Portrait de Sandrine Bonnaire
Société

Sandrine Bonnaire à l'affiche du film Comme une louve

L’actrice Sandrine Bonnaire est à l’affiche du film Comme une louve, dont Apprentis d’Auteuil est partenaire, en salle le 20 septembre. Elle y joue le rôle d’une assistante sociale de l’Aide sociale à l’enfance. Un film plaidoyer qui invite à changer de regard sur les mamans en situation de précarité. Propos recueillis par Félix Lavaux.

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L'actrice Sandrine Bonnaire joue le rôle d'une assistante sociale dans le film Comme une louve, dont Apprentis d'Auteuil est partenaire, en salle le 20 septembre.

Qu'est-ce qui vous a donné envie d'incarner le rôle d'Élodie Piat, assistante sociale de l'Aide sociale à l’enfance, dans le film Comme une louve ?

C’est d’abord ma complicité avec Caroline Glorion, la réalisatrice, que j’aime beaucoup. Pour être franche, je n’avais pas tellement envie de jouer le rôle d’une assistante sociale de l’Aide sociale à l’enfance. Elle a un langage très administratif qui donnait assez peu d’émotions à jouer. Le personnage est néanmoins attachant, même si le film est d’abord construit depuis le point de vue de cette maman en difficulté. Cette assistante sociale tente de l’aider à sa manière. Mais la mère ne s’en rend pas compte.

Photo du film "Comme une louve" de Caroline Glorion
Photo du film "Comme une louve" de Caroline Glorion. Avec Sandrine Bonnaire et Mathilde La Musse (au centre) dans le rôle principal. Photo DR

Connaissiez-vous l'univers de l'Aide sociale à l'enfance avant le tournage ?

Caroline Glorion est une femme engagée. Elle a réalisé de nombreux documentaires sur le sujet. Elle connaît beaucoup d’associations dans ce domaine. Elle m’a donc beaucoup parlé du sujet, des injustices dont les personnes peuvent être victimes. Elle m’a servie de coach.

Quel regard portez-vous sur Lili, le personnage de la jeune maman précaire ?

C’est un personnage à la fois attachant et énervant car elle est toujours dans la rébