Soeur Sylvie Ngoy Wa Ndjibu
Vie de la fondation
15 juillet 2024

Sœur Sylvie, en mission auprès des jeunes

« Simplicité, accueil et joie ». À l’image de la devise de sa congrégation, sœur Sylvie, c’est une douce présence, une écoute, un sens aigu du service. Depuis maintenant 17 ans, cette sœur originaire de la République démocratique du Congo accompagne les jeunes de trois établissements d’Apprentis d’Auteuil en région parisienne, et les aide à cheminer. 

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Un portrait de sœur Sylvie qui accompagne les jeunes de trois établissements d'Apprentis d'Auteuil en région parisienne, et leur offre écoute et réconfort.

Un après-midi, à la Maison d’enfants L’Annonciation à Clamart, en région parisienne. Le soleil joue à cache-cache. Profitant d’un rayon bienvenu, un goûter s’improvise dans le grand jardin à l’arrière de la maison. Autour de sœur Sylvie et de Juan, animateur pastoral, deux éducatrices et Nourhene, une jeune de 18 ans. Les autres jeunes filles ne sont pas encore rentrées de cours ou restent dans leur chambre. « Il faut de la patience pour les faire descendre, souffle sœur Sylvie. Tous les jeudis, nous organisons un goûter pasto. Nous jouons, nous échangeons. Dernièrement, une jeune fille a posé cette question « Pourquoi l’homme est l’homme ? » Désarçonnant, non ? »

Soeur Sylvie Ngoy Wa Ndjibu à la MECS L'Annonciation de Clamart
Sœur Sylvie accompagne les jeunes filles de la Maison d'enfants L'Annonciation de Clamart. Par l'écoute, le jeu, le dialogue, elle leur offre soutien et empathie. (c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

Sœur Sylvie propose un jeu autour de la thématique pastorale de l’année « Choisir d’aimer », l’occasion de mieux se connaître. Chacun à son tour pioche un petit papier : Quel est ton meilleur souvenir ? Qu’est-ce que tu aimes en toi, Quel est ton voyage préféré... Nourhene affirme : « Moi, je n’ai pas de meilleur souvenir ». Une discussion animée s’ensuit. Des rires, des confidences. 

Une enfance au sein d’une famille engagée

Plus tard, dans l’appartement qu’elle partage avec deux autres sœurs de sa communauté, Le Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie, sur le site historique d’Apprentis d’Auteuil à Paris, sœur Sylvie revient sur sa mission auprès des jeunes de trois établissements en région parisienne – Saint-Philippe, à Meudon, Coup de pouce, à Fontenay-aux-Roses, L’Annonciation, à Clamart : « Il s’agit d’écouter les jeunes, de cheminer avec eux. Une mission riche et belle, mais difficile. Cela me demande de prier beaucoup pour les aider, car moi, je ne peux pas tout faire. C’est savoir accueillir, être disponible, les rejoindre là où ils sont. On se comprend en discutant, en partageant, des ponts se créent. »

Il est loin le temps de l’enfance, passée en République démocratique du Congo, à Kabongo, au nord du pays, dans le district du Haut-Lomami. Sylvie nait dans une famille très engagée dans l’Église, deuxième enfant d’une fratrie de onze. Son père est animateur (l’équivalent d’un diacre), sa mère est en charge de l’éducation des femmes aux soins et à la nutrition des enfants. La famille vit dans le centre spirituel dirigé par son père. « Les aînés que nous étions ont eu tôt des responsabilités auprès des plus jeunes de la fratrie. Mes parents voyageaient beaucoup dans le pays. Ils avaient une ferme. C’était une façon de me préparer à accompagner les jeunes sœurs qui viennent après moi. »

Une vocation précoce

Sa vocation nait lors des cours de catéchisme, vers 12 ans, lorsqu’elle comprend ce que signifie la fécondité spirituelle des religieux et religieuses. Admirative des carmélites de Saint-Joseph, la congrégation toute proche, elle est active au sein du mouvement de jeunesse Kizito-Anuarite, tourné vers les pauvres. « Tout cela a nourri ma vocation et m’a aidée à franchir les étapes. Mes parents m’ont dit qu’ils m’accompagneraient, quel que soit mon choix. Le reste de la famille a été bouleversé, car c’est assez inhabituel que la fille aînée ne se marie pas. » Sylvie chemine à son rythme, prend conseil auprès des carmélites et choisit, parmi toutes les congrégations féminines, les deux qui lui plaisent le plus, dont Le Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie. « Je les trouvais vraiment simples, ouvertes, joyeuses. Elles s’occupaient d’orphelins, et cela m’a plu. La vocation de notre congrégation, présente aussi en Italie et en Belgique, c’est l’abnégation, d’aller vers les plus pauvres. » 

Soeur Sylvie Ngoy Wa Ndjibu
Sœur Sylvie réside avec les autres sœurs de sa communauté sur le site historique d'Apprentis d'Auteuil à Paris. (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Des missions variées auprès des populations 

Première mission de la jeune sœur, la responsabilité des jeunes de la paroisse de Manono, puis l’enseignement auprès d’enfants de 8 ans. En 1998, la guerre éclate, forçant la communauté à rejoindre Lubumbashi, puis la province de Kolwezi. Sa mission de sœur Sylvie est alors d’aller chercher les jeunes filles déscolarisées des villages éloignés des centres urbains pour leur proposer d’apprendre à lire, écrire, compter, faire des travaux d’aiguille (couture, tricot). « Nous avons installé ce centre de formation et invité les parents à voir ce que nous faisions, ils ont aimé. Au final, nous avions les filles le matin, puis les mamans l’après-midi, qui avaient demandé à bénéficier elles aussi de cours d’alphabétisation. »

En 2011, troisième mission à Mufunga, auprès de religieuses belges âgées, dont il fallait préparer le retour en Belgique et le remplacement, en parallèle de la création d’une boutique de biens de première nécessité. « J’ai été chargée de la jeunesse et du lancement de cette boutique de produits de base pour la population : nourriture, vêtements, fournitures scolaires, produits d’hygiène et médicaments. »

Un appel en France

Elle prononce ses vœux perpétuels en 2004, après six ans de profession, puis part en 2005 dans le village de Katéa où elle doit rouvrir une communauté de sœurs. La supérieure de la congrégation l’appelle pour une autre mission, en France, auprès d’Apprentis d’Auteuil, à la demande des Spiritains... « Il s’agissait d’assurer une présence dans les établissements, d’être comme des mères auprès des jeunes en difficulté. Je n’imaginais pas les problèmes de la jeunesse en France, que des jeunes pouvaient souffrir comme chez nous. Je pensais qu’il y avait l’essentiel pour eux. Je me suis dit que j’allais essayer. Nous sommes parties en mars 2007, sœur Cécile, sœur Françoise et moi. »

Les débuts sont difficiles pour sœur Sylvie, dans le froid et l’indifférence ressentis très vivement. Ici, pas de réponse aux bonjours qu’elle lance. Peu de sourires. Le métro. La nourriture. Le climat. Tout est différent. Elle s’interroge alors : « Est-ce que je saurai faire ce travail ? J’ai douté. Je m’étais donné une année. Nous étions déracinées de tout. À un moment, nous nous sommes habitués des deux côtés. Nous avons été très soutenues par les pères spiritains, dont le père Loos qui nous appelait en fin de journée pour savoir comment ça s’était passé. »

Soeur Sylvie Ngoy Wa Ndjibu
La prière est au cœur de la vie de la communauté de sœur Sylvie. (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Aujourd’hui, sœur Sylvie tisse des liens avec patience avec les adolescents et adolescentes de Saint-Philippe et de L’Annonciation, s’occupe des petits de Coup de pouce, un dispositif d’urgence. Elle répond à toutes les questions : Pourquoi on t’appelle sœur ? Pourquoi es-tu religieuse ? Pourquoi n’es-tu pas mariée ? « Je leurs réponds que je suis la sœur de tout le monde dans le Christ. Que j’ai choisi d’être religieuse pour être au service de Dieu à travers eux. »

Parmi les grands bonheurs de sœur Sylvie, les témoignages des jeunes qu’elle croise bien après, au hasard des rues ou des transports. « Une jeune fille rencontrée récemment m’a dit « Vous m’avez aidée à vivre. » Cela donne de la joie, confie-t-elle. Nous ne sommes jamais sûres de ce que nous apportons. Qui suis-je pour les jeunes qui viennent ? Que voient-ils en moi ? Nous cheminons, prenons le temps de les écouter. Ils m’apportent aussi beaucoup. L’impact de la rencontre se fait des deux côtés. »

Repères

1970 Naissance à Kabongo (RDC)
1994 Postulat 
1996 Prise d’habit – puis noviciat (2 ans), première mission à Manono
1998 Vœux pour trois ans (pauvreté, chasteté, obéissance) – la guerre éclate
1999 Mission vers Kolwezi
2001 Mission à Mufunga
2004 vœux perpétuels
2005 Mission à Katéa
2007 Mission en France auprès d’Apprentis d’Auteuil

Repères

La congrégation Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie de Kongolo a été fondée par Monseigneur Émile Callewaert, missionnaire belge de la congrégation du Saint Esprit, le 19 mars 1922. Elle est présente en République démocratique du Congo, en France, en Belgique et en Italie. Sœur Sylvie est la référente de sa communauté pour l’Europe. Elle fait également partie du conseil de tutelle au sein d’Apprentis d’Auteuil. "Depuis 2005, des communautés religieuses vivent sur des sites d'Apprentis d'Auteuil, explique le père Marc Whelan, délégué général de la tutelle et à la pastorale. Elles œuvrent auprès des jeunes, des familles, des bénévoles. Elles ont à cœur la mission de les porter dans leur prière quotidienne et par leur présence gratuite et accueillante. Elles rendent aussi de multiples services au sein de la communauté éducative."