Accompagnement des parents
05 janvier 2015

Émotions des enfants : comment les accompagner ?

Il n’est pas toujours facile d'apprendre aux enfants à gérer leurs émotions. Lorsque nous les accueillons, nous gagnons du temps à court terme pour apaiser leurs tensions et à long terme pour établir une relation de confiance avec eux. Points de repère. Par Agnès Perrot.

Afficher le résumé facile à lire et à comprendre
Accueillir les sentiments de nos enfants, cela s’apprend. Lorsque nous adoptons la bonne attitude, nos enfants ont la sensation d’être entendus, ils se sentent en sécurité, la communication peut s’installer.

Une émotion, c'est quoi ?

un enfant en colère
Un enfant en colère

Selon Isabelle Filliozat, psychothérapeute, chantre de la parentalité positive, les émotions – colère, tristesse, peur, joie, etc. – découlent d’une réaction saine qui se déroule en trois phases : charge, tension et décharge, phase la plus visible. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions, elles ont toutes leur utilité.

Les pleurs soulagent quand on est triste. Crier, trembler ou se mettre en colère sont des réactions de protection. Se retenir engendre la douleur : quand la décharge reste impossible, la tension demeure. La personne peut alors exploser sur d’autres ou face à de situations de moindre importance. Ce qu’on appelle une réaction parasite.

C’est une véritable souffrance pour les enfants que d’être submergés d’émotions douloureuses. Et leurs cris et leurs pleurs ne sont qu’un des moyens en leur possession pour tenter de se calmer et d'évacuer leur stress. Nous ne devrions pas tant chercher à les calmer qu'à nous positionner à leurs côtés pour les aider à évacuer leur colère le plus sainement possible...

Colères et peurs 

Réaction saine et normale, la colère doit être respectée et entendue : garante du respect de soi, elle est nécessaire pour défendre son territoire. On peut inviter l’enfant en colère à respirer lentement et profondément en regardant vers le haut ou à taper sur un coussin. Et si besoin, lui proposer un espace d’intimité, sans mise à l’écart. Les peurs ont leur raison d’être.

Comment faire ? 

Montrez l’exemple en identifiant vous-même vos émotions : dites lui que vous êtes de mauvaise humeur ou déçu. N'hésitez pas non plus à passer votre votre bras autour de lui en lui expliquant que vous comprenez sa réaction à la situation. 

Lorsqu’il se sera calmé, verbalisez avec lui son ressenti : "Ton frère t’a enlevé ton jouet et tu n’as pas aimé ça ?" Bref, avant tout, faire savoir à l’enfant que ses réactions émotionnelles sont normales et l’aider à mettre des mots sur son ressenti. Plus l’enfant est petit, moins il possède de mots pour exprimer ce qu’il ressent.

Un enfant en colère ne réagit pas violemment pour nous ennuyer, même si parfois nous en avons l’impression. C'est le seul moyen qu’il a à sa disposition pour juguler ses émotions. Il a besoin d’être entendu, soutenu et surtout non jugé et condamné par l'adulte pour son attitude. 

Quand un enfant se sent écouté et compris, son coeur s’ouvre. Quand un adulte écoute les émotions d’un enfant, une relation de confiance se crée et l’enfant s’apaise. Par ailleurs, un enfant dont les émotions sont accueillies développe une bonne estime de lui-même parce qu’il sent qu’il a le droit d’être qui il est, de ressentir ce qu’il ressent et de se fier à son intuition.

Quand un adulte se relie à ce que l’enfant vit, ce dernier voit son besoin d’empathie nourri et peut s’apaiser. Les émotions et comportements des enfants sont alors abordés avec curiosité car ils racontent quelque chose et sont comme des fenêtres sur le monde intérieur de l’enfant.

 Rôle de l'adulte

La présence rassurante d’un adulte un minimum informé et armé permet à l'enfant d’identifier ce qui se passe en lui et de s’en libérer. Respecter les émotions des enfants et accompagner, si elles viennent, leurs larmes, sans tenter de les arrêter, c’est leur épargner bien des difficultés dans la vie. Ainsi, ils pourront grandir émotionnellement autant qu’intellectuellement et physiquement.  

Il faut auparavant avoir un minimum apprivoisé ses propres émotions. Ce qui n'est pas inné et constitue un réel entraînement. Apprivoiser ses émotions, c'est aussi accepter de les vivre pleinement...

Le développement des capacité émotionnelles favorise l'acquisition de nouvelles compétences sociales. L'éducation émotionnelle peut et doit se faire à tous les âges pour que chacun retrouve son pouvoir d'agir. 

En quoi est-ce difficile ?  

Les émotions des enfants nous remuent, nous insécurisent, ou menacent notre sentiment d’être un bon parent. Alors que nous savons qu’elles ont un sens et une intention. En tant qu’adulte, avoir pris conscience de la réalité des manques et des blessures relationnelles de notre enfance nous permet de mieux accompagner les plus jeunes.

Il faut savoir que plus l’enfant est jeune, plus il a besoin de son parent pour élaborer ses pensées et l’accompagner dans ses cheminements. En grandissant, il intériorise ces capacité et devient de plus en plus autonome psychiquement, capable d’analyse et d’opinions propres. Ainsi le parent sécurisant est une base sur laquelle l’enfant puis l’adolescent, voire le jeune adulte, s’appuie pour explorer le monde intérieur et extérieur. 

Ainsi, lorsque nous reconnaissons nos premiers signes de colère face à celles de nos enfants, nous pouvons nous interroger pour savoir quel est notre besoin non comblé et prendre ainsi les dispositions nécessaires pour y remédier ou pour les prévenir à l’avenir.

En même temps, ayons à l'esprit que l’écoute respectueuse des émotions de nos enfants n’implique pas automatiquement la satisfaction de toutes leurs demandes. Désirs et besoins ne sont pas à mettre sur le même plan. La frustration est nécessaire. Le rappel des règles de la vie en société aide aussi nos enfants à grandir.

À LIRE

  • Au cœur des émotions de l’enfant et Il me cherche
    Isabelle Filliozat, éd. JC Lattès
  • Émotions mode d’emploi
    Christel Petitcollin, éd. Jouvence
  • L’intelligence émotionnelle
    Daniel Goleman, éd. J’ai Lu
  • Apprivoiser ses émotions pour mieux accueillir celles des autres
    Aurélie Allain, éd. Chronique Sociale