Jean-Paul Lichtlé, animateur en pastorale : « Le pèlerinage de Lourdes, une expérience exceptionnelle à vivre ! »
Animateur en pastorale à Apprentis d'Auteuil depuis 1994, Jean-Paul Lichtlé fait vivre aux jeunes qu’il accompagne l’expérience qu’ils seront toujours accueillis et attendus. Portrait d’un routier de l’Espérance, à quelques jours du départ pour le pèlerinage national d'Apprentis d'Auteuil à Lourdes.
« Ce sont les derniers moments avant le départ pour Lourdes, raconte Jean-Paul Lichtlé, animateur en pastorale au campus Saint-Antoine, à Marcoussis, en région parisienne. Le pèlerinage national d'Apprentis d'Auteuil à Lourdes, c’est une expérience exceptionnelle à vivre, avec l'assurance de mieux connaître - ou de découvrir - la grande famille que nous constituons. Nous y serons, tous établissements confondus, 4 500 ! De notre côté, nous partons à 50, dont douze anciens, un tiers de nouveaux et même une maman. Si les motivations des jeunes ne sont pas toutes les mêmes - vivre un temps fort avec ses copains de lycée, partir poussé par ses grands-parents, approfondir sa foi dans un haut lieu de la tradition chrétienne - tous les inscrits sont ravis de cet événement qui s’annonce. »
Cet enthousiasme, Jean-Paul Lichtlé l’a chevillé au corps. Comme il le montre, sur le terrain, dans l'établissement où il exerce sa mission tout au long de l'année. Ce matin, un grand soleil inonde l’ancien corps de ferme du château de Marcoussis, un lieu d’accueil chaleureux situé derrière les ateliers du lycée Saint-Antoine.
Penser et agir ensemble
Dans cette bâtisse un peu à l’écart, avec ses murs en crépi, ses pans de bois et son joyeux désordre, les jeunes peuvent venir prier, jouer, discuter, partager sur les textes sacrés ou tout simplement se poser. « Apprentis d’Auteuil, glisse Jean-Paul, est une œuvre d’Église, mais la pastorale telle que nous la concevons dépasse l’enseignement de la foi chrétienne. Quand nous accompagnons un jeune dans nos aumôneries, nous voulons avant tout lui faire comprendre qu’il est attendu et accueilli, lui offrir l’occasion d’être écouté, lui permettre de vivre la fraternité. »
Une mission qui, conformément à l’orientation pastorale « Choisir d'aimer », récemment repensée avec des jeunes et des familles, passe par des activités, des projets et des animations visant le développement de la personne dans toutes ses dimensions. Sur le terrain au quotidien, les animateurs pastoraux travaillent en lien avec les équipes éducatives et pédagogiques, dans la dynamique du « Penser et agir ensemble » d'Apprentis d'Auteuil.
Capables du meilleur
Au lycée Saint-Antoine où il s’investit depuis 2011, Jean-Paul Lichtlé participe à diverses réunions, dont celle de direction du lycée ou des jeunes délégués de classe, organise des animations lors des fêtes religieuses, invite les jeunes à s’engager, les ouvre à l’interreligieux, les emmène à Lourdes avec le diocèse...
Il prépare aussi ceux qui le souhaitent au baptême, à la première communion ou à la confirmation et se rend disponible pour des échanges plus personnels.« Être animateur en pastorale, insiste-t-il, c’est offrir aux adolescents qui nous sont confiés une forme de présence qui, grâce au bon Dieu, donne lieu à des changements étonnants. »
Jean-Paul se souvient en particulier d'un séjour organisé dans la cité mariale, où il emmenait il y a quelque temps, comme il le fait régulièrement, un groupe de jeunes se mettre au service des personnes malades, âgées ou handicapées : « Chaque année, c’est la même chose. Je vois ces gamins de banlieue défavorisée, souvent très agités quand ils arrivent, se transformer en l’espace de quelques heures. Polis, souriants et bien à l’heure, ils mettent une ambiance de fou au sein de l'équipe de bénévoles. Et se transforment en serviteurs. Mis en confiance, ces jeunes sont capables du meilleur. À chaque fois, j’en suis ému et émerveillé... »
La pédagogie de la confiance
Cette pédagogie de la confiance, l’animateur, dernier d’une fratrie de cinq garçons, la tient de ses années d’enfance à Soultzmatt, village alsacien de la route des vins, vécue au sein d’une famille ouverte aux autres et enracinée dans la prière.
Le bac en poche, le jeune homme se tourne vers un premier cycle de formation théologique dans un lieu de formation dédié, la communauté spiritaine (de la congrégation du Saint-Esprit) de Chevilly-Larue, près de Paris, suivi d’un stage au Nord-Cameroun, avec la « bénédiction » de deux de ses grands frères, missionnaires spiritains.
Des mois inoubliables au cours desquels Jean-Paul passe son temps à enseigner, bricoler, aider à creuser des puits, animer les communautés villageoises avec les pères spiritains, suivre des sœurs infirmières en tournée...
L’aventure de la vie religieuse s’arrête après un deuxième cycle de formation théologique et pastorale au Centre Sèvres. L'étudiant quitte les spiritains au bout de ses trois ans de premiers vœux. « J’ai compris, après discernement, que ce modèle de vie n’était pas pour moi », explique sobrement l’animateur.
L’appel à vivre la rencontre et à s’engager, en particulier auprès des jeunes, est cependant toujours présent. Comme une évidence, Jean-Paul rejoint Apprentis d’Auteuil, d’abord comme éducateur puis comme animateur en pastorale aux établissements Saint-Philippe. Il se marie quelques années plus tard. Deux enfants adoptés viennent rejoindre le foyer.
Dans la simplicité
Aujourd’hui, après des années de service en région parisienne, aux établissements Saint-Philippe (Meudon), Saint-Gabriel (Bagneux) puis Saint-Antoine, Jean-Paul Lichtlé a toujours l’espérance ancrée en lui. « Les jeunes d’Apprentis d’Auteuil sont un vrai signe de la présence de Dieu dans ma vie. », confie-t-il.
À l’image de François Libermann, grande figure spiritaine, un de ses maîtres spirituels, qu’il redécouvre depuis qu’il chemine aux côtés des associés (voir encadré), il veut vivre comme le frère qui va à la rencontre de ceux que Dieu met sur son chemin.
D’ailleurs, à Saint-Antoine, beaucoup de jeunes et d’adultes l’appellent « mon frère ». Cette simplicité lui va bien. C’est aussi sa manière d’apporter le Christ à ceux qu’il côtoie, dans un contexte d’Église et de société de plus en plus compliqué.
« Notre monde change. On entend beaucoup parler de violence, d’histoires sordides ou de réseaux sociaux qui déshumanisent. Pas question pour autant de céder au pessimisme. Les jeunes nous montrent la voie. On peut inventer d’autres façons de vivre ensemble », glisse ce fan d’écologie intégrale, passionné par les enjeux d’environnement, qui, pour se détendre, fait pousser ses légumes. « Rien ne me fait plus de bien que de sarcler et de cultiver. La nature est belle. Dans une vie pas toujours simple, c’est mon équilibre. »
LES ASSOCIÉS SPIRITAINS
Hommes, femmes, jeunes ou moins jeunes, mariés ou célibataires, touchés par l’esprit, les valeurs, la façon de vivre de la congrégation du Saint-Esprit, les associés spiritains vivent cette spiritualité au cœur du monde, de leur famille et dans leur travail. Après un temps de cheminement et de discernement, ils s’engagent pour une période de trois ans renouvelables et pour une mission pour laquelle ils sont envoyés. Une vingtaine d’entre eux travaillent à Apprentis d’Auteuil.
Pour en savoir plus : www.spiritains.org/devenir-spiritain/laics-associes-spiritains/
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