Professeur et élèves en classe
Plaidoyer

Proposition #8 : plus d'internats éducatifs et scolaires pour lutter contre le décrochage

Dans près de 40 établissements - écoles, collèges ou lycées - Apprentis d’Auteuil propose un internat dit "éducatif et scolaire". Autrement dit un service qui propose à la fois un hébergement et un accompagnement éducatif aux jeunes scolarisés. Une des mesures phares développées dans le livre blanc de la fondation. Pour permettre à chacun, enfant et parent, de travailler et de grandir en toute sérénité.

Chaque année, en France, près de 100 000 élèves (1) restent sur le bord de la route et quittent le système scolaire sans diplôme ni qualification.
Ce décrochage scolaire est un processus lent et complexe qu’il s’agit de repérer dès que possible. Durant tout le primaire, les élèves "surnagent". En entrant au collège, leurs notes chutent, ils se démotivent, éprouvent de plus en plus de difficultés à s’organiser et à se mettre au travail.  "Avant, je ne me levais plus pour aller en cours. Et quand j’y allai, j’avais la boule au ventre" reconnaissait un jeune lors de la grande concertation organisée durant un an par Apprentis d’Auteuil pour rédiger son livre blanc "Prendre le parti des jeunes" publié le 7 décembre dernier.

Ce risque de décrochage scolaire incite nombre de parents à choisir l’Internat éducatif et scolaire (IES) pour leur enfant. Dans un IES, toutes les conditions sont réunies pour permettre au jeune d’apprendre dans un environnement scolaire et personnel bienveillant, et à ses parents de prendre du recul en cas de difficultés familiales. Les élèves disposent d’un temps d’études quotidien et accompagné, les professeurs et les éducateurs participent, ensemble, aux progrès de chacun et l'encourage à mener une vie quotidienne régulière, avec tout ce qu’elle comporte d’incontournables (repas, rangement, partage des tâches, activités périscolaires…). Et ce, en lien étroit avec les parents. Pour éviter que l’enfant ne décroche, il faut que les parents le mettent ou remettent en confiance. Lui montrent que, eux aussi, souhaitent sa réussite. "Tout commence par les parents", confiaient des pères et mères associés à la rédaction du livre blanc. Même si l’adaptation à l’IES est parfois longue et difficile et la séparation avec la famille lourde à supporter.

Parmi les 20 mesures mises en avant dans son "Petit bouquin d’utilité publique", Apprentis d’Auteuil insiste sur l’importance d’agir non seulement sur le décrochage scolaire mais aussi sur "l’accrochage" des enfants à l’école.

  • La fondation développe les IES pour permettre à chaque jeune de renouer avec les apprentissages, en utilisant notamment des pédagogies alternatives et le croisement des regards entre parents, professeurs, éducateurs, chefs d’entreprise… comme autant de facteurs de réussite.
  • Apprentis d’Auteuil porte également une attention toute particulière sur l’enfant dès son plus jeune âge, sur son rythme d’apprentissage, ses difficultés comme sur ses progrès et ses réussites. En conséquence, la fondation renforce ses structures d’accueil (crèches, jardins d’enfants, "très petite section" d’école maternelle…) dans les zones urbaines et rurales en difficulté.
  • Ce "raccrochage" ou cet "accrochage" scolaire ne peut être mis en œuvre sans la présence et l’implication des parents. D’où le développement des relations entre l’école et la famille via, entre autres, les lieux et les temps d’échanges entre parents, jeunes et professionnels, dans chaque établissement d’Apprentis d’Auteuil.

Des propositions fruits d’expériences et de partages vécus à Apprentis d’Auteuil

Chez les petits de l’IES Saint-Étienne (Saint-Estèphe, 33), les liens IES et école sont nombreux, souligne Emmanuelle Barsot, la directrice : "Les éducateurs interviennent tous les jours en classe, notamment pendant la dernière heure, pour voir où en sont les élèves scolairement, faire le point pour les devoirs qu’ils gèrent lors de l’étude. Ils interviennent également chaque semaine lors du conseil de classe où l’on dresse le bilan de la semaine."

Cet internat, tout comme l’IES Saint-Jean-Eudes (Lisieux, 14) et l’IES Saint-Paul (Saint-Paul-sur-Isère, 73), bénéficie de tablettes numériques, grâce à une opération de mécénat menée par la Fondation Orange de 2013 à 2015. Un outil précieux pour l’aide aux devoirs et les temps récréatifs, dont l’utilisation est supervisée par des éducateurs et des professeurs formés.

À l’IES Daniel Brottier (Bouguenais, 44), l’accent est mis pour les cadets sur la méthodologie. "Il s’agit de leur apprendre à bien travailler, explique Malik Boutouha, chef de service éducatif. Le Parcours personnalisé du jeune (PPJ) - notre outil de référence - nous permet de travailler les objectifs avec le jeune et ses parents. Ils sont régulièrement évalués, en lien avec les pôles scolarité et internat."

À l’IES Vitagliano (Marseille, 13), les parents sont systématiquement invités aux réunions de parents, aux fêtes, aux sorties organisées… "L’enfant se rend alors compte que ses parents s’intéressent à lui, qu’ils s’impliquent dans la vie de l’établissement, explique François-Régis Daboval, directeur. Qu’ils n’agissent plus uniquement lorsqu’ils sont convoqués en raison d’un exercice non fait, d’un zéro, d’une absence. L’enfant reprend confiance en lui, dans ses études, dans la vie. Il grandit."


(1)    Bilan du Plan de lutte contre le décrochage scolaire du Ministère de l’éducation nationale, novembre 2016.