Ecole Pier Giorgio Frassati annexe Saint-Cyr – Innovation pédagogique - cours en petit groupe avec une adulte
Education et scolarité
23 septembre 2025, modifié le 24 septembre 2025

Prévenir le décrochage scolaire dès l'école primaire

L'école Pier-Giorgio Frassati à Saint-Cyr-l’école, en région parisienne, accueille des enfants en situation de décrochage scolaire précoce. Grâce à une équipe pluridisciplinaire et à une pédagogie innovante, les élèves reprennent goût aux apprentissages et réintègrent le système scolaire classique.  

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À l’école Pier-Giorgio Frassati à Saint-Cyr-l’école en région parisienne, les enfants qui n'aiment pas l'école ou rencontrent des difficultés scolaires, retrouvent le goût d'apprendre. Grâce à une équipe d'adultes qui les aide et à une autre manière d'apprendre.

En un bond du fauteuil où il est assis, Ydriss, 10 ans, montre des post-it collés sur le mur de félicitations de l’annexe de l’école Pier Giorgio Frassati à Saint-Cyr-l’École (78). Pas peu fier. « Je félicite Ydriss pour son meilleur comportement », a écrit Amina sur le petit carré jaune. « Je félicite Ydriss pour mieux contrôler ses émotions », encourage son autre camarade Deashun... « C’est ma mère qui m’a appris, en janvier 2025, que j’allais dans une école spécialisée où les profs et les éducateurs pourraient m’aider à améliorer mon mauvais comportement, explique Ydriss. Je répondais aux adultes. Je provoquais les enfants. Aujourd’hui, dans cette école, des fois je ne peux pas me contrôler mais parfois j’y arrive. Et je suis le meilleur de ma classe de CM1. »

Décrochage scolaire précoce

Avec ses mots, l’élève résume parfaitement le projet de l’école : accueillir des enfants de 6-12 ans, de grande section, CP, CM1 et CM2 en situation de décrochage scolaire précoce, et leur permettre, en deux ans en moyenne, de retrouver le goût et l’envie d’apprendre, de réintégrer le système scolaire classique ou d’envisager une orientation adaptée. « Ces garçons et ces filles souffrent de retard, de phobie scolaire, souvent de troubles du langage, de l’attention ou du comportement, parfois de carences éducatives ou affectives, manquent d’autonomie ou de persévérance et peinent en conséquence dans leurs apprentissages, précise Maxime Michel, le directeur également enseignant. Avec une équipe composée d’enseignants, d’éducateurs et d’accompagnants d’élèves en situation de handicap, nous pouvons assurer un suivi individualisé de chaque élève en nous appuyant sur une pédagogie innovante pour surmonter ses difficultés. »  

Ecole Pier Giorgio Frassati annexe St.Cyr – Innovations pédagogique - un atelier avec des professeurs. A gauche  Marie Schindler, enseignante
Des classes à effectif réduit pour permettre un suivi individualisé de chaque élève © Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil
Ecole Frassati (site de Saint-Cyr) - la récréation, jeu de cerceaux avec Florine Sire, service civique
Des après-midis consacrés au sport pour valoriser et responsabiliser les élèves © Philippe Besnard/Apprentis d'Auteuil

Répondre aux besoins, valoriser les forces 

Concrètement, dans des classes à effectif réduit de 10 à 15 enfants, dotées de mobilier adapté (chaises ou sièges ballons ergonomiques, casques anti-bruit ambiant...), les élèves se retrouvent le matin en groupes de besoins en français, maths et géométrie à l’école Pier-Giorgio Frassati ou dans leur école d’origine. L’après-midi étant consacré aux sciences et au sport. « Nous suivons scrupuleusement le programme de l’Éducation nationale, ce qui n'empêche pas d'être proches des enfants, confie Aurélie Bais, professeure des écoles. Nous nous adaptons à chaque élève, en fonction de ses besoins et de ses forces. Aussi bien en classe que dans le jeu, nous le mettons en situation d’apprentissage. »

