Education et scolarité

A Apprentis d'Auteuil, un collège où apprendre et s'épanouir

Les années collège représentent une étape délicate dans le parcours d’un jeune. Sa personnalité se transforme, s’affermit. Son rapport aux adultes et aux apprentissages est questionné, voire bousculé, parfois jusqu’au décrochage scolaire. À Apprentis d’Auteuil, le collège est pensé pour répondre aux besoins de chaque élève, afin qu’il se réconcilie avec le cadre scolaire, tout en déployant ses talents. Illustrations.

Á APPRENTIS D'AUTEUIL 21 collèges
14 collèges dotés d'un internat éducatif et scolaire
2400 collègiens

Tous les ans, en France, 98 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme. Un chiffre en baisse ces dernières années, mais qui reste trop important, car l’absence de diplôme a un impact durable sur l’avenir. Un à quatre ans après leur sortie du système scolaire, près de 50 % de ces jeunes sont au chômage, (INSEE, 2017).  Le phénomène n’est pas nouveau. À Apprentis d’Auteuil, le risque lié au décrochage scolaire est analysé de longue date et combattu chaque jour dans les établissements scolaires.

Les années collège, un passage délicat

Au collège Saint-Jean (81) (c) Besnard/ Apprentis d'Auteuil
Les professeurs et éducateurs accompagnent chaque élève individuellement. Ici au collège Saint-Jean (81) (c) Besnard/ Apprentis d'Auteuil

Christine Rossignol, en charge de ces questions à la fondation, explique : « Pour de nombreux jeunes, l’âge collège est particulièrement compliqué, en raison de difficultés d’apprentissage, de démobilisation, voire de déscolarisation. Ça l’est d’autant plus quand ces difficultés s’accompagnent d’une culture familiale éloignée de l’école et de ses codes sociaux. Répondre aux besoins des jeunes, c’est d’abord croire en leurs capacités de réussir, ce qui suppose que jeunes et adultes ne se sentent pas mis à part. » Au fil des ans, des expérimentations ont eu lieu pour remotiver ces jeunes, confrontés très tôt à l’échec et qui ont perdu le goût de l’école et des apprentissages. Elles s’accompagnent d’une réflexion sur le cadre et l’environnement, sur l’accompagnement éducatif, le lien avec les parents et les partenaires locaux, sur la pédagogie et les leviers pour renouer avec la confiance.

Un collège bienveillant

Au collège Marcel Callo (Nogent-sur-Oise, 60), l’accent est mis sur le suivi personnalisé de l’élève. « Les effectifs en classe dépassent rarement 20 élèves, explique Manuel Marseille, le directeur, ce qui permet d’effectuer correctement ce suivi. Nous voulons que les élèves soient heureux à l’école. C’est indispensable pour nouer une bonne relation avec eux et favoriser un climat d’apprentissage. Beaucoup nous arrivent avec un parcours scolaire assez négatif. »
Ce souci d’une école bienveillante est partagé par tous les établissements d’Apprentis d’Auteuil. Le collège ressources Saint-Jacques (Fournes-en-Weppes, 59) accueille lui aussi des jeunes pour la plupart en difficulté scolaire, dans des classes à petit effectif. Corinne Valle-Fernandez, la directrice, détaille : « Nous travaillons en priorité sur tout ce qui a pu bloquer les apprentissages, sur le développement de l’estime de soi, et les fondamentaux, maths et français. Le jeune est partie prenante de la démarche. Tous les lundis, il se fixe un ou des objectifs pour la semaine, scolaires et éducatifs. En fin de semaine, il fait un bilan avec un adulte, qui complète le livret d’accompagnement sur la participation, la concentration, le bavardage… Ce livret fait le lien avec la famille, qui elle aussi, peut mettre un commentaire. » Cette alliance entre éducateurs, professeurs, jeune et famille, crée un climat de confiance qui permet à l’élève d’avancer, de dépasser les anciens blocages. 

La richesse des regards croisés

(c) Besnard/Apprentis d'Auteuil
Travail en petit groupe, accompagné par une enseignante au collège Marcel Callo (60) (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Au collège de Nogent-sur-Oise, des éducateurs de vie scolaire prennent en charge les jeunes avant le début des cours, à leur arrivée, pendant les récréations, le repas de midi et les études. Ils gèrent les conflits, créent un environnement serein aident aussi les professeurs dans la journée si besoin et font l’interface avec les familles. Ils apportent la richesse de leur regard, complémentaire de celui du corps enseignant. Shaïma, 15 ans, élève de 3ème : « Quand on a des soucis, on peut leur en parler. En classe, ils peuvent nous aider. Les professeurs aussi expliquent bien, quand on ne comprend pas, ils répètent. Et ils m’aident pour l’orientation. Je ferai bientôt un stage de secrétaire dentiste. »
Autre point essentiel dans ce collège comme à Saint-Jacques : le coenseignement une à deux heures par semaine en français et en maths pour chaque classe. Un professeur fait cours, tandis qu’un autre vient en appui auprès des élèves, vérifie qu’ils ont bien compris et aident ceux qui en ont besoin. « Cela permet d’organiser deux ou trois niveaux en différenciant la pédagogie », poursuit Manuel Marseille.

