Vie de la fondation

Mobilité des jeunes en insertion : les réponses d'Apprentis d'Auteuil

La mobilité est aujourd’hui un levier incontournable pour l’insertion des 18-30 ans. Vélos, scooters électriques ou auto-écoles sociales : à l’occasion de la Semaine européenne de la mobilité, du 16 au 22 septembre, les équipes d’Apprentis d’Auteuil témoignent et partagent leurs solutions pour les jeunes qui veulent bouger pour mieux s’insérer.

Pour les jeunes, la règle est la même pour tous : sans emploi, pas de logement possible. Mais sans mode de transport adapté, pas de boulot non plus. Or, quel que soit leur parcours, « les jeunes de 18 à 30 ans accompagnés par la fondation sont majoritairement peu ou pas diplômés, explique Virginie Barreteau, directrice du Pôle Formation et Insertion d’Apprentis d’Auteuil pour les Pays-de-la-Loire. Certains souffrent même de difficultés cognitives ou ont du mal à se repérer dans l’espace. » Autant d’obstacles à l’obtention du permis de conduire ou même du BSR, le brevet de sécurité routière, pour les deux-roues. Pour les jeunes mineurs non accompagnés (MNA), la barrière de la langue est encore un obstacle supplémentaire lorsqu’il s’agit d’envisager de passer le code. « Or, sans solution de transport pérenne, les bassins d’emploi restent inaccessibles à ces jeunes, qu’ils soient ruraux ou urbains, alors même que des entreprises seraient prêtes à les accueillir pour les former », se désole Virginie Barreteau.  Pour toutes ces raisons, les équipes d’Apprentis d’Auteuil travaillent à lever les freins à la mobilité sociale autant que physique, à sortir les jeunes de leur quartier pour aller chercher l’information utile pour construire sa propre mobilité, en utilisant les outils numériques à disposition ou en entreprenant des démarches afin de connaître ses droits et les éventuelles aides financières.

Des scooters pour les sortants de l’ASE

Les jeunes de la Touline se déplacent en scooters électriques Photo © iStockPhoto

À Bordeaux, la Touline accompagne les jeunes sortants de l’Aide sociale à l’enfance qui se retrouvent à leur majorité généralement très isolés, sans famille ni bagage scolaire. « Nous sommes un peu le “couteau suisse” de l’insertion », résume Gaël Detrieux, coordinateur du dispositif.  Sa vocation ? Aider les jeunes qui frappent à la porte en cherchant avec eux des solutions de formation, de logement et d’emploi. Donc de mobilité. « Chez nous, un jeune majeur peu ou pas qualifié devra généralement sortir de l’agglomération bordelaise pour trouver le travail là où il est : dans les zones industrielles ou les domaines viticoles. Mais quand vous n’avez ni permis, ni deux-roues motorisé, que le bus ne passe qu’une fois par jour près de chez vous, comment faire ? » interroge Gaël Detrieux.  Réponse : en mettant à disposition des scooters électriques. Une solution parmi d’autres proposées par la Touline en partenariat avec le Département de la Gironde, qui a accordé au dispositif d’insertion une subvention de 20 000 euros pour l’achat de cinq scooters électriques. « C’était une demande portée par les jeunes de disposer de scooters librement répartis entre eux dans le cadre d’un contrat de location de l’ordre de 10 euros par mois, le temps d’économiser suffisamment pour s’acheter leur propre véhicule ou passer le permis, » précise Gaël Detrieux. 

Du vélo à la voiture pour les jeunes travailleurs

Les vélos de la Maison d'enfants Ste Adélaïde de Bourgogne à Dijon Photo © Besnard/Apprentis d’Auteuil

Les problématiques sont les mêmes dans le Pas-de-Calais et le Nord où est implanté le foyer de jeunes travailleurs (FJT) de la résidence sociale Jean-Paul II d’Apprentis d’Auteuil. Ici, qu’ils soient alternants, apprentis, intérimaires, en CDD ou CDI, les jeunes de 18 à 25 ans rencontrent tous des problématiques de déplacement. Peu qualifiés, ils s’orientent naturellement vers des formations courtes et des secteurs qui embauchent largement comme la restauration, l’aide à la personne ou encore la logistique. Revers de la médaille : il faut être en mesure de se déplacer sur site ou bien à domicile, souvent à toute heure du jour et de la nuit… « Or, les jeunes du FJT sont très peu à avoir le permis de conduire. Ils n’ont jamais osé entreprendre la démarche, ou ils se sont découragés en chemin, » explique Macarena Piatkowski, conseillère en économie sociale et familiale au sein de la résidence. Là aussi, les équipes mettent en place toutes sortes de solutions : mise à disposition de vélos pour les déplacements professionnels de proximité, d’un scooter pour les détenteurs du BSR ou obtention d’une subvention pour financer huit permis de conduire pour les jeunes les plus motivés en lien avec une avec auto-école sociale.

Le permis, mais pas que…

Auto-école sociale de Villeurbane Photo © Ilan Deutsch/Apprentis d’Auteuil

Des auto-écoles sociales, Apprentis d’Auteuil en gère deux en région Auvergne-Rhône-Alpes : à Lyon et, tout récemment à Grenoble. Nom de code : Mob’and Go. Leitmotiv : faire de l’accès à la mobilité un tremplin vers l’employabilité. Nadia Ghazzale, directrice adjointe du Pôle Avenir emploi pour la fondation en Auvergne-Rhône-Alpes explique : « Nous accueillons des jeunes dont le projet professionnel est empêché pour des raisons liées à la mobilité. Soit parce qu’ils ont échoué irrémédiablement au permis, soit parce  qu’ils ne peuvent raisonnablement pas le financer, soit encore parce qu’ils éprouvent des difficultés incompatibles avec la méthodologie traditionnelle d’apprentissage du code. » Et d’ajouter : « Nous proposons donc une pédagogie adaptée, à la fois ludique et intensive, pour un parcours d’apprentissage plus long mais sans décrochage, en faisant du permis un prétexte pour appréhender des notions informatiques, de gestion budgétaire… » Résultat : une fois le code obtenu, 60% des jeunes trouvent un stage ou un travail. Comme quoi, il suffit juste de débloquer un peu le frein…