Corentin Larminat, 28 ans : « Je crois beaucoup au destin »

« Sans Apprentis d’Auteuil, je ne sais pas ce que je serais devenu. La fondation m’a sauvé. » D’emblée, le ton est donné. Plus d’une heure durant, Corentin Larmignat, 28 ans, raconte son enfance difficile, ses années passées aux établissements Daniel-Brottier, l’entrée dans la vie professionnelle… Le récit d’une confiance retrouvée peut commencer.

Chaos et cauchemars

Corentin Larmignat naît en 1996 à Nantes. Ses parents se séparent alors qu’il n’est âgé que de quelques mois. L'enfant grandit dans la violence, d’abord seul, puis avec un petit frère et une jeune sœur, auprès d’une mère alcoolique et maltraitante. Des souvenirs douloureux.  «Tout au long de mes journées, j’étais constamment livré à moi-même. Et quand j'étais auprès d'elle, ma mère se moquait constamment de moi. Difficile, dans ces conditions, d’avoir des projets, de croire en soi ou d'étudier. » 

Durant toutes ces années, le père de Corentin tente à plusieurs reprises de récupérer son fils. En vain. En 2010, le collégien part de lui-même alerter la police. Cette fois sera la bonne. 

Suite à une décision de justice, l’adolescent est enfin séparé de celle dont il a fait le deuil et qu’il n’appelle plus désormais que par son prénom. Et part vivre auprès de son père, qui a entretemps refait sa vie, de sa belle-mère et de deux petites sœurs. Une nouvelle existence commence. « J’ai eu un réflexe de survie. Tout ceci aurait pu très mal finir. »

Un havre de paix 

Par l’entremise de son père, qui y a étudié la cuisine, Corentin est admis après la classe de troisième au lycée hôtelier Daniel-Brottier, près de Nantes, pour préparer un bac pro commercialisation et service en restauration. 

Il découvre les joies de la vie en internat, l’esprit de service, la camaraderie. Le sourire et la confiance aussi, grâce à des adultes bienveillants qui comprennent sa situation et lui donnent les repères dont il a manqué plus jeune. 

« Cet accueil inconditionnel, c’était bouleversant ! J’ai rapidement compris que désormais j’allais pouvoir faire quelque chose de ma vie », se rappelle-t-il. Fort d’un goût pour les études retrouvé, l’apprenti se donne à fond dans une formation professionnelle dans laquelle il se distingue rapidement. Jusqu’à devenir major de promotion deux ans durant. 

La joie de servir en salle

« Le service en salle demande d’être patient, courageux et volontaire. Il m’a très vite parlé, souligne Corentin. Aller vers l’autre, observer le ressenti de la clientèle, avoir le sens du détail, négocier, travailler en équipe, tout a pris sens à mes yeux. » 

« Je me souviens d’un adolescent investi et très touchant, raconte de son côté Christine Dantec, professeure de restaurant. Malgré son côté un peu effacé à son arrivée, j’ai vite perçu sa générosité et son envie d’en découdre. »

Sociabilité, persuasion et leadership

Tout au long de ces années, Corentin découvre aussi les compétitions de foot, les sorties culturelles, le plaisir de s’habiller pour servir, les ateliers de prise de parole en public, le sens de l’entraide, les travaux de groupe, les stages à l’étranger… Autant d’expériences et de manières d’être dont il tire une capacité d’adaptation, une sociabilité et des qualités de persuasion et de leadership qui lui servent rapidement. 

Son bac pro en poche en juin 2015, Corentin, passionné de ballon rond, tente l’aventure du football professionnel, histoire de ne rien regretter, jusqu’à ce qu’une nouvelle épreuve le marque : la situation préoccupante de son jeune frère. Un moment de vie à nouveau très difficile. 

« J’ai dû trouver en urgence un travail alimentaire pour m’occuper de lui », explique-t-il sobrement. Le quotidien familial s’améliorant, le jeune serveur reprend le travail dans la restauration en région nantaise, dans lequel il s'investit à fond. « Pour avancer, je me noyais dedans. » 

Le goût des défis

Juin 2019. La soif de nouveauté ne cessant de le poursuivre, Corentin, déterminé, décide de tenter sa chance à Axa sur les conseils d’un ami. Combatif et persuasif, le jeune homme est aussitôt embauché. Emporté par ce nouveau défi, il grimpe rapidement les échelons de la compagnie d’assurances. 

Après un passage dans la gestion d’assurances-vie puis en direction d’agence, il est aujourd’hui responsable de développement commercial d’un réseau de près de 200 agences bancaires Axa en région Sud-Ouest. Un bonheur n’arrivant jamais seul, il a également rencontré il y a quelques mois sa future épouse. 

Croire en son destin

Ses rêves pour les années à venir ? Ouvrir son agence, continuer à honorer son père, son petit frère et sa grand-mère Gisèle, qui lui a appris la cuisine, fonder bientôt une famille... Et profiter de l'instant présent !

« Je crois beaucoup au destin, conclut ce passionné de courses automobiles en karting, de voyages et de randonnées. Il faut savoir donner pour recevoir, tendre la main, écouter sans juger, tirer parti de ses temps de vie difficiles. Quels que soient nos parcours, si on fait du bien aux autres, on est forcément récompensé ! »