« Pour impliquer plus encore les élèves, nous leur proposons des classes thématiques (foot, cuisine, ferme, théâtre), poursuit Maxime Michel. Pour les valoriser et les responsabiliser davantage, nous avons adopté les ceintures de comportement semblables à celles du judo : à chaque couleur de ceinture, un niveau d’autonomie qui ouvre à des droits et fait la fierté des élèves. » Toujours prêt à intervenir comme ambassadeur de l’école, Ydriss avoue : « J’aime bien les ceintures de comportement. Ça me montre et ça montre aux autres mes progrès et ça me donne des avantages. Avec la ceinture blanche, je peux utiliser la trottinette et aller aux toilettes tout seul pendant la classe. » 

Professeure des écoles, Marie Schindler ne tarit pas d’éloges sur la pédagogie innovante mise en œuvre : « Ici, nous avons la chance de pouvoir tout oser, tout tester en matière d’enseignement et d’éducation, et ce en lien avec les éducateurs qui ont des formations, des expériences, en conséquence des idées différentes. Ensemble, nous envisageons tout ce que nous pouvons créer pour répondre aux besoins de chaque élève et le voir progresser dans ses apprentissages et ses comportements. Maxime Michel, le directeur, nous dit sans cesse : « Vous pouvez tout essayer. Vous avez le droit de vous tromper ». La confiance est absolue. »

Ecole Pier Giorgio Frassati annexe Saint-Cyr – Innovation pédagogique - tableau des ceintures de comportement
Des ceintures de comportement qui ouvrent à des droits et font la fierté des élèves © Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil
Ecole Pier Giorgio Frassati annexe Saint-Cyr – Innovation pédagogique - Roxanne lit  sur un canapé
Des temps personnalisés pour se retrouver. Ici, Roxanne, 11 ans, en pleine lecture © Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

Conseil de classe tous les vendredis

Pour donner du sens à la vie d’élève et de citoyen de chaque enfant, l’école a institué le conseil hebdomadaire de classe. Il réunit le vendredi après-midi des représentants des élèves. Tous peuvent proposer des idées pour améliorer la vie de la classe et de l’école, initier des projets, féliciter des camarades, régler des conflits. « Le vendredi après-midi, j’aime bien me retrouver avec le directeur, les professeurs et les éducateurs pour le conseil de classe, s’enthousiasme Roxanne, 11 ans, en CM2. Je peux poser des questions pour améliorer l’école, je peux féliciter un élève qui a fait des progrès ou lui dire qu’il n’a pas fait une bonne semaine. On vote alors pour les ceintures de comportement. Si un élève a fait une très mauvaise semaine, il peut rétrograder et même perdre sa ceinture. Ce sont les profs qui décident. En fait, c’est une bonne école où tout le monde t’aide et est gentil. »

Afin que chaque élève retrouve le système scolaire classique, armé d’une confiance nouvelle et des compétences que requiert sa classe d’âge, sa famille est étroitement liée à son évolution par un dialogue constant. Aziza Mourhamir, maman de Nabil, 8 ans, se souvient : « Dans son ancienne école, mon fils avait des troubles du comportement. Depuis février dernier, il vient tous les jours à Pier-Giorgio Frassati et respecte davantage les règles. Nabil a retrouvé le goût d’aller à l’école, il court même pour y aller et demande à rester à l’accueil du soir pour y faire ses devoirs. » Une fois par mois, le samedi matin, le kiosque des familles animé par une bénévole réunit mères et pères sur un thème précis (la dépendance aux écrans, la parentalité…) et leur offre l’occasion de se rencontrer.
Au moment dire au revoir, Ydriss pointe du doigt une affiche - « À l’école Frassati, nous sommes tous des super héros. » - en approuvant d’un signe de tête avant de rejoindre ses camarades prêts à disputer un match de football.