Sophie Landowski, membre du Comité de direction générale
Vie de la fondation
08 juillet 2025, modifié le 10 juillet 2025

Rapport d’activité 2024 : « Apprentis d'Auteuil, un acteur engagé pour le bien commun »

À l’occasion de la sortie du rapport d’activité 2024 d’Apprentis d’Auteuil, Sophie Landowski, secrétaire générale de la fondation, explique les enjeux et les défis de l’année. 

Quels sont les faits marquants de l’année 2024 pour la fondation ?

L’année 2024 s’est inscrite dans une dynamique de croissance avec +5 % d’activité par rapport à 2023, principalement dans deux secteurs : la protection de l’enfance et l’insertion. Plus de jeunes ont été accueillis et accompagnés dans ces deux domaines. Cela se reflète également dans le budget de la fondation, qui atteint désormais 570 millions d’euros – un niveau jamais atteint jusque-là. Cela témoigne de notre capacité à répondre aux besoins, mais aussi de la confiance renouvelée des Départements et de nos partenaires publics.

Sur le plan financier, que doit-on retenir ?

Nos résultats traduisent un choix assumé : financer à la fois notre activité, mais aussi investir massivement dans notre orientation « écologie intégrale », conformément à notre projet stratégique. Cela se traduit par une consommation de  23 millions d’euros de trésorerie, un choix anticipé et réfléchi. Nous rattrapons un retard sur la rénovation et la mise aux normes de nos bâtiments, en lien avec le décret tertiaire (une obligation règlementaire) : il s’agit de  transformer des bâtiments existants, d’en construire d’autres, d’engager des travaux d’isolation pour faire baisser notre empreinte carbone. Ces travaux bénéficient directement aux jeunes et aux salariés, et permettent d’améliorer la qualité de l’accueil.

Qu’en est-il du résultat net ?

Le résultat net s’élève à -5,8 millions d’euros en 2024. Ce déficit était anticipé et s’explique en grande partie par un événement exceptionnel : nos filiales ultramarines n'ont pas reçu certains financements publics attendus (notamment des fonds européens pour l'insertion). Nous avons donc dû déprécier des prêts que la fondation leur avait consentis et abandonner certaines créances. Mais Apprentis d'Auteuil reste financièrement solide avec 154 millions d’euros de trésorerie en fin d’année. 

Cependant, le contexte économique change :  les financements publics se contractent, en particulier au niveau départemental et sur le champ de l’insertion, avec la fin du Plan d’investissement dans les compétences (PIC). Ce contexte nous oblige à retrouver un équilibre dès 2027. C’est une alerte, nous devons rester vigilants.

Quels sont les défis majeurs pour l’année 2025 ?

Les défis sont d’abord financiers : contraction des financements publics, incertitude sur la fiscalité des dons pour 2026. Le nombre de donateurs a légèrement baissé. Les donateurs sont inquiets, ce qui s’explique par le contexte national et international. 

Mais au-delà de l’aspect financier, le défi principal est de répondre à l’évolution des besoins des jeunes : santé mentale, violences, arrivée de très jeunes enfants placés... Nous constatons une complexité croissante des situations des jeunes que nous accompagnons. Cela nécessite de former davantage nos équipes, d’adapter notre offre et de développer davantage la prévention, par exemple, nos Maisons des familles, mais aussi le secteur de la petite enfance.

Maman de la Maison des familles de Montdidier
Maman de la Maison des familles de Montdidier (c) Raphaël de Bengy/Apprentis d'Auteuil

Quelles sont les solutions pour faire face à la baisse des financements ? 

Nous agissons sur deux fronts : l’optimisation de nos dépenses et la diversification de nos ressources. Sur les ressources, nous explorons des financements alternatifs : coupons partagés, fonds de partage, mécénat d’entreprise, philanthropie... Le potentiel est réel. Nous voulons aussi aller plus loin dans le partenariat avec les entreprises, notamment sur l’insertion. Certaines sont prêtes à financer des formations sur-mesure dans des secteurs en tension (bâtiment, restauration). C’est un levier clé à développer à grande échelle. Nous devons également adapter nos dispositifs à ce que souhaitent financer les Départements en protection de l’enfance : davantage d’accueil de jour, de modalités souples, de familles d’accueil. 

Y a-t-il aussi un enjeu d’efficience ?

Absolument. Nous avons lancé des projets pour optimiser notre fonctionnement : digitalisation de processus, modernisation des outils, simplification des tâches. Objectif : gagner en agilité, réduire les coûts, améliorer la qualité de vie au travail. Cela prend du temps, mais c’est essentiel.

Quel message souhaitez-vous adresser aux donateurs ?

Je voudrais leur adresser un immense merci pour leur fidélité. En 2024, la collecte privée a été globalement stable malgré un contexte difficile. Mais nous avons besoin d’eux plus que jamais. Les jeunes que nous accompagnons sont les premières victimes de la crise. Si les dispositifs censés les aider s’effondrent aussi, c’est une double peine. Nous comptons sur la mobilisation des donateurs. 

Et aux pouvoirs publics ?

Notre action doit être reconnue comme un investissement de long terme. Si l’on ne soutient pas la jeunesse aujourd’hui, ce sont les politiques publiques de demain qui en paieront les conséquences. La fondation est un acteur utile, reconnu d’utilité publique et engagé pour le bien commun.