Après les résultats aux élections européennes, gardons le cap de l'ouverture à tous !

Aux jeunes d’Apprentis d’Auteuil

A leurs parents

Aux adultes qui, à titre professionnel ou bénévole, contribuent aux activités de la fondation

A ses donateurs et sympathisants

Chers amis,

Depuis les élections européennes et la décision du Président de la République de dissoudre l’Assemblée Nationale, nous vivons des temps de confusion, d’exaspération des divisions et d’inquiétude. Une large part de notre actualité collective semble nourrir une sorte de climat de surchauffe : pour les uns, en fonction de leurs options politiques, de l’espoir ; pour les autres, de la colère, parfois de l’angoisse ; mais pour tous, une grande incertitude, qui vient alourdir une barque déjà bien chargée par la crise écologique, les difficultés sociales, les tragédies israélo-palestiniennes ou la guerre en Ukraine…

C’est pourquoi nous souhaitons vous adresser ces quelques mots, au nom de la direction générale et de la tutelle spiritaine et de sa mission au sein de la fondation, en cette année du centenaire de l’engagement de la congrégation du Saint-Esprit à Apprentis d’Auteuil.

Nous n’avons pas à vous dire ce que vous devez penser, encore moins à vous donner de consigne de vote. Apprentis d’Auteuil n’est pas un parti politique et n’a pas à se positionner sur l’échiquier récemment renversé de notre société française. En revanche, très simplement, mais de tout cœur, nous voudrions vous inviter – nous inviter, tous ensemble, à essayer de prendre un peu de recul.

Pas plus que vous, nous ne savons de quoi demain sera fait. Mais nous avons la ferme volonté et la certitude absolue que nous maintiendrons notre cap commun, et c’est bien cette conviction qui fonde notre espérance.

Oui, plus que jamais, nous garderons le cap. Celui de l’ouverture à tous, de l’accueil, de l’accompagnement, sans considération d’origine, de culture ou de religion comme le précisent les statuts d’Apprentis d’Auteuil. Celui de l’attention privilégiée aux exclus, aux plus petits, aux plus fragiles. Celui de la solidarité et de la fraternité, dans le refus de toute forme de discrimination. Nous sommes légitimes pour témoigner pacifiquement qu’il y a d’autres voies que la violence, le rapport de force, l’invective et l’exclusion. Notre projet éducatif dit, et nous l’expérimentons, que la qualité de la relation entre les personnes, la coopération, le développement du pouvoir d’agir de tous construit solidement, comme le disait le Père Brottier « des hommes et des femmes debout », c’est-à-dire des citoyennes et des citoyens capables de grandir et de construire ensemble.

Tout ce que nous nous efforçons déjà de vivre, nous continuerons à le vivre, modestement, mais résolument, en fidélité à notre histoire et à notre projet.

A la charnière des IVème et Vème siècles, aux moments particulièrement sombres de l’effondrement de l’Empire romain, saint Augustin écrivait ceci, que nous pouvons lire comme si cela nous était destiné : « Les temps sont mauvais, les temps sont difficiles ? Soyons bons et les temps seront bons, car nous sommes le temps. Tels nous sommes, tels sont les temps. » Tout ne dépend pas de nous, mais il dépend de nous que, là où nous sommes, nous fassions de notre mieux pour que chaque enfant, chaque jeune, chaque famille ait droit à un avenir et à une espérance.

En ces semaines troublées, efforçons-nous ensemble de garder la tête froide, mais le cœur vibrant, vigilants à rester unis dans la mission qui nous est confiée au service des jeunes et des familles. Jour après jour, là où nous sommes, témoignons par la qualité de nos relations et par notre action, qu’un monde de liberté, d’égalité et de fraternité est possible.

En toute confiance, nous vous disons notre profonde gratitude pour tout ce que vous faites aujourd’hui, et que vous continuerez à faire demain. 

Marc Whelan, Délégué Général de la Tutelle et à la Pastorale

Nicolas Truelle, Directeur Général