Père Marc Whelan
Vie de la fondation
20 juillet 2025, modifié le 29 juillet 2025

Marc Whelan, directeur de la Pastorale d'Apprentis d'Auteuil : "La force, c'est l'écoute et le respect de l'humain"

Né à Dublin, Marc Whelan a fait toute sa scolarité chez les spiritains. L’idée de devenir prêtre germe très tôt en lui, et au lycée, les échanges avec les missionnaires achèvent de le convaincre, lui aussi veut entrer à la congrégation du Saint-Esprit. Délégué général de la Tutelle et à la Pastorale d’Apprentis d’Auteuil, il raconte son parcours jalonné d’expériences et de rencontres passionnantes.  

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Le père Marc Whelan est responsable de la pastorale à la fondation. Il raconte son parcours, de l'Irlande jusqu'à Apprentis d'Auteuil, et sa vie de spiritain dans tous les pays où il a travaillé.

Chaleureux, direct, avec un très léger accent qui laisse deviner une origine d’outre-Manche ou Atlantique... Marc Whelan vient d’Irlande. Né à Dublin en 1962, il a beaucoup voyagé, a endossé diverses responsabilités pour les spiritains, congrégation dans laquelle il est entré il y a maintenant quarante-cinq ans, juste après son bac. Voilà maintenant six ans qu’il est délégué général de la tutelle et à la pastorale d’Apprentis d’Auteuil. Une mission qui renvoie à l’histoire de la fondation, œuvre d’Église, reconnue d’utilité publique. 
Au tournant des années 1960-70, Apprentis d’Auteuil se développe énormément, le travail de protection des jeunes se spécialise. « Il fallait professionnaliser, explique Marc Whelan. La fondation est alors confiée pour la première fois à des laïcs. L’idée de tutelle émerge. Aujourd’hui, comme à cette époque, notre rôle est de d’accompagner la fondation, de la nourrir avec du sens, en référence à nos fondateurs, l’abbé Louis Roussel puis le père Daniel Brottier. Nous essayons aussi de l’interroger : quels sont les appels aujourd’hui ? Si Daniel Brottier était là, qu’entendrait-il ? »

Une vocation missionnaire

Retour sur le parcours de Marc Whelan. L’enfant du milieu – un frère aîné, une petite sœur née 18 mois après lui – grandit à Dublin. Il fait toute sa scolarité chez les spiritains, congrégation très implantée en Irlande. « J’y ai toujours trouvé une grande ouverture, de l’attention aux autres, de la responsabilisation. L’idée de devenir prêtre a germé en moi. Puis j’ai rencontré le responsable des vocations, qui venait de rentrer d’Éthiopie, plein d’énergie et de dynamisme. J’ai découvert la dimension missionnaire. Et je suis entré au noviciat tout de suite après le bac. » 


Après quelques années d’études de philosophie, Marc est envoyé en Gambie pour un premier stage dans le cadre du noviciat. Il devient professeur d’anglais et d’histoire. « Quand je regarde en arrière, l’idée de s’engager à vie, à cet âge-là, se pose, mais reste abstraite. On est plus porté à vivre la vie telle qu’elle se présente, analyse-t-il. Avant de partir en Afrique, j’avais beaucoup de questions. Le déclic s’est vraiment fait là. En Gambie, j’ai été marqué par l’accueil et l’hospitalité. J’ai eu le sentiment d’apporter quelque chose et j’ai beaucoup reçu. »

 

Père Marc Whelan lors du pèlerinage de Lourdes
Père Marc Whelan lors du pèlerinage de Lourdes (c) Philippe Besnard/Apprentis d'Auteuil

Réconcilier les personnes avec leurs origines

Après cette expérience fondatrice, Marc Whelan effectue une année de relecture de son expérience en France et poursuit ses études de théologie dans la langue de Molière. Licence en poche, ordonné prêtre, il débute sa maîtrise sacramentaire à la Catho de Paris qu’il doit suspendre pour partir au Ghana. Il partage son temps entre la paroisse et l’accompagnement de jeunes voulant devenir spiritains : « C’était un moment de transition entre un régime militaire et un régime démocratique. Un temps plein d’espoir, se souvient-il. J’y ai découvert un peuple dynamique, très fier de sa culture, de sa langue, de ses traditions. » 

