
Sophie Galabru : « Profitons de l'instant présent ! »
Dans son troisième essai Nos dernières fois, Défier la nostalgie, Sophie Galabru, philosophe, explore les instants que l’on ne vivra plus. Comme une ode au temps présent et aux renaissances toujours possibles.
Pourquoi avez-vous écrit cet essai sur les dernières fois ?
Un déjeuner festif à la campagne entre amis, une fête organisée dans une maison de famille sur le point d’être vendue, un sportif qui joue son dernier match, un artiste qui donne son dernier spectacle, tous ces événements ont fait écho à ma propre nostalgie, à ma difficulté d’accepter l’irréversible de la vie. Dans ce livre, j’ai voulu aborder le sujet du temps qui passe et des moments uniques car non-réitérables à vivre pleinement.
Quand vous êtes-vous aperçue de ce temps qui passe ?
Enfant, comme tous les enfants ! Durant les premières années, l’emploi du temps d’un enfant est organisé par un adulte. Puis vient un moment où l’enfant prend conscience que rien n’est immuable, que tout peut s’achever, que le temps des humains est limité. Cette découverte se fait plus ou moins tôt, doucement ou cruellement, par la mort d’un proche, la séparation des parents – ce fut mon cas, très jeune.

Comment aider un enfant à vivre ces instants premiers et derniers ?
Enfant ou adulte, nous sommes tous confrontés à un problème : comment rester joyeux et optimiste malgré le temps qui passe ? Le défi d’une vie ! Nous n’avons pas d’autre choix que de nous plonger dans le temps, d’être présent à ce que nous faisons, à ce que nous disons, à ce que nous vivons, et nous en réjouir.
Que dire aux jeunes plongés dans le monde virtuel des réseaux sociaux ou de l’intelligence artificielle ?
Le monde virtuel est fait pour attirer les enfants, les adolescents et les adultes, pour ronger et aspirer le temps. Les adultes doivent intervenir en limitant (idéalement, en évitant) l’usage des écrans par les jeunes avant l’âge de 15 ans. Ils doivent également alimenter des conversations, proposer des activités qui reconnectent au réel, à la nature, au vivant.
Est-ce ainsi que l’on peut défier la nostalgie et retrouver le goût de vivre ?
Pour retrouver le goût de vivre, avec vitalité et légèreté, il ne faut pas avoir peur de regarder son passé, non pas comme quelque chose d’obsolète ou de détruit, mais comme quelque chose qui demeure éternel et qui construit. L’avenir, lui, apporte toujours de nouvelles opportunités d’être heureux. Et, même si on le sait limité par la mort, il est essentiel d’en profiter pour parler, exprimer des regrets, demander des pardons, manifester son amour par une présence, un geste, un Je t’aime.
Nos dernières fois, Défier la nostalgie
Sophie Galabru
Allary Éditions
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