Lutter contre le décrochage scolaire

(c) Michel Le Moine/Apprentis d'Auteuil
Au collège et à l'IES Saint-Jacques (59), chaque jeune est partie prenante de la démarche et se fixe des objectifs. (c) Michel Le Moine/Apprentis d'Auteuil

Enfin, le collège Marcel Callo a mis en place un dispositif de remobilisation scolaire pour les élèves les plus en difficulté. En petit groupe de huit, durant une période ponctuelle (souvent, entre deux périodes de vacances scolaires), un point particulier est travaillé avec un enseignant spécialisé et des éducateurs. « Les jeunes sont apaisés et arrivent à trouver une voie d’orientation. Ils apprécient ce dispositif. » Le collège Nouvelle Chance au Mans, lui, s’est spécialisé dans l’accueil de ces jeunes, dont certains ont été déscolarisés plusieurs mois. À la clé, un an pour reprendre pied et trouver une orientation, une pédagogie par projet et des objectifs définis ensemble, jeune, famille et adultes.

Eduquer et former : deux volets, une même mission

(c)Besnard/Apprentis d'Auteuil
Heureux en internat éducatif et scolaire Saint-Jean (81) (c)Besnard/Apprentis d'Auteuil

14 des 21 collèges d’Apprentis d’Auteuil sont dotés d’un internat éducatif et scolaire, un réel avantage qui permet aux élèves en difficulté de retrouver le plaisir d’apprendre, et aux parents, de souffler, loin des conflits liés aux résultats de leur enfant. « L’atout du collège, confirme Cécile Ansselin, directrice du collège Saint-Jean (Saint-Sulpice, 81) est de disposer d’un binôme enseignant-éducateur qui assure le suivi des élèves du collège à l’internat. »
Hors du cocon familial, les jeunes découvrent la vie en collectivité, d’autres jeunes venus de tous les horizons, avec qui partager, discuter, débattre, se confronter parfois. Une petite société riche d’enseignement. Le collège Saint-Jean dispose aussi d’animations variées après les cours : «  Trois fois par semaine, nous avons des activités le soir après l’étude, explique Ambre, 15 ans, en 3e. Moi, je fais du chant, du flamenco et du manga. Les activités en club me permettent de décompresser. Au niveau scolaire, j’ai de bons résultats, le temps d’étude quotidien permet de travailler régulièrement et d’avoir de l’aide si on ne comprend pas. À la maison, je ne pourrais pas y arriver de la même manière. Je suis ici depuis la 6e. Au début, j’ai eu très peur de ne pas avoir d’amis, et finalement, l’internat est devenu ma 2e maison. »

Grandir en autonomie

(c) Besnard/Apprentis d'Auteuil
Atelier flamenco au collège Saint-Jean (81) (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Le collège Saint-Paul (Saint-Paul-sur-Isère, 73) et son internat éducatif séduisent de nombreuses familles. « Ici, explique Guillaume Soulié, le directeur, les enfants rééquilibrent leur emploi du temps, entourés par les éducateurs : études, hygiène quotidienne, tâches partagées, sport, pratique artistique… La formule fonctionne à condition que le jeune y adhère. Un projet est signé par chaque élève à son arrivée. Il développe ainsi son autonomie et les tensions s’apaisent. Ce qui fait de l’IES un véritable levier de lutte contre l’échec scolaire. »
Tous les jours, les jeunes sont en atelier à la carte, choisis selon les besoins (devoirs, soutien scolaire, temps libre, activités). Originalité de l’établissement, la section Jeunes sapeurs-pompiers et sa formation tout au long de l’année scolaire, avec, en fin de parcours, le brevet national de jeune sapeur-pompier. Une activité qui ouvre à la citoyenneté et au sens de la responsabilité.

Vers le collège des réussites

(c) JP Pouteau/Apprentis d'Auteuil
Au collège Saint-Paul (73), l'usage de tableaux numériques mobilise les élèves. (c) JP Pouteau/Apprentis d'Auteuil

L’ambition d’Apprentis d’Auteuil est d’avoir aidé chacun, au terme de ses années collège, à révéler son potentiel et ses talents. Et ceci, grâce à des pratiques innovantes : l’usage de tablettes numériques, des stages de découverte des métiers, de multiples activités artistiques ou sportives, des dispositifs dédiés aux décrocheurs…
« À Saint-Paul, nous veillons à mettre en place des choix éducatifs adaptés aux difficultés d’apprentissage de chacun, pour qu’ils maîtrisent les compétences de base en fin de collège, résume le directeur. Nous réfléchissons aussi beaucoup à l’orientation des jeunes après la 3e. Nous les préparons et veillons à aboutir au choix d’une formation choisie par le jeune et dans laquelle ses chances de réussite sont réelles. »
Clément, 17 ans, il y a deux ans en 3e au collège Saint-Paul, en témoigne : « J’ai réussi toutes mes épreuves avec succès et je suis fier, donc, forcément, je me retourne vers vous car rien de tout cela n’aurait été possible sans Apprentis d’Auteuil. Je n’étais pas l’élève parfait. Mais vous avez réussi à me faire changer, vous m’avez mis face à la réalité et m’avez fait comprendre beaucoup de choses. »
Le collège des réussites, tel qu’Apprentis d’Auteuil le souhaite ? « C’est un collège qui fait du bien-être des jeunes une priorité, avec des enseignants dont la pédagogie est adaptée aux jeunes en difficulté d’apprentissage, résume Cécile Ansselin. Il doit donner l’envie d’apprendre, et doit aussi apprendre à vivre avec soi-même et les autres. Parents, enseignants, éducateurs, nous devons mettre en avant la réussite des jeunes dans leur globalité. On ne peut réussir qu’ensemble. »