Vie de la fondation

Journée internationale des droits des femmes : jeunes et adultes mobilisés

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, des jeunes et des adultes d’Apprentis d’Auteuil prennent la parole pour aborder leurs réalités et partager leurs espoirs. Plus battantes que jamais.

Orlane, 18 ans, en formation Industries graphiques au lycée professionnel Saint-Michel (Priziac, 56) , se mobilise pour les droits des femmes. © Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil
Orlane, 18 ans, en formation Industries graphiques au lycée professionnel Saint-Michel (Priziac, 56), se mobilise pour les droits des femmes. © Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

« Le 8 mars, ça me parle carrément ! témoigne Orlane, 18 ans, accueillie au lycée professionnel Saint-Michel à Priziac (56). Les droits des femmes, cela suscite de sacrés débats chez nous. Récemment, nous, les filles, avons organisé une journée « Sortez vos jupes » au lycée : on s’est toutes donné le mot et nous avons sorti les mini jupes le même jour. Et on a noté les remarques que nous récoltions. On entend souvent ce genre de choses quand on est une fille : « Va faire la cuisine ! » ou « Oh de toutes façons, toi, t’es une fille ! » ou « T’as pas froid comme cela ? » Quand on nous fait une remarque, que l’on dit : « T’es relou », les garçons répliquent souvent : « Oh ça va, c’est pas grave ! »

Combattre les discriminations

La Journée internationale des droits des femmes du 8 mars est l’occasion de mettre en lumière de multiples réalités vécues par les femmes au quotidien. Qui vont des remarques sexistes au harcèlement, voire aux violences, en passant par la discrimination. Emmanuelle Wartelle, 27 ans, en formation Skola fibre à Templemars (59), une formation 100% féminine, en témoigne : « Diplômée en couverture-zinguerie depuis 2017, je n’ai pas pu trouver un employeur. Les femmes dans le bâtiment, ça reste compliqué ! » La jeune femme confie son impossibilité à trouver une entreprise du gros œuvre (maçonnerie, couverture…) prête à embaucher une femme. « Je trouve ça injuste, poursuit-elle, car nous avons les mêmes compétences que les hommes. Autre aberration : les différences de salaires pour un même emploi entre femmes et hommes. » Emmanuelle souhaite devenir technicienne fibre optique dans le nord de la France : « Dans ce domaine, je devrais trouver du travail sans problème. »

Encore du chemin à parcourir

(c) Apprentis d'Auteuil
Sophie Maître, professeure de français et d'anglais au lycée professionnel Saint-Michel, entourée d'un groupe de sa classe de terminale bac pro industries graphiques. Le groupe est lauréat du concours de scénarios lancé par l'association Femmes et cinéma. (c) Apprentis d'Auteuil

L’égalité femmes-hommes et la lutte contre les discriminations est un sujet d’éducation à Apprentis d’Auteuil. « Notre ambition est de favoriser le développement de la personne dans toutes ses dimensions – corps, cœur et esprit, explique Eliane Nguyen, cheffe de projet. L’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est au cœur de notre projet éducatif. Car sans lien affectif, aucune fille, aucun garçon ne peut s’épanouir. À nous adultes d’offrir des repères aux jeunes, de faire grandir en eux le sens des responsabilités, de les initier au respect de soi et des autres pour qu’ils puissent faire des choix éclairés. »  
Un travail au quotidien, sur la longueur, pour faire évoluer les regards et grandir le respect réciproque entre filles et garçons. « Certains garçons ont un regard un peu vieux jeu sur les filles, illustre Sophie Maître, professeure de français et d’anglais au lycée professionnel Saint-Michel. Une jupe trop courte est souvent assimilée à une fille facile. D’autres garçons éprouvent un sentiment de propriétaire : « Je ne pourrais jamais laisser sortir ma compagne habillée comme cela. » Ici, les filles sont outrées par ce type de réflexions. Elles tentent de faire comprendre aux garçons que la société évolue, qu’elles sont libres de s’habiller comme elles le veulent. Après, à nous, enseignants et éducateurs, de rappeler aux jeunes qu’il y a des tenues appropriées dans chaque cadre, qu’il soit privé, professionnel ou scolaire. »

Stop au harcèlement de rue !

Anaïs (c) Apprentis d'Auteuil
Anaïs, accueillie à la Maison d'enfants La Valbourdine de Toulon (83) (c) Apprentis d'Auteuil

Très sensible à la question de l’égalité femmes-hommes, la professeure a inscrit sa classe de terminale bac pro industries graphiques à un concours de scénario lancé par l’association Femmes et cinéma sur le thème du harcèlement. Le concours a été remporté par le groupe ayant planché sur le harcèlement de rue, avec des saynètes tirées de son vécu. 
Un sujet qui résonne pour beaucoup de jeunes filles, confrontées à ce type de comportement. « Comme beaucoup de mes amies, je ne suis pas respectée en tant que femme dans la rue, explique Anaïs, 17 ans, lycéenne accueillie à la Maison d’enfants La Valbourdine à Toulon (83). C’est totalement injuste d’être accostée ou même parfois injuriée dans la rue. J’admire les femmes qui prennent la parole sur ces sujets pour sensibiliser le public. Elles aident à faire avancer le débat. Hommes comme femmes, nous sommes tous des êtres humains et nous avons droit au respect. »

Protéger les femmes victimes de violences

(c) Apprentis d'Auteuil
Des femmes victimes de violences et accueillies au Bercail, à Chartres, témoignent de leur parcours de résilience dans le court-métrage Chemin de renaissance, (c) Apprentis d'Auteuil

La journée du 8 mars est aussi l’occasion de rappeler la situation des femmes victimes de violences conjugales. Accueillie au Bercail, la résidence sociale mère-enfant d’Apprentis d’Auteuil à Chartres (28), Jeanne Blaze, 44 ans, témoigne : « J’ai été victime de violences, surtout psychologiques, mais aussi physiques de la part de mon mari alcoolique, avoue-t-elle. Je subissais des brimades, de la dévalorisation… Mon mari exerçait une véritable emprise psychologique sur moi. Ma santé psychologique et physique était devenue très fragile. Je craignais pour ma vie. Après une énième colère, j’ai eu peur et je suis partie par la fenêtre. Je suis allée me réfugier chez des amis qui ont appelé Le Bercail. Ensuite, nous sommes allés chercher mes trois enfants qui étaient restés chez leur papa. »
Au Bercail, Jeanne se reconstruit peu à peu : « Même lorsqu’on est découragée à l’extrême, il existe des endroits comme celui-là où chaque maman peut trouver de l’écoute, un accompagnement psychologique, de la bienveillance et une aide juridique exceptionnelle, détaille-t-elle. Les professionnels peuvent aussi nous accompagner à la police pour porter plainte. » Dans cette droite ligne de la reconstruction, l’établissement a initié un projet de court-métrage sur les violences conjugales et le chemin d’émancipation parcouru par les femmes. Pour inciter d’autres mamans à agir et à ne pas rester dans l’engrenage des violences conjugales, une thérapeute leur a proposé d’écrire leurs histoires. Ainsi est né Chemin de renaissance (1). « Nous avons d’abord participé à un atelier théâtre animé par une professionnelle attentive et encourageante, commente Jeanne. Le jour où le court-métrage a été projeté à la bibliothèque de Chartres, j’ai ressenti une très forte émotion. J’ai eu le sentiment d’être utile. Si cela pouvait aider d’autres femmes, ce serait formidable ! »

(1)    Le projet Chemin de renaissance a été soutenu par la fondation Foujita.