Education et scolarité

Guérir de la phobie scolaire

Adrien, 15 ans, souffre de phobie scolaire. Orienté vers un dispositif d'Apprentis d'Auteuil dédié aux décrocheurs, il parvient petit à petit à retourner au lycée. Récit d'une renaissance.

C’est en novembre 2015 qu’Adrien (1) fait son entrée dans ce dispositif d’Apprentis d’Auteuil qui accueille des adolescents en difficulté scolaire ou en décrochage. Le jeune homme, inscrit en seconde générale, n’a passé au lycée que la première journée de rentrée. Impossible d’y remettre le pied : sueurs, migraine, malaise… Adrien souffre depuis plusieurs années de phobie scolaire.

Des difficultés familiales

« Ce garçon a commencé à décrocher dès sa 5e, explique le responsable du dispositif, également éducateur référent d’Adrien. Le contexte familial était compliqué : les parents s’étaient séparés, Adrien était parti à l’internat, où cela ne s’était pas très bien passé. Il avait très mal vécu la rupture. »
De fil en aiguille, le jeune homme passe de moins en moins de temps en classe. Il fréquente différents établissements, tous ces essais tournant court en raison de sa phobie scolaire. Il passe son année de 3e à la maison.
Devant les difficultés familiales, le juge pour enfants décide d’une ordonnance de placement provisoire. Le garçon est orienté en Maison d’enfants à caractère social et vers le dispositif de remobilisation scolaire d’Apprentis d’Auteuil. Le week-end, il rentre au domicile de sa mère.

De la culture et de l'aisance, mais des lacunes

« Adrien voulait retourner au lycée, mais, physiquement et psychiquement, il ne pouvait pas, poursuit le responsable. Durant le temps d’observation de 15 jours, début de notre prise en charge, il s’est révélé ponctuel, assidu, et moteur pour les autres jeunes. »
Durant ces deux semaines, des ateliers variés évaluent la concentration d’Adrien, son aptitude à persévérer devant la difficulté, à planifier des tâches, son goût pour l’effort physique. L’adolescent se montre persévérant, curieux, très cultivé, respectueux des adultes et de ses camarades. Il s’accroche et respecte les horaires, de 9 h à 16 h. « Il a montré un comportement exemplaire, une grande culture en français, en histoire géographie, mais des lacunes scolaires, en particulier en maths. Et une aisance à l’oral, plus qu’à l’écrit. »
Des objectifs sont mis en place. Le but est qu’Adrien retourne dans son lycée, en y passant au départ une à deux heures par semaine. « Il n’était pas serein, se souvient le responsable. Les craintes revenaient. » L’équipe noue un partenariat étroit avec le lycée d’Adrien. « L’établissement, habitué à accueillir des décrocheurs, a joué pleinement le jeu, en s’appuyant sur les atouts d’Adrien. Il a été remis dans le bain dans une classe à petit effectif. Sa participation à l’oral, où il excellait, a été valorisée. »

Une cohérence de tous les adultes dans l'accompagnement

Au dispositif de remobilisation scolaire, des ateliers individuels et collectifs lui sont proposés : philosophie, théâtre, sport, etc. Adrien accepte le tutorat de jeunes plus en difficulté que lui, se montre responsable. Et n’hésite pas à exprimer ses besoins et ses difficultés.
Toutes les six semaines, les objectifs sont revus. Tous les adultes – éducateurs du dispositif et de la Maison d'enfants à caractère social, enseignants au lycée, et sa maman - se mobilisent en cohérence autour de lui. Progressivement, Adrien passe de plus en plus de temps au lycée. « Il lui a fallu cinq étapes pour y revenir à temps plein, en mai. Avec seulement un petit retour en arrière après les vacances de Noël. Sa maman le soutenait également et nous faisait confiance. »

Épanoui en arts graphiques au lycée

En fin d’année scolaire 2016, la prise en charge se termine. Adrien est prêt. Il s’oriente vers un lycée professionnel en section arts graphiques, découverte lors de portes ouvertes. Aujourd’hui en 1ère, Il s’y épanouit et continue de donner de ses nouvelles aux éducateurs qui l’ont accompagné. (1) Le prénom a été changé