Vie de la fondation

Comment parler de l’actualité aux enfants ?

Suite aux événements survenus à Nice ce 14 juillet, nous republions un article de conseils pour aborder avec des enfants ce sujet d'actualité particulièrement douloureux. Merci à Marie Rose Moro et à François Dufour pour leur contribution. Auteur : Félix Lavaux Crédit photo : Fotolia

1-Que dire ?

Lorsqu’un événement particulièrement dramatique comme celui de Nice survient dans l’actualité, difficile pour les enfants d’y échapper car il nourrit la conversation des adultes qui les entourent. Et parce que les plus jeunes risquent de toute façon de l’apprendre par la télévision (dont il vaut mieux les préserver d'ailleurs) ou par les discussions avec leurs copains. Le mieux pour les parents est donc de dire avec des mots simples ce qui s’est passé, en étant factuel (qui ? où ? quand ?) sans entrer dans les détails, mais sans occulter la réalité non plus. « Ne pas parler d’un attentat ou d’un événement dramatique risque a contrario d’augmenter l’inquiétude des enfants et de leur faire croire que les adultes sont en difficulté », prévient la pédopsychiatre Marie Rose Moro, qui a reçu de nombreux enfants après les attentats du 13 novembre à Paris. 

2-Donner la parole

« Il faut être clair, ne pas mentir, ne pas peindre la réalité en rose », conseille de son côté François Dufour, rédacteur en chef et cofondateur des éditions Playbac, spécialisées dans la presse pour enfants (Le Petit Quotidien, Mon Quotidien, L’Actu). Il est préférable ensuite de donner la parole aux enfants et d’essayer répondre aux questions qu’ils se posent. 

3-Adapter son message

Pour communiquer sur un événement violent, il est indispensable d’adapter son message à l’âge des enfants. Car on ne s’adresse pas de la même manière à des enfants de 3, 6 ou 12 ans. « Pour parler "enfant", il faut se mettre dans leur peau et éviter les mots utilisés par les adultes du type "les autorités" », souligne François Dufour. Avec les adolescents, il est possible de parler des questions de fond en entamant par exemple la conversation par ce qu’ils ont vu sur Internet et les réseaux sociaux. « Le plus important est d’être authentique, préconisait Winnicott, le pédopsychiatre qui a beaucoup accompagné d’enfants pendant et après la Seconde Guerre mondiale », rappelle Marie Rose Moro.

4-Rassurer

Cette première phase d’explication passée, les enfants ont ensuite besoin d’être rassurés. Et d’entendre que les adultes sont là pour les protéger. Lors d’un attentat, il est possible de dire par exemple que la police et l’armée sont mobilisées. Et que les secours sont sur place et s’occupent des victimes. Dans ces moments difficiles, les rituels ont aussi leur importance : enfants et parents peuvent se réunir pour dire un mot ou une prière pour les croyants. Déposer une bougie sur les lieux d’un drame permettra aux enfants de ne plus être seulement spectateurs, mais de témoigner concrètement de la compassion et de l’empathie aux victimes.

5-S’aider de la presse pour enfants

Il n’est pas toujours aisé pour les adultes de répondre aux enfants, notamment à la question inévitable du « pourquoi ? ». Aidez-vous de la presse spécialisée pour enfants ou de hors-séries proposés par les journaux cf. ci-dessous.

À LIRE

  • Le Petit Quotidien pour les 6-9 ans ou Mon Quotidien pour les 10-14 ans : quotidiens pour enfants édités par Playbac.
  • Okapi bimensuel pour les 10-15 ans édité par Bayard Presse.
  • Le P’ti Libé mensuel pour les 7-12 ans édité par le journal Libération. Le dernier numéro est consacré à l'attentat de Nice.
  • La Violence envers les enfants, approche transculturelle de Marie Rose Moro Éd. Fabert