Portraits de jeunes
Vie de la fondation

100 ans de présence spiritaine à Apprentis d'Auteuil

19 novembre 1923. Le père Daniel Brottier prend la direction de ce qui va devenir Apprentis d’Auteuil. C’est le premier spiritain nommé à la tête de l’institution catholique dédiée aux enfants défavorisés, fondée en 1866 par l’abbé Roussel. Pour la congrégation du Saint-Esprit, qui se voit confier l’œuvre par l’archevêque de Paris, une nouvelle mission évangélique débute. Apprentis d’Auteuil fête ces 100 ans de présence spiritaine et les liens profonds qui unissent la fondation à la congrégation du Saint-Esprit.

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La congrégation du Saint-Esprit est présente à Apprentis d'Auteuil depuis 100 ans. Le 19 novembre 1923, le père Brottier, premier spiritain à entrer à la fondation, devient directeur général. La fondation fête cet anniversaire tout au long de l'année à venir.

Il y a 100 ans tout juste, le père Daniel Brottier était nommé directeur général d’Apprentis d’Auteuil. L’œuvre, qui n’est pas encore une fondation, a 57 ans. Elle a été créée en mars 1866 par l’abbé Louis Roussel, de la congrégation des Frères de Saint-Vincent-de-Paul, révolté par le sort des enfants des rues. Bientôt, son projet évolue. Savoir lire, écrire, compter, faire sa première communion ne suffit plus, l’abbé Roussel adjoint à ce socle l’apprentissage d’un métier et ouvre les premiers ateliers. L’intuition de lier éducation et formation est véritablement née de ces expériences fondatrices et de la volonté de sécuriser le parcours de vie des jeunes et leur insertion dans la société.

Atelier de cordonnerie, époque Abbé Roussel
L'atelier de cordonnerie à l'époque de l'abbé Roussel (c) Archives historiques/Apprentis d'Auteuil

Un homme de foi et d’action

En quelques décennies, la fondation grandit, traverse les guerres de 1870 et de 1914, les lois anti-congrégations religieuses, les difficultés financières. Après plusieurs années d’échanges, l’archevêque de Paris, le cardinal Dubois, décide de confier l’œuvre à la congrégation du Saint-Esprit.
Le choix du père Brottier comme directeur ne se fait pas au hasard. C’est un missionnaire qui a passé neuf années au Sénégal, de 1903 à 1912, chargé des œuvres de jeunesse. C’est aussi un aumônier militaire volontaire, qui a montré son courage et son dévouement hors norme pour les soldats dans les tranchées lors de la guerre 14-18. C’est un homme de foi, à la spiritualité profonde. Son adjoint, le père Pichon, un autre spiritain, a, lui, été très actif dans sa jeunesse au patronage de Brest puis a obtenu son brevet d’instituteur avant d’entrer dans la congrégation du Saint-Esprit. Tous les deux ont une expérience de l’enseignement et du contact avec les enfants.

Le père Brottier entouré d'enfants, au Mont Valérien en 1935
Le père Daniel Brottier, entouré d'enfants, au Mont Valérien en 1935 (c) Archives historiques/Apprentis d'Auteuil

L'audace du père Brottier

« Son parcours, son aura nationale, son esprit bâtisseur - le Souvenir africain, la cathédrale de Dakar - et puis dans la société civile, l’aumônier des tranchées, cofondateur de l’Union nationale des combattants... Le diocèse de Paris, bien avisé, s’est dit « Voilà un homme qui a des réseaux, qui sait mobiliser des énergies, résume Jean-Pascal Lombard, provincial de France pour la congrégation du Saint-Esprit. Quand on regarde ses talents de communicateur, d’éducateur, et sa spiritualité, c’était l’homme de la situation. On peut le dire a posteriori, mais sur le moment, c’était sûrement un pari, d’autant plus que vous connaissez l’histoire... Au premier conseil d’administration, alors qu’il n’y a plus d’argent dans la caisse, que décide-t-il ? De construire une chapelle à sainte Thérèse. Il fallait quand même oser ! »

Atelier de composition, période 1923-36
L'atelier de composition durant la période 1923-1936 de direction du père Brottier à la tête de la fondation (c) Archives historiques/Apprentis d'Auteuil

Un esprit bâtisseur

Quand il arrive à la fondation, en novembre 1923, le père Brottier trouve en effet une situation désastreuse. Il s’emploie à redresser la situation économique, à moderniser les ateliers, en particulier, l’imprimerie, lance une campagne de souscription pour la construction d’une chapelle dédiée à Thérèse. Il entretient avec Thérèse de Lisieux, déclarée depuis peu bienheureuse, des liens spirituels forts : Mgr Jalabert, son supérieur, lui a révélé l’avoir mis sous la protection de la jeune carmélite durant la guerre. Il en est revenu sans une égratignure.

