupe d’adolescents fait chauffer la salle. Enthousiastes, ces élèves du lycée agricole Val de Drôme (Montéléger, 26), scrutent avec attention les premières passes des athlètes de l’équipe de France masculine de volley assis. Les sportifs se déplacent assis, en glissant sur le sol.
Encadrés par des enseignants et une éducatrice de l’internat, les élèves ont bénéficié de places mises à disposition par le ministère de l’Éducation nationale dans le cadre du dispositif “Ma Classe aux Jeux”.

Partager les valeurs paralympiques
« Avec mes collègues, explique Thibaud Manifacier, professeur d’EPS à l’origine du projet, nous avons décidé de les laisser découvrir le jeu, inconnu de la plupart d’entre eux ».
Intérêt de la démarche, vivre un moment de cohésion, permettre aux jeunes d'encourager les joueurs et les sensibiliser à la différence. « Même si c’est une question qu’on aborde régulièrement au lycée, toutes disciplines confondues, il nous semblait pertinent de remettre l’accent dessus à l'occasion des paralympiques », explique encore l’enseignant.

Mieux qu'à la télé
12h. Début de match. Répartis sur plusieurs rangs, les jeunes ne cachent pas leur joie. « C’est drôlement difficile, cette discipline, lance l’un d’entre eux, admiratif dans son t-shirt vert. À sa droite, son voisin ajoute : « J’aime bien assister à des matchs en vrai, c'est mieux qu'à la télé. »
12h 35. Deuxième set. Un frémissement parcourt les gradins. Les Français, en difficulté depuis le début du match, viennent de marquer quatre points d’affilée. Les jeunes explosent de joie tout en posant des questions aux adultes qui les entourent. Anne Chastanier, éducatrice à l’internat, souffre depuis plusieurs années d’un handicap invisible : « Les valeurs du sport sont fortement ancrées en moi, explique la professionnelle. En lien avec mes collègues, j'ai vraiment à cœur de les transmettre aux jeunes. »
Pour ce faire, l'équipe de l'internat a rendu la pratique du badminton et du futsal obligatoire deux soirs par semaine. Histoire d'intégrer ceux qui n’osent pas se lancer ou qui n’ont tout simplement pas envie de jouer. « Dans le monde actuel, ajoute Anne Chastanier, c’est essentiel de se bouger physiquement de manière régulière. D’autant plus quand on est ado. »

Un petit truc en plus
13h10. Le temps a vite passé et c’est déjà la fin du match. Une défaite 3-0 pour la France face à l’Ukraine. Un score sévère - et un quatrième revers, en quatre matches - mais le public est resté fidèle à la jeune équipe nationale de volley assis, stimulée par son entraîneur Dominique Duvivier.
Avant la pause déjeuner et le deuxième match, féminin cette fois, qui va débuter 45 minutes plus tard, Lynette et Nathan, deux lycéens sportifs - danse pour l’une, rugby pour l’autre - analysent le temps fort qu’ils viennent de vivre : « On est ravis d’avoir pu admirer la stratégie des joueurs. Ils se sont donnés à fond. Ce sont des athlètes comme les autres, sauf qu’ils ont un petit truc en plus. »
Les adolescents précisent encore. « C’est très stimulant de voir des personnes différentes aller de l’avant, cela peut même donner des ailes. Ce match restera gravé dans nos mémoires ! » Quant au sport, quel qu’il soit, c’est pour eux un loisir essentiel. « On s’amuse, on vit des émotions fortes et les jours où ça va moins bien, l'échappatoire est idéal », concluent-ils souriants.

LE VOLLEY ASSIS, UN SPORT PEU CONNU ET DES RÈGLES SPÉCIFIQUES
- Nécessitant force, rapidité et précision, le volleyball assis - deux équipes de 6 joueurs - est un sport accessible aux sportifs amputés, atteints de sclérose en plaques, de paralysie ou de maladie évolutive.
- Les terrains sont plus petits et les filets posés plus bas. En club, la discipline se joue de manière mixte, valides et personnes atteintes de handicap ensemble.
- Si les règles sont quasi les mêmes qu'au volley-ball traditionnel, les équipiers doivent rester en contact permanent avec le sol lorsqu'ils sont en possession du ballon et il est possible de contrer le service.
- L'équipe de France participait pour la première fois aux Jeux paralympiques dans la discipline en tant que pays hôte.
- Les Iraniens sont les champions du volley assis, avec leur athlète vedette Morteza Mehrzad, homme le plus grand de la planète (2,46 mètres), atteint d'acromégalie.
Pour en savoir plus : http://www.ffvb.org:/
LE MOT DU DIRECTEUR, ARNAUD VAUCLIN
« Au lycée Val-de-Drôme, nous portons au quotidien les valeurs du sport - et du handisport - telles que la force et l’énergie à déployer pour avancer. Pour ce faire, chaque jeune bénéficie de deux voire trois heures de sport par semaine dans le cadre du programme d’enseignement obligatoire, mais peut également profiter de séances supplémentaires sur la pause déjeuner et le mercredi après-midi. Sans compter les partenariats mis en place avec les clubs de foot et de rugby locaux pour ceux qui souhaitent aller plus loin.
Un de nos objectifs pédagogiques essentiels, le travail sur la différence et l’acceptation des autres, nous donne d’accueillir un certain nombre d'élèves à besoin particulier.
Enfin, nous organisons chaque année une semaine dédiée au handisport, avec l'intervention d'associations. Un temps fort qui permet aux élèves s'essayant, à cette occasion, au basket fauteuil ou au cécifoot, de changer leur regard. »
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