Le temps de terminer sa maîtrise sacramentelle en France, direction La Réunion, dans l’Océan indien, puis Maurice. Le jeune prêtre est d’abord professeur de philosophie au séminaire, responsable de la formation, jusqu’à devenir recteur du séminaire interdiocésain. Sa connaissance du français et de l’anglais est précieuse pour accompagner les jeunes originaires de différentes communautés - Créoles, Indiens, Malgaches – travailler sur l’interculturel et l’interreligieux entre les chrétiens, les musulmans, les hindous. « Nous accompagnions aussi les jeunes séminaristes dans la recherche de leurs origines. Les Créoles, à La Réunion, sont des descendants d’esclaves. Il y a toujours cette fêlure de l’esclavage qui laisse des traces générationnelles, de la souffrance. D’où l’importance d’apprécier cette culture longtemps occultée, méprisée. » 

Au chevet des victimes de torture

En 2008, Marc Whelan retourne en Irlande. Un véritable tournant. Il se forme à l’analyse lacanienne, et devient psychanalyste afin d’accompagner des demandeurs d’asile victimes de la torture, obligation statutaire de chaque pays de l’Union européenne. Le prêtre et psychanalyste pourrait parler des heures de la thérapie de la parole, de l’écoute, des ponts entre foi et psychanalyse : « La parole, c’est central pour les chrétiens. Pour moi, la force, c’est l’écoute, la véritable écoute qui n’est pas si fréquente que cela, l’écoute de soi et de l’autre, avec un profond respect de la personne humaine et une reconnaissance du manque inscrit en chacun d’entre nous. » 

Son parcours prend un nouveau virage à partir de 2012, date à laquelle il est élu provincial des spiritains d’Irlande. Puis, six ans après, une autre mission lui est proposée, celle de la tutelle spiritaine à Apprentis d’Auteuil. À peine le temps de visiter quelques établissements que vient la crise Covid, les réunions par visioconférence. « J’ai été stupéfié par la capacité de réactivité des équipes, leur générosité, leur adaptabilité, leur professionnalisme. » 
 

Père Marc Whelan lors de la dévolution de tutelle pour la reprise du Lycée professionnel St François d'Assise à Fontenay aux Roses
Père Marc Whelan lors de la dévolution de tutelle pour la reprise du Lycée professionnel St François d'Assise à Fontenay aux Roses (c) Ilan Deutsch/Apprentis d'Auteuil

Marc Whelan sait, par son expérience de prêtre, ce qu’endure la jeunesse en difficulté dans les pays et départements où il a travaillé. Mais celle de France ? « La pauvreté se vit différemment. J’ai découvert la réalité des Maisons d’enfants, une société de l’accompagnement collectif où des jeunes peuvent s’épanouir. J’ai découvert la fondation dans toute sa complexité et sa richesse. » 

Beaucoup de défis restent à relever : poursuivre les missions éducatives, aller vers les périphéries, ce à quoi invitait le pape François, vers ces jeunes et ces familles invisibles, inaudibles, continuer à apporter un accompagnement global, corps, âme, esprit. « Les racines de la fondation puisent dans l’Évangile. C’est la source de l’inspiration et les bases de l’action des pères Louis Roussel et Daniel Brottier. Ils ont osé joindre le geste à la parole, à la suite de Jésus qui a toujours cherché à mettre les gens debout. Une vie de foi, c’est aussi être dans les gestes et l’action, comme le dit Jésus dans Matthieu 25 : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’étais étranger, vous m’avez accueilli. »

 

Bio express 

1962 Naissance à Dublin
1984 Stage missionnaire en Gambie
1986 Année de relecture en France
1991 Missions au Ghana 
1996 La Réunion / Maurice entrecoupée d’une année de formation à la faculté de théologie de Chicago
2008 En Irlande, accompagnement clinique de migrants victimes de torture
2012 Élu provincial d’Irlande (deux mandats)
2019 Délégué général de la Tutelle et à la Pastorale à Apprentis d’Auteuil
2021 Nouvelle orientation pastorale, coconstruite avec la direction de l’animation pastorale.