Impact Jeunes Saint-Ouen : l’insertion des jeunes invisibles

Ce matin-là, Jonathan, 20 ans, arrive à Impact Jeunes avec l’ambition de dire tout le bien qu’il pense de ce programme destiné aux jeunes ni en emploi, ni en formation (les NEET). « L’équipe se montre très investie. Du coup, je le suis moi aussi, s’enthousiasme-t-il. Patricia, ma référente, me propose des idées sans pour autant faire à ma place. Mon rêve ? Révéler mes talents d’auteur-compositeur-interprète, de dessinateur, de sculpteur aussi, et travailler avec des personnes bienveillantes et compétentes. »

Aller vers les jeunes oubliés

Comme Liandra, 21 ans, et Mehdi (1), 17 ans, Jonathan a un jour croisé le chemin d’un booster d’Impact Jeunes. Fins observateurs de la vie de trois quartiers prioritaires de Saint-Ouen, les boosters doivent avant tout gagner la confiance des jeunes.

« Les 150 jeunes que nous avons accompagnés depuis l’ouverture d’Impact Jeunes il y a un an sont majoritairement des garçons embarqués dans des trafics, des filles victimes de violence familiale ou de prostitution, mais aussi des jeunes décrocheurs scolaires ou sans réseau qui cherchent un stage, une alternance, précise Johanna Michon, la coordinatrice. L’essentiel est de monter des projets qui les touchent, de mener des actions qui les motivent. Pour cela, nous devons lever les freins liés à leur situation familiale, au logement, à la précarité, etc. En bref, faciliter leurs parcours de vie pour qu’ils trouvent une place dans le monde du travail et dans la société. » Tout cela, en lien avec les acteurs du territoire, pouvoirs publics, associations, entreprises, etc., avec qui ils recherchent les meilleures opportunités et solutions.

Les clés de la réussite

À titre d’exemple, la coordinatrice mentionne les ateliers montés avec des associations locales (2) pour progresser en éloquence, les opportunités de stage et d’emploi offertes par des agences d’intérim et d’insertion, les partenariats construits avec la mission locale, la protection judiciaire de la jeunesse ou l’École de la deuxième chance pour lutter contre le décrochage scolaire... « Ici, je me suis sentie tout de suite à ma place, Patricia m’a mise à l’aise. J’ai appris à m’exprimer et à avoir confiance en moi », souligne Liandra. « Déscolarisé depuis septembre 2022, je suis allé à Impact Jeunes sur les conseils de mon éducatrice, confie Mehdi. Tout de suite, j’ai senti des personnes incroyables, professionnelles. »

Une fois son bac sciences économiques et sociales obtenu, Mehdi se voit ambulancier « pour sauver des gens, leur donner de l’énergie avec de la musique et le rire qui fait guérir ». Jonathan, lui, souhaite trouver un emploi pour s’en sortir financièrement, puis préparer un BTS management commercial « pour aller de l’avant ! » « Notre plus belle réussite ? Les jeunes qui retrouvent confiance en eux et en leurs capacités, conclut Johanna Michon. Ce sont nos meilleurs ambassadeurs auprès d’autres jeunes et dans la société ! »

(1) Les prénoms ont été changés
(2) Toi-même tu parles, Justice deuxième chance