Baromètre de l’éducation Apprentis d’Auteuil 2024. La mobilité, un frein à l’insertion
Apprentis d’Auteuil dévoile la 5e édition de son baromètre annuel consacré à l’éducation. Cette année, l’enquête, réalisée par OpinionWay auprès de 2000 jeunes, est consacrée aux questions de mobilité qui représentent un frein majeur à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes et notamment des plus précaires.
Trois jeunes sur quatre (76%) ont déjà renoncé à un emploi ou à une formation en raison de difficultés de mobilité indiquent les jeunes interrogés pour le baromètre annuel d’Apprentis d’Auteuil consacré cette année à l’impact de la mobilité sur l’insertion sociale et professionnelle des jeunes.
Et les raisons sont multiples : aucune solution de transport n’était compatible avec leurs horaires (61 %), ils n’avaient pas de moyen de transport personnel (56 %) ou le coût des transports était trop élevé en raison du prix de l’essence (54 %) ou de celui des transports en commun (43 %).
Pire, les jeunes « ni en emploi, ni en étude, ni en formation », les fameux NEETS, sont 83 % à avoir renoncé à une opportunité par manque de solution pour s’y rendre. Ce qui renforce encore un peu plus leur exclusion sociale et professionnelle.
Les jeunes cumulent les freins à la mobilité
« Comment envisager une formation ou un emploi quand on n’a aucune solution pour s’y rendre, que les transports en commun sont insuffisants voire inexistants à côté de chez soi, qu’on termine sa journée bien après le passage du dernier bus ou qu’on ne peut pas financer son permis de conduire ? » s’interroge Pascal Borniche, directeur régional Nord-Est d’Apprentis d’Auteuil.
Globalement, les jeunes cumulent les freins à la mobilité. Près d’un tiers (30%) des jeunes interrogés se disent insatisfaits de l’offre de transports en commun sur leur lieu d’habitation et estiment qu’elle n’est pas adaptée à leurs besoins en termes de proximité ou d’horaires.
Les jeunes qui ont le permis de conduire doivent également faire face à des arbitrages douloureux pour le financer. Plus de la moitié d’entre-eux explique avoir dû faire des sacrifices sur leurs dépenses du quotidien (59 %) et travailler tout en faisant leurs études (54 %).
Des freins psychologiques et culturels
Au-delà des questions matérielles et financières, l’insertion des jeunes est aussi entraver par des freins psychologiques et culturels. Dans l’enquête, 52 % des jeunes interrogés expliquent s’être déjà sentis perdus ou déboussolés dans les transports en commun. Et 34 % ne se sentent pas à l’aise dans les transports en commun (pour raison d’insécurité, de promiscuité, de manque de propreté…).
« La mobilité est un frein majeur à l’emploi, souligne Pascal Borniche, directeur régional Nord-Est d’Apprentis d’Auteuil. C’est encore plus vrai pour les jeunes les plus éloignés du monde du travail, qui cumulent souvent les obstacles : précarité économique, isolement géographique ou social, horaires décalés incompatibles avec les transports en commun… Les jeunes que nous accueillons font aussi face à des freins éducatifs et psychologiques très ancrés, et beaucoup plus complexes à lever : peur de quitter sa ville, angoisse d’échouer au permis, phobie des transports collectifs, etc. »
Se déplacer, une compétence qui s'apprend
Pour permettre à chaque jeune de s’insérer rapidement et durablement sur le marché du travail, la fondation développe des solutions personnalisées et adaptées aux problématique des territoires : auto-écoles sociales, prêt de vélos ou de scooters électriques, ateliers pratiques ou accompagnement personnalisé pour lever les freins psychologiques…
« Car se déplacer n’est pas un savoir inné, mais une compétence qui s’apprend !, conclut Pascal Borniche. Nous avons aussi à cœur d’éduquer les jeunes à l’environnement. Nous les sensibilisons à l’écologie et aux mobilités durables, nous leur expliquons comment prendre les transports en commun. Nous pouvons aussi leur prêter des véhicules électriques lorsqu’ils n’ont pas de solutions pour se rendre sur leur lieu de stages ou d’apprentissage. »
Les propositions d'Apprentis d'Auteuil
- Renforcer les aides pour les jeunes les plus précaires
- Lutter contre le non-recours aux droits : rendre les dispositifs d’aides existants plus visibles, grâce à une meilleure communication et un accompagnement renforcé des acteurs de l’insertion
- Renforcer l’éducation aux transports dès le plus jeune âge et jusqu’à l’insertion professionnelle
- Développer – dans le cadre du parcours d’insertion - un accompagnement social personnalisé et adapté à chaque jeune, ses besoins, ses enjeux et son territoire
- Développer les transports en commun : développer des réseaux de transport fiables, sécurisés, avec une couverture élargie et des fréquences accrues, pour faciliter la mobilité des jeunes dans tous les territoires.
Méthodologie de l’enquête
Sondage OpinionWay pour Apprentis d’Auteuil sur la mobilité des jeunes par rapport à l’insertion professionnelle et sociale réalisé du 22 juin au 7 juillet 2024 auprès d’un échantillon de 2 001 jeunes âgés de 18 à 25 ans. L’échantillon a été constitué
selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de statut d’activité et de région de résidence, tant au niveau national que régional.
Les précédents baromètres de l'éducation Apprentis d'Auteuil
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