Célina Sizabuire, responsable de vie scolaire au lycée Saint-Philippe
Vie de la fondation

Célina Sizabuire, responsable de la vie scolaire à Apprentis d'Auteuil : "Chaque jour, mon métier fait sens".

Orpheline à l’âge de 14 ans, Célina Sizabuire se découvre à l’adolescence une vocation pour les métiers du social. D’abord assistante d’éducation, elle devient éducatrice scolaire puis responsable de la vie scolaire au campus éducatif et écologique Saint-Philippe de Meudon.

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Célina Sizabuire est responsable de la vie scolaire à Apprentis d'Auteuil. Elle est chargée de veiller sur les élèves. En cas de problème, elle cherche en à comprendre les causes. Elle est en lien avec les adultes du collège, et les parents des jeunes. Célina est passionnée par son métier.

« J’ai perdu mon père lorsque j’avais 7 ans et ma mère lorsque j’en avais 14. Suite au décès de ma mère, ma sœur aînée, qui avait 22 ans à l’époque, est devenue ma tutrice et m’a élevée », confie Célina Sizabuire, lumineuse jeune femme de 38 ans, qui a intégré la fondation en 2014 en tant qu’éducatrice scolaire au campus éducatif et écologique Saint-Philippe de Meudon, dans les Hauts-de-Seine.
C’est en voyant sa sœur se lancer dans des démarches pour obtenir sa garde qu’elle s’oriente vers les métiers du social, suivant aussi en cela l’exemple d’une belle-sœur assistante sociale. « Avec la perte de mes parents, j’ai pris conscience à l’adolescence du besoin d’accompagnement et de prise en charge de l’enfant dans sa globalité, au-delà du simple cadre familial. Moi qui n’avais pas de très bonnes notes, je me suis alors davantage intéressée à ma scolarité. L’école est un lieu où l’on acquiert des connaissances et où l’on apprend aussi à grandir, à vivre ensemble en société avec des différences sociales et culturelles, et à nouer des liens pour l’avenir. »

Célina Sizabuire, responsable de vie scolaire au lycée Saint-Philippe, discute avec un collègue
Célina Sizabuire, responsable de vie scolaire au campus écologique et éducatif Saint-Philippe, est en lien permanent avec ses collègues (c) Ilan Deutsch/Apprentis d'Auteuil

Le sentiment d'être utile

Après son bac, Célina renonce finalement à son souhait de devenir assistante sociale : « Je n’étais pas certaine d’être capable de me confronter à des jeunes en difficulté. J’avais à peine dix-huit ans. » Elle s’inscrit en licence de sciences de l’éducation et finance ses études en étant assistante d’éducation à temps partiel dans un lycée à Clamart. « C’est à ce moment-là que tout bascule. Le projet qui me tenait le plus à cœur alors était de devenir mère, en écho à mon histoire familiale. À 20 ans, j’ai eu mon premier enfant. » La jeune maman arrête ses études et travaille à temps plein pour gagner sa vie. Huit ans et deux autres enfants plus tard, Célina décroche, en 2014, un poste d’éducatrice scolaire au lycée professionnel Saint-Philippe, à Meudon. Sa mission ? Accompagner les élèves dans leur scolarité. « C’était exactement ce que je recherchais. Je me suis tout de suite sentie bien dans cet environnement et utile auprès de ces jeunes qui ont peu de goût pour la scolarité et un parcours de vie fragile », souligne la jeune femme.

Célina Sizabuire, responsable de vie scolaire au lycée Saint-Philippe, vérifie les carnets des élèves
Célina Sizabuire vérifie les carnets de correspondance de chaque élève avant leur entrée en classe (c) Ilan Deutsch/Apprentis d'Auteuil

Travailler en équipe

Elle gravit les échelons pour devenir, en 2016, responsable de la vie scolaire au lycée professionnel, puis au collège. Une responsabilité pour laquelle elle s’est formée et a décroché un diplôme afin, dit-elle, « de me sentir légitime ». La jeune femme reconnaît qu’elle possède la capacité de toujours se remettre en question tout autant que l’appétence naturelle pour apprendre. « Au sein d’Apprentis d’Auteuil, les formations proposées sont nombreuses. C’est génial. »

En binôme avec la directrice adjointe du collège, Célina encadre quatre éducateurs scolaires et accompagne avec eux 92 élèves, surtout des garçons, dans six classes à effectif réduit. Elle fait le lien entre les enseignants, les familles et les partenaires sociaux et apprécie particulièrement ce travail en équipe. « Il s’agit, par exemple, en cas d’exclusion de classe d’un élève, d’essayer de comprendre ce qui s’est passé. Ou pourquoi cet élève est toujours absent ou en retard ? Pourquoi celui-ci ne fait pas ses devoirs ? Pourquoi cet autre a un conflit avec un enseignant ? Ça nécessite de connaître la situation du jeune, notamment au sein de sa famille. » Son objectif ? Que les élèves, dont elle connaît parcours et situations familiales, se sentent bien et soient en réussite scolaire. Elle leur apprend à se connaître, à avoir confiance en eux et à vivre avec leurs différences. Après sa scolarité, il n’est pas rare qu’un jeune revienne lui rendre visite pour lui dire combien il se sentait bien dans l’établissement : « J’ai toujours un lien avec certains d’entre eux, même après plusieurs années », confie-t-elle. Et d’ajouter : « J’adore mon travail ! Chaque jour mon métier fait sens. Il me permet de réhabiliter l’enfant non scolaire que j’étais. »

Aider, accompagner, faire grandir

En retour, elle apprécie la confiance et le respect que lui témoignent les élèves. « L’autorité, ce sont eux qui nous l’accordent. Elle se gagne avec la confiance », analyse Célina, qui s’attache à s’adapter à la singularité de chacun. Elle a fait siennes les valeurs de la fondation dont elle loue l’humanité : « Aider, accompagner dans la bienveillance, faire grandir ». Elle sait aussi reconnaître ses limites : « Ce n’est pas simple tous les jours. C’est fatigant. Il faut accepter par exemple de ne pas y arriver avec un élève, de ne pas être la bonne personne pour lui. Il faut alors savoir passer le relais. »  Après ses journées de travail, Célina se ressource auprès de ses enfants et de son mari. « J’ai la chance que mes enfants aient bien réussi à l’école », conclut cette éternelle optimiste.

Par Laure Naimski