Une journée avec Chloé, apprentie coiffeuse au lycée professionnel Saint-Joseph de Blanquefort

À Blanquefort, tout près de Bordeaux, la journée de Chloé se passe sur un même site. Il rassemble l'internat éducatif et scolaire, les salles de classe, le local dédié à l'apprentissage de la coiffure. 
9 h Cours de maths. Surprise en ce début de matinée : un contrôle des connaissances. « Monsieur , c'est une évaluation ? »  « On va dire que c'est un travail de vérification des connaissances », réplique le professeur avec malice. Jacques Malick distribue un test avec des calculs de proportionnalité et de concentration massique, le tout dans l’univers de la coiffure. Tout en planchant sur ce devoir, Chloé lui demande quelques précisions. 
« Je bâtis mes cours en fonction des référentiels métiers pour que derrière chaque cours, il y ait du sens pour les élèves, souligne M. Malick, présent dans l'établissement depuis 10 ans. Chloé se débrouille bien. » Les maths, la physiques et la chimie sont utiles aux élèves en coiffure qui auront à calculer les concentrations de produits à appliquer et, s'ils gèrent une boutique, leur caisse, leurs investissements et leurs achats. Sans oublier la lecture de plans, le calcul des surfaces et des périmètres s'ils montent une boutique. 

10 h 45 Pause avant d’enchaîner sur le cours d’anglais. Chloé est scolarisée depuis un an au lycée Saint-Joseph et hébergée à l’internat éducatif et scolaire attenant. « Je veux faire coiffure depuis toute petite. J'aime bien m'occuper des cheveux des autres, explique-t-elle. J’habite à une heure d’ici en voiture, c’est plus simple d’être à l’internat. Au début, ce n’était pas si facile dans ce lieu inconnu. Mais je me suis adaptée. Les éducs sont gentils et l’ambiance est bonne. »

Durant le cours d'anglais, la professeure s'appuie sur la famille Addams pour réviser le vocabulaire du cercle familial : nom, prénom, fille, fils, sœur, frère, père, mère etc. Elle travaille à la fois la compréhension orale et écrite et l'élocution des élèves, leur donnant la parole très fréquemment. « Les niveaux d'anglais sont très différents dans la classe, remarque-t-elle.  Je m'adapte à chacun. »
Avant de partir déjeuner, Chloé s'octroie une pause dehors avec ses amis. D'un naturel réservé, la jeune fille a noué quelques amitiés dans le lycée et à l'internat. 

14 h Travaux pratiques dans le salon de coiffure du lycée. Chloé pose les bigoudis pour une permanente. Les élèves ont à disposition en début de cursus un trousseau de coiffure et deux têtes à coiffer, l'une de femme, l'autre d'homme. Ils s'exercent ainsi aux différentes techniques sans craindre de se tromper, avant de passer à la coiffure sur de vraies personnes. 
« La permanente, c’est une technique qu’il faut connaître même sil elle est rarement demandée maintenant, reconnaît Nathalie Fouert-Pouret, une des trois professeures de coiffure du lycée. Chloé est très concentrée et sérieuse. » La permanente se fait ici à l'eau, et non avec de vrais produits, pour que les élèves progressent dans cette technique sans gâcher du produit. Tous les lundis, le salon, clair et lumineux, est ouvert au public. Les travaux ont été réalisés il y a quelques années avec le mécénat de la Fondation L'Oréal (Beauty for a better life). Les jeunes peuvent parfaire leurs techniques sur de vraies têtes : le personnel de Saint-Joseph et les habitants du quartier, souvent des habitués.

15 h Chloé s’entraîne à faire des mèches sur une tête d’homme : découpe de bandes d’aluminium, préparation du mélange à la bonne concentration puis pose des bandes et de la couleur, en utilisant la technique du tricotage avec un peigne à queue : « C’est délicat, car on travaille sur un cheveu court », confie Chloé. La jeune fille, très méticuleuse, pose une à une les bandes d'aluminium et la préparation colorante. 
Durant la pause, les élèves en profitent pour réviser certaines notions qui peuvent leur être demandées lors du CAP : qu'est-ce que le follicule pileux, que doit-on faire en cas de psoriasis, de pellicules grasses ? Durant l'examen, ils devront préparer, appliquer une couleur, la rincer et faire un shampooing. Ils auront aussi une épreuve de permanente, une coupe dégradée femme et une coupe d'homme à réaliser. Après le CAP, ils peuvent enchaîner avec un brevet professionnel (BP) ou entrer dans le monde du travail. Les élèves doivent aussi acquérir de sérieuses connaissances en relation clientèle, être à l'écoute du client et rechercher ses besoins. 

17 h 30 Retour à l’internat éducatif et scolaire où Chloé partage une chambre avec Élena. Julie Lafon, l’éducatrice référente de Chloé, échange avec elle sur sa journée : « Nous accompagnons les jeunes dans tous les actes de la vie quotidienne : l'autonomie, l'hygiène, la vie en communauté, le savoir être, le travail scolaire... A 21h45, tout le monde rend son téléphone. Chloé a beaucoup évolué en un an. Timide et réservée, elle s’est ouverte aux autres et a gagné en confiance en elle. Elle a trouvé sa voie et marche très bien au lycée. La réussite lui va bien ! »
Chloé en profite pour discuter avec ses amies, se détendre dans sa chambre. « Nous avons des activités le mercredi - foot, badminton, atelier manuel - pour les décos de Noël par exemple. Sinon, le lundi et le jeudi, on a des réunions, les éducs nous rassemblent et nous disent si quelque chose ne va pas à l'internat, ou si il y a des événements prévus. On a aussi des sorties et des découvertes de métiers. Et le week-end, quand je rentre chez moi, je coiffe mon père ou ma mère ! »
 

Le futur n'est pas encore écrit :  « Je ne sais pas encore si je poursuis après en BP ou si j'entre directement dans le monde du travail, confie Chloé. J'ai déjà fait des stages dans le salon à côté de chez moi. J'aime bien. Je n'ai pas vraiment envie d'ouvrir mon propre salon plus tard. On verra bien par la suite. »