Mayotte, six mois après le passage du cyclone Chido

Quelle est la situation sur l’île six mois après le cyclone ? 

Les dégâts du cyclone sont encore très visibles sur l’île. La reconstruction est très lente. La végétation basse a repris sa place, mais beaucoup de bâtiments ont encore leur toit arraché ou sont recouverts de bâches. L’électricité est revenue mais l’éclairage public ne fonctionne pas dans certains quartiers. Idem pour le réseau Internet. L’eau potable est également coupée tous les deux jours. Les produits frais sont aussi difficiles à trouver sur l’île car l’agriculture locale a été très endommagée par le cyclone.  

Psychologiquement, la situation de la population reste fragile. De nombreuses familles, métropolitaines ou mahoraises, quittent encore le territoire pour aller à la Réunion ou en métropole fatiguées par les nombreuses crises qu’a traversé l’île ces dernières années (insécurité, pénuries d’eau, Chido). Enfin, les écoles primaires n’ont pas retrouvé le fonctionnement qu’elles avaient avant le passage du cyclone. Le système de rotation s’est encore renforcé, limitant le temps d’accueil des élèves à trois heures par jour. De leur côté, les collégiens et les lycéens ne passeront pas d’examens de fin d’année compte tenu du retard accumulé pendant la fermeture des établissements.  

Où en est l’action d’Apprentis d’Auteuil sur place ? 

Deux établissements n’ont pas pu rouvrir leurs portes depuis le passage du cyclone : l’école maternelle et le centre de formation d’Apprentis d’Auteuil car les bâtiments ont été entièrement détruits. Tous les autres établissements (collège-lycée, internat, dispositifs de prévention et protection de l’enfance ; et dispositifs d’accompagnement vers l’insertion) ont pu reprendre leurs activités, certains en "mode dégradé" à l’instar de M’Sayidié, notre centre d’accueil de jour pour enfants non scolarisés. Deux chambres de l’internat sont également toujours fermées car elles nécessitent des travaux. Du côté du lycée, Apprentis d’Auteuil Mayotte vient de recevoir une réponse des assurances pour pouvoir entamer les travaux dans certaines salles de classes qui seront opérationnelles à la prochaine rentrée scolaire.  

Compte-tenu des difficultés rencontrées par la population en grande précarité pour se déplacer, la fondation a déployé un “hub mobile” dans les quartiers les plus défavorisés de Mayotte pour proposer, avec d’autres partenaires (Croix-Rouge, Orange, Terra Psy, Santé Sud…), différentes aides (santé, protection de l’enfance, aide sociale, etc.) en un seul et même endroit.  

Ce « hub mobile » se déploie chaque jour de la semaine dans un quartier difficile d’accès de l’île où l’offre de services publics est inexistante. Les équipe du hub apportent une aide de proximité à la population : protection de l’enfance, remobilisation scolaire, aide sociale, accès aux soins, écoute et soutien psychologique. Depuis le 1er janvier, 8 000 personnes ont été accompagnées par cette structure mobile. 

Enfin, Apprentis d’Auteuil Mayotte souhaite contribuer à répondre au besoin d‘accompagnement psychologique des jeunes, exacerbé par le passage de Chido. La fondation a ainsi créé un partenariat avec Terra psy (psychologues sans frontières), une ONG internationale qui s’est implantée durablement à Mayotte depuis le passage du cyclone. L’objectif étant de former les collaborateurs d’Apprentis d’Auteuil aux premiers secours en santé mentale pour savoir recueillir la parole des jeunes, repérer et orienter ceux en souffrance psycho-sociale. 

Comment la mobilisation des donateurs et des mécènes s’est-elle traduite sur place ? 

La mobilisation des donateurs et des mécènes a permis de soutenir les équipes qui se sont mobilisées dès les premiers jours après le passage du cyclone en organisant des maraudes pour aller à la rencontre des populations sinistrées. Ces maraudes ont permis de recenser les besoins des populations et de créer le « hub mobile » qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année. 

Les dons ont également permis de distribuer différents types d’aides d’urgence aux jeunes et aux familles accompagnées par la fondation : bons d’achats valables pour de l’alimentation, des vêtements ou des chaussures, kits scolaires et d’hygiène, kits pour bébés... Une action très appréciée par les populations qui, pour certaines, avaient tout perdu après le passage du cyclone. Les kits scolaires et les bons pour des vêtements ont favorisé le retour des élèves à l’école. Apprentis d’Auteuil Mayotte a également reçu de nombreux dons en nature (vêtements, chaussures) que les équipes ont pu distribuer localement. 

Après cette première aide d’urgence, les équipes s’attellent maintenant à améliorer durablement l’accueil et l’accompagnement des jeunes dans nos établissements. Au lycée par exemple, un travail est engagé pour améliorer la restauration scolaire afin d’offrir un repas complet à chaque jeune quotidiennement. Ce repas étant souvent le seul repas pour ces jeunes qui habitent, pour la plupart, dans des bidonvilles.  

Enfin, Apprentis d’Auteuil va repenser son offre de formations pour qu’elles correspondent aux besoins en compétences des entreprises sur place. De nouvelles filières dans les secteurs clés pour la reconstruction de Mayotte (bâtiment, électricité)  devraient voir le jour dans les années qui viennent. 

Certains jeunes ont-ils participé à l’aide d’urgence ? 

Alors que les routes étaient à peine déblayées, les jeunes se sont portés volontaires pour venir en aide aux populations. Maraudes dans les quartiers, distribution de repas, déblayage et nettoyage de leurs établissements d’accueil avec les équipes d’Apprentis d’Auteuil : les jeunes ont fait preuve de beaucoup de courage et de résilience. Deux jeunes du service d’accueil de jour Daradja sont même devenus bénévoles pour World Central Kitchen, une ONG américaine qui distribue des repas à la suite de catastrophes naturelles. Dans ce contexte difficile pour tous, les jeunes ont fait preuve d’un engagement solidaire remarquable pour venir en aide aux autres.