Vie de la fondation
07 janvier 2022, modifié le 24 octobre 2024

Véronique Fayet rejoint le conseil d'administration d'Apprentis d'Auteuil

Engagée dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, Véronique Fayet rejoint le conseil d’administration d’Apprentis d’Auteuil avec l’envie de tout inventer avec les jeunes et les familles. Paroles d’une femme pour qui « l’amitié sociale » est essentielle.

En chemin avec Apprentis d’Auteuil

Par amitié pour Nicolas Truelle, directeur général d’Apprentis d’Auteuil et pour Jean-Marc Sauvé, président du conseil d’administration, pour la fondation en général, j’ai rejoint le conseil d’administration en décembre 2021, avec le désir d’apporter ma petite pierre à l’édifice. Même si j’ai déjà réfléchi et travaillé avec la fondation dans la création de Maisons des familles voulues conjointement par Apprentis d’Auteuil et le Secours catholique dont j’ai assumé la présidence de 2014 à 2021. J’ai tout à découvrir de la fondation, de son fonctionnement, de sa culture. En premier lieu, je veux me mettre à son écoute, cheminer avec elle. Pour tout inventer avec les jeunes et les familles

Rencontre avec l’abbé Pierre

Je me souviens de ma première rencontre avec l’abbé Pierre. J’avais 12-13 ans. Il était venu raconter sa vie dans mon collège dirigé par les Ursulines à Mulhouse. À son premier compagnon qui voulait se suicider, il avait dit : « Tu es malheureux, je n’ai rien à te donner mais, si tu veux, j’ai besoin de toi ». Cette phrase m’a poursuivie toute ma vie. Chacun de nous a quelque chose à apporter.

Leçons de vie en Afghanistan

Avec ma maîtrise en sciences économiques, je suis partie avec mon mari pour l’Afghanistan en 1975. Mais, à 20 ans, nous ne savions rien faire. Et surtout, les Afghans certes pauvres mais extrêmement dignes et solidaires, n’avaient pas besoin de nous. Nous partions pour donner, en réalité nous avons beaucoup reçu. Nous avons appris qu’avant d’envisager quoique ce soit, il fallait écouter, connaître et respecter l’autre

Alliée d’ATD Quart Monde

En rentrant en France, j’ai découvert la pauvreté par des amis engagés à ADT Quart Monde. Le père Joseph Wresinski, le fondateur, voulait détruire les causes de la misère. Il avait le talent de faire comprendre à chacun qu’il ou elle pouvait devenir allié(e) des pauvres. Je me suis engagée à ADT Quart Monde quand mon mari et moi sommes arrivés à Bordeaux en 1980. 

La question sociale et son ghetto

Une élue proche de Jacques Chaban-Delmas, alors maire de Bordeaux, a souhaité que je rejoigne l’équipe en 1989 pour lui succéder en 1995. Chargée de l’action sociale et de la lutte contre l’exclusion comme adjointe d’Alain Juppé, le nouveau maire, puis chargée de la politique de l’habitat comme vice-présidente de la Communauté urbaine de Bordeaux, j’ai vécu vingt-cinq années passionnantes.
Ma plus belle réussite ? Sortir la question sociale de son ghetto. Elle ne devait plus être seulement portée par l’élu en charge du social. Nous devions tous nous impliquer. Nous étions tous responsables d’une partie du problème.
Fin 2013, alors que j’avais décidé de quitter la vie politique, j’ai reçu un appel du Secours catholique : il cherchait un président. Je n’avais aucune bonne raison de me défiler. Par leur intelligence, leur courage, leur humanité, les personnes qui vivent la pauvreté et l’exclusion m’ont nourrie, ont tracé tout mon chemin de vie.

Il n’est pas de hasard

En relisant ma vie, je m’aperçois que les rencontres m’ont changée. Pour moi, le doigt de Dieu est présent partout. Il y a quarante ans, mon mari et moi rencontrions Dédé et Bernadette. D’une famille de 14 enfants du Nord de la France, Dédé avait été placé, avec 4 frères et sœurs, aux Orphelins d’Auteuil (ancien nom d’Apprentis d’Auteuil, ndlr). Là, il avait appris le métier de jardinier dont il était très fier. Dédé et Bernadette, aujourd’hui décédés, nous ont apporté des trésors d’humanité.
Quand on vit une rencontre comme l’écrit le pape François dans sa lettre encyclique Fratelli tutti sur la fraternité et l’amitié sociale, on a envie de transformer la société pour que les enfants d’aujourd’hui, adultes de demain ne soient pas confrontés aux mêmes difficultés familiales et sociales.

Pourquoi est-il important qu’Apprentis d’Auteuil porte un plaidoyer ? 

Pour transformer la société, il n’y a pas d’autre solution que d’entrer dans le champ politique en portant un plaidoyer. Ceci pour changer les lois et les structures sociales mal faites qui ne font que reproduire la pauvreté.  

Avec son plaidoyer, Apprentis d’Auteuil permet aux décideurs - candidats à l’élection présidentielle mais aussi députés, maires, chefs d’entreprise, etc. – d’entendre un message fort sur les jeunes et les familles en difficulté. Plus que tout, la fondation les invite à la rencontre. Pour que chacun se rende compte que ces filles, ces garçons, ces parents ne sont pas que des "cas sociaux".  

Quand on vit une rencontre - une "amitié sociale" selon le pape François dans son encyclique Fratelli tutti - que l’on est pris aux tripes par l’humanité, le courage, l’intelligence des personnes qui vivent l’exclusion, on se dit qu’il faut que cela change. On ne peut plus se contenter de mettre des pansements sur une jambe de bois. On a envie de transformer la société pour que les enfants d’aujourd’hui, adultes de demain, ne soient pas confrontés aux mêmes difficultés de logement, santé, emploi, précarité, etc. On entre dans une fraternité avec ces jeunes et ces familles. On n’accepte plus leurs conditions de vie… pas plus qu’on les accepterait pour nous-mêmes, nos enfants ou nos petits-enfants.  

Dates-clés de Véronique Fayet

  • 1980 : Engagement à ATD Quart Monde comme alliée des pauvres
  • 1989-2014 : Chargée de l’action sociale et de la lutte contre l’exclusion à la mairie de Bordeaux puis chargée de la politique de l’habitat comme vice-présidente de la Communauté urbaine de Bordeaux 
  • 2014-2021 : Présidence nationale du Secours catholique
  • 2021 : Nouveau membre du conseil d'administration d'Apprentis d'Auteuil