Protection de l'enfance

Apprentissage de l'autonomie : le parcours de Laurine en Maison d'enfants

Depuis sept ans, Laurine grandit dans une maison d’enfants spécialisée dans l’accueil de fratries. Petit à petit, elle a gagné en autonomie et envisage son avenir avec sérénité.

Juillet 2011. Au cœur de l’été, une fratrie fait son entrée dans une maison d’enfants d’Apprentis d’Auteuil : une grande fille de 14 ans, son frère de 12 ans, et Laurine, la benjamine, 9 ans. Tous ont été placés suite au décès du papa et à l’hospitalisation de leur maman. C’est le premier placement pour ces enfants qui ont tout d’abord été hébergés en urgence dans une famille d’accueil.

Les gestes de la vie quotidienne

Dans cette petite maison d’enfants très familiale où Laurine est accueillie, les premiers temps sont consacrés à l'apprentissage des gestes de la vie quotidienne. "Elle ne savait pas faire sa toilette seule, se brosser les dents, mettre les vêtements appropriés, se souvient la directrice. Sa maman n’arrivait pas à poser le cadre éducatif, et la grande sœur, jusque-là, avait tenté de suppléer en jouant le rôle d’une maman protectrice. » Pour Laurine, ses frères et sœur, le défi est de retrouver un vie d'enfant ou d'adolescent, de s'individualiser, d'acquérir des habitudes d'hygiène et de soin qui n'ont pas été intégrées dès la prime enfance. « Ce travail a pris des années », se souvient la directrice. Comme son frère, Laurine souffre également de difficultés d’apprentissage, que l’école peine à reconnaître. « Le travail de l’éducatrice de Laurine a été déterminant pour faire reconnaître ces difficultés cognitives, souligne la directrice, Laurine a enfin été admise au collège en SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté). »

Le long chemin vers l'apaisement

Durant toutes ces années, Laurine somatise régulièrement, en montrant, à travers ses maux de tête, de ventre, que ça ne va pas. Les relations avec la maman sont compliquées : souffrant d’une maladie dégénérative, celle-ci ne sait pas comment accueillir ses enfants, n’anticipe pas leur venue, ne fait ni les courses ni le ménage. Elle est de son côté suivie par les services sociaux. L’éducatrice fait le lien pour que l’arrivée de la fratrie soit mieux préparée. Il y a trois ans, à leur majorité, les aînés ont dû quitter la maison d’enfants et sont retournés vivre chez leur mère, la plus grande des filles nourrissant beaucoup d’inquiétudes vis-à-vis d’elle.

En route vers l'autonomie

Laurine, elle, reste à la maison d’enfants. Elle travaille son autonomie dans un studio, à l’écart des groupes de vie, qui permet d’organiser des repas pour que les fratries ou les familles se retrouvent tranquillement.  Laurine aime particulièrement s'y retrouver, faire ses courses, préparer un repas dans la kitchenette. Elle y voit aussi sa famille dans un cadre plus serein pour l’adolescente. A 16 ans et demi, Laurine poursuit sa formation en lycée, elle a opté pour un CAP métiers de la mode qui lui plaît beaucoup. « Nous préparons maintenant la sortie de Laurine : sa majorité aura lieu dans 18 mois. Nous envisageons avec elle l’internat de son lycée, peut-être après, un foyer de jeunes travailleurs. Durant toutes ces années, elle a énormément progressé, grâce aussi au travail des éducateurs et des partenaires autour d’elle. Elle devient une adolescente, se projette, réfléchit à son avenir. Elle est volontaire et pleine de vie. »