Guillaume Prévost, délégué général VersleHaut : "Le sport n'est pas suffisamment mobilisé comme outil éducatif à l'école"
Alors que la France bat cet été au rythme des Jeux olympiques, le think tank VersLeHaut, dont Apprentis d’Auteuil est un des cofondateurs et partenaires, a publié une étude baptisée Le sport, terrain d’éducation . Elle révèle que le sport est insuffisamment employé comme levier éducatif auprès des enfants et des jeunes et préconise des améliorations. Entretien avec Guillaume Prévost, son délégué général.
Pourquoi le sport est-il selon vous un élément essentiel pour l’équilibre des jeunes ?
Dans une époque de plus en plus technologique, où les jeunes passent énormément de temps derrière les ordinateurs et sur les réseaux sociaux, le sport les éduque à être pleinement entier, à être présent à soi et aux autres.
Il permet de se concentrer sur une tâche et une seule, alors qu’à l’ère du numérique, les jeunes n’y parviennent plus. Le sport nous invite à être pleinement humain. À condition bien sûr de se prémunir des dérives de la performance sportive et de la compétition qui n’ont pas de vertus éducatives, car il ne s’agit pas de créer des petits champions.
De quel constat êtes-vous parti ?
L’étude répond à l’intuition qu’un enfant ne réussit à l’école que s’il est sécurisé affectivement dans son rapport à lui-même, aux autres et à l’avenir. C’est le rôle de l’éducation d’offrir cette sécurisation qui passe d’abord par le corps et donc par l’activité physique et le sport. Il est important de noter que les éducateurs sportifs se considèrent pleinement comme des éducateurs, ce qui n’est pas le cas des enseignants. Au fond, à travers la question du corps, il s’agit de remettre au centre la question éducative, qui n’est pas un à-côté de l’enseignement. C’est au contraire l’enseignement qui constitue une modalité parmi d’autres d’une relation fondamentale à l’enfant. Cette relation fondamentale, c’est l’éducation. Elle passe par le sport.
Malheureusement, la pratique sportive n’est pas suffisamment mobilisée comme outil éducatif à l’école et le sport en dehors de l’école manque d’ambition éducative. Ce double constat plaide pour une réflexion d’ensemble sur l’articulation entre éducation et pratiques sportives.
Quels sont les principaux enseignements de cette étude ?
On remarque notamment que lorsque les enfants sont en difficulté dans leur apprentissage, quand ils sont en perte de confiance en eux, quand les éducateurs sont perdus, c’est à ce moment-là que le sport est mobilisé. Notre société a donc parfaitement admis que le sport est un formidable outil, mais seulement quand l’enfant ou le jeune est en échec. Pourquoi attendre l’échec ? L’école doit mieux considérer les enjeux corporels. Le corps est aussi important dans les apprentissages que le cerveau. Cela signifie qu’il convient de mettre en œuvre une approche à l’école qui soit moins exclusivement centrée sur l’enseignement.
Comment cela peut-il être mis en œuvre ?
La proposition phare de l’étude consiste à faire entrer les éducateurs à l’école et à créer des binômes enseignants-éducateurs. Cela ne nécessite pas forcément d’employer davantage de moyens financiers, mais de mieux les allouer au niveau local. L’étude préconise également de créer une association sportive dans chaque école, comme il en existe au collège et au lycée, et de doubler les horaires d’éducation physique et sportive dans le secondaire. En outre, les collectivités qui le souhaitent devraient pouvoir expérimenter les rythmes alternés, sport le matin et cours l’après-midi, comme cela se pratique dans les pays anglo-saxons.
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