 
  La vie intérieure, c'est...prier
Approfondir sa vie intérieure, c’est peut-être prier, qu’on soit croyant ou non. Cet acte spirituel par lequel une personne élève son âme, fait grandir la paix en son cœur, s’ouvre à autre chose, ou à Dieu, transforme le regard et permet de nouvelles perspectives.
Mélodie, 18 ans, Maison d’enfants L’Annonciation à Clamart (92)
« PRIER ME REND PLUS LIBRE »
« J’ai 18 ans. Il y a trois ans, j’ai perdu ma grand-mère avec laquelle je m’entendais très bien. Sa disparition a été un choc et prier est redevenu essentiel pour moi. Depuis, chaque soir, je m’assois sur mon lit et je parle à Dieu comme à un ami.
Ce soutien m’a aidée à prendre la décision, il y a quelques mois, de quitter ma famille pour aller vivre en foyer. Le temps que je consacre tous les jours à prier m’aide à avancer, et en ce moment compliqué de ma vie, à lâcher prise et à m’abandonner.
Je confie au Seigneur mes peurs, la colère que j’ai en moi suite à ce qui s’est passé dans ma famille et l’inquiétude de ne pas savoir de quoi ma vie sera faite.
Je Lui demande aussi de protéger ceux que j’aime, en particulier mon frère et ma sœur aînés, et de m’aider à faire davantage confiance aux éducateurs. Je Le remercie aussi des cadeaux qu’Il me fait. Prier me rend plus libre. »                 
 
Le regard du père Marc Whelan, 
délégué général de la Tutelle et à la Pastorale d’Apprentis d’Auteuil
 
  « "Dis-moi comment tu pries et je te dirai qui est ton Dieu". Un peu simple comme affirmation et pourtant... Juste avant d’enseigner le Notre Père, Jésus dit quelque chose de surprenant : « Votre père sait ce dont vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez » (Mt 6,8). Alors, à quoi sert la prière ? 
La prière chrétienne n’est pas un système de troc où je demande à Dieu une faveur en retour de quelques dévotions ou prières. Jésus vient casser cette représentation d’un Dieu distant. Dieu est tout proche de nous. C’est un père qui nous aime et qui nous libère. Je sais qu’en priant le Seigneur, il prend soin de moi, il veille sur moi et m’appelle toujours vers la vie
Mélodie, dans son beau témoignage, le dit bien. Elle ne raconte pas à Dieu ses peines, ses difficultés. Elle les confie à Dieu, comme à un ami, y compris sa colère. Dans une relation avec un ami, nous savons qu’il y a des moments où les mots ne sont pas nécessaires. Il suffit tout simplement de passer du temps ensemble, dans le silence, avec le sentiment nous sommes là tous les deux l’un pour l’autre. Pas besoin de paroles.
Le père Brottier, en fidèle disciple du père François Libermann, suivait le conseil de celui-ci qui parlait de la prière « comme une contemplation de silence, de repos et d’attente ». Il ne faut pas compliquer la prière, mais plutôt reconnaître sa simplicité. Ainsi, Mélodie s’assoit sur son lit pour prier. Le père Brottier, lui, priait souvent assis sur un fauteuil, dans la sacristie de la chapelle, au 40 rue La Fontaine, à Paris.
La prière est un don de Dieu. En la pratiquant, on sait que quelque chose se passe en soi. N’est-ce pas le souffle de l’Esprit de Dieu qui nous permet de dire chaque jour : Notre Père... »
« La prière, ce n’est pas parler à Dieu. C’est se taire devant lui. C’est se tenir là, un peu comme une chandelle, sans rien faire d’autre que brûler doucement. C’est attendre, sans même savoir ce qu’on attend.
On croit qu’on est venu demander quelque chose – une paix, une lumière, une réponse – et puis, au bout d’un moment, on comprend que ce n’est pas cela. On comprend que l’essentiel, c’est juste d’être là, avec lui. […]
La prière n’a pas besoin de mots. Elle a besoin de vérité. Elle commence quand on cesse de faire semblant, quand on s’autorise à être pauvre, fatigué, vide. C’est peut-être cela, le plus difficile : accepter d’être devant Dieu sans masque, sans projet, sans volonté même. Juste comme un enfant s’endort dans les bras de son père. »
Frédéric Lenoir, extrait de « La plus que vive  », éditions Gallimard 
Écrivain et poète admiré pour ses textes empreints de spiritualité et de contemplation du quotidien, il est notamment connu pour son livre Le Très-Bas, dans lequel il célèbre la présence du sacré dans la vie ordinaire.
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