Portrait de Patrick Launois, ancien de la fondation
Vie de la fondation

Patrick Launois, heureux malgré tout

Abandonné à sa naissance, Patrick Launois a été confié à une famille d’accueil avant d’être placé à Apprentis d’Auteuil où il découvert la cuisine. À 50 ans, il mène aujourd’hui plusieurs activités de front et a réussi à se créer un cocon familial malgré les vicissitudes de la vie.

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Patrick Launois est un ancien enfant aidé par la fondation. Il a connu beaucoup de difficultés dans son enfance. Il a été accueilli à la fondation où il a découvert la cuisine. Aujourd'hui, il a plusieurs métiers et a trouvé son bonheur.

La vie de Patrick Launois commence mal. En 1972, né de père inconnu, il est abandonné par sa mère et confié à une pouponnière dès les premiers jours de sa vie. Pris en charge par les services sociaux, le jeune enfant est placé dans une famille d’accueil qui vit entre la France et l’Italie. Lui est soudeur. Elle, femme au foyer. La famille obtient l’autorisation de déménager en Sicile à condition que le petit Patrick aille à l’école bilingue pour continuer à apprendre le français. « C’était le paradis sur terre, raconte Patrick Launois, des étoiles dans les yeux. Je me souviens encore des odeurs, des paysages, de la mer... Les dimanches, avec les cousins, les oncles, les tantes, on était vingt à table ! J’étais devenu Sicilien ! » La vie suit son cours sous le soleil doré de l’Italie. 

Portrait de Patrick Launois, ancien de la fondation
Patrick Launois est aujourd'hui coach sportif. (c) Vincent Gambardella/Apprentis d'Auteuil

Le choc de la séparation

L’année de ses 13 ans, tout bascule. Le père de famille perd son emploi et la famille d’accueil est contrainte de revenir en région parisienne, la mort dans l’âme. Les services sociaux veulent s’assurer que tout se passe bien pour le jeune Patrick. Mais au cours d’un entretien, l’adolescent lâche : « En Sicile, personne ne m’aime ! » Il veut montrer son mécontentement face à ce qu’il vit comme une injustice. « J’ai dit ça bêtement, sans réfléchir. C’était une provocation d’ado que j’ai amèrement regrettée ensuite. » L’Aide sociale à l’enfance le retire de la famille d’accueil et le place à la Maison d’enfants Saint-Pie-X d'Apprentis d’Auteuil.

C’est dans ce contexte que l’adolescent arrive à Domont (95) en septembre 1985. « Ça été un choc, se souvient-il. Je n’avais jamais vécu en collectivité et je me demandais bien où j’avais mis les pieds. Les jeunes venaient de tous les milieux. Certains étaient en échec scolaire, d’autres avaient des problèmes familiaux. Il fallait avoir du caractère pour ne pas se faire marcher dessus », dit-il.

L’adolescent suit sa scolarité tant bien que mal. En 4e, il est orienté vers une classe préprofessionnelle de niveau (CPPN) (1). Il s’essaye à la menuiserie. « Mais ce n’était pas pour moi. Les chaises que je faisais n’étaient jamais droites. » À la faveur d’un atelier à la cantine de l’établissement, il découvre la cuisine. « J’épluchais les pommes de terre pour les frites le mercredi. J’y allais aussi le week-end. Et petit à petit, je me suis découvert une passion. »

En 1989, il est orienté à l’école hôtelière du lycée Daniel-Brottier, situé près de Nantes. Il hésite encore entre le service en salle et la cuisine. « Je n’arrivais pas aller voir les clients pour prendre une commande. Je bégayais, j’avais du mal à écrire. Le chef m’a dit : « Essaye plutôt la cuisine ! » Grâce à un concours de cuisine interne où il se classe dans les premiers, le jeune Patrick prend confiance en lui. « J’apprenais plein de choses. Je me sentais enfin dans mon élément. » En 1991, il obtient son CAP grâce à de bonnes notes en pratique et « malgré un 2 en maths ».

Ma vie n’a pas été facile, mais je m’en suis sorti.
Patrick Launois, ancien d'Apprentis d'Auteuil

L’armée ou la rue

Entretemps, le jeune Patrick est devenu majeur. Sa prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance s’arrête. « J’ai dû apprendre à me débrouiller tout seul. J’avais le choix entre l’armée ou la rue. » Il choisit l’armée et s’engage dans les fusiliers marins. « J’y ai passé de très belles années. J’y ai trouvé une famille, un esprit d’équipe. » Il apprend à protéger des points sensibles, à exfiltrer des personnes en danger et part même pour des missions secrètes à l’étranger. Mais la vie sous les drapeaux est difficilement conciliable avec la vie de famille. Il revient à la vie civile et travaille un temps dans les restaurants d’altitude, puis sur la Côte d’Azur.

Début 2000, nouveau changement de cap. Patrick Launois devient pompier volontaire, puis décroche un poste d’agent de sécurité incendie dans un centre commercial à Monaco. En 2006, il devient papa d’une petite Eva. Mais, en 2014 le couple se sépare. Nouvelle rupture familiale. « Malgré plusieurs années de procédure, je ne peux plus voir ma fille. Les ponts sont coupés », explique-t-il avec émotion. Avant d’ajouter : « J’ai décidé de regarder devant. Je vis avec une nouvelle compagne qui est la femme de ma vie ! »

Hyperactif, il jongle avec plusieurs métiers : agent de sécurité, entrepreneur - il a créé sa société de livraison -, formateur en secourisme et coach sportif. « J’ai des semaines chargées, mais je suis heureux. Ma vie n’a pas été facile, mais je m’en suis sorti. J’ai réussi à recréer le cocon familial que je n’avais plus. » Son rêve ? Retourner vivre en Sicile quand l’heure de la retraite aura sonné : « Là où il fait beau toute l’année et où j’ai passé mes plus belles années. »

(1) classes accueillant de 1972 à 1991 des jeunes de 4e et de 3e en échec scolaire

BIO EXPRESS

  • 1972 Naissance
  • 1985 Placé à la MECS Saint-Pie X
  • 1991 Obtient son CAP cuisine
  • 2000 Devient agent de sécurité incendie
  • 2006 Naissance de sa fille Eva