Le goûter en  1934
Le goûter en 1934 au 40 rue Jean de La Fontaine, à Paris, siège de la fondation (c) Archives historiques/Apprentis d'Auteuil

Loin d’être inactif, le père Brottier se dépense sans compter. En 1927, il crée une fondation sous le nom Orphelins Apprentis d’Auteuil et dépose une demande de reconnaissance d’utilité publique. Ce sera chose faite en 1929, conférant à la fondation son statut singulier d’Œuvre d’Église reconnue d’utilité publique. Le père Brottier n’aura de cesse de développer un réseau de donateurs fidèles autour de la fondation, de la développer en créant quinze annexes.

Le père Brottier à son bureau, période 1932-36
Le père Brottier à son bureau. Il développa le lien avec les donateurs en créant ce qu'il appelait "une chaîne d'amitié". (c) Archives historiques/Apprentis d'Auteuil

Ses treize années de travail acharné à la tête de l’œuvre, son dynamisme, sa créativité, confèrent à la fondation sa dimension nationale. Son amour pour les jeunes et la mission d’éducation ne faiblit jamais : « Si nous voulons réussir à Auteuil, déclare-t-il, il faut nous consacrer entièrement à ces enfants, sans arrière-pensée. Je me suis offert à Dieu pour les servir jusqu’à ma mort. Je ne veux pas d’autre poste. » « Les spiritains sont profondément attachés à Apprentis d’Auteuil, une œuvre d’éducation, d’autant plus qu’ils ont eu, depuis bien longtemps, des responsabilités dans ce domaine auprès de jeunes qui avaient eu une existence difficile, conclut Jean-Pascal Lombart. Le père Brottier, avec toute sa personnalité et son histoire, est porteur du charisme spiritain. »

Les Spiritains à Apprentis d'Auteuil

Apprentis d'Auteuil est une œuvre d’Église du diocèse de Paris, confiée à la tutelle de la congrégation du Saint-Esprit depuis 1923. Elle est chargée de garantir que le charisme des fondateurs - l'abbé Roussel et le père Brottier - continue d’inspirer et d’animer la fondation. Elle s'assure également de la fidélité des pratiques éducatives et pédagogiques à l’enseignement de l’Église. Les spiritains sont présents dans la gouvernance de la fondation, en particulier au sein du conseil d'administration.

Le délégué général de la Tutelle et à la Pastorale est nommé par le conseil d'administration sur proposition de la congrégation du Saint-Esprit. Il est membre du comité de direction générale. Cette mission est actuellement assurée par le père Marc Whelan.

L'exercice de la tutelle se déploie en quatre missions, assurées par les aumôniers aux côtés de l’ensemble du réseau des acteurs en pastorale : accompagner, animer, former, veiller. Cette présence spiritaine s’exerce de diverses manières : animation pastorale et accompagnement des équipes éducatives dans certains établissements, accompagnement des équipes de direction régionale ou de la direction générale, présence au conseil d’administration.

La fondation compte aujourd'hui 15 aumôniers spiritains en mission :

- les aumôniers de proximité : ils sont au service d'un ou plusieurs établissements

- les aumôniers régionaux : membres des comités de direction régionaux, ils accompagnent les directeurs d'établissements et participent à la dynamique de la région

- les chapelains : "gardiens" de la chapelle Sainte Thérèse au 40 rue Jean de la Fontaine à Paris où se trouve notamment le tombeau du père Brottier, ils accueillent les visiteurs du sanctuaire, y célèbrent les messes et sont une présence bienveillante pour le quartier et les collaborateurs.

- les associés spiritains : ce sont des professionnels (animateurs en pastorale, directeurs d'établissements...), membres de la congrégation du Saint-Esprit et qui vivent la spiritualité spiritaine.

En 2012, des communautés religieuses féminines, fondées par des spiritains ou des proches des spiritains, ont  été invitées à rejoindre les établissements d'Apprentis d'Auteuil. Onze communautés de trois sœurs, venues de Centrafrique, de Côte d’Ivoire, d'Inde, du Nigeria, de République Démocratique, du Congo et du Sénégal soutiennent ainsi la mission pastorale de la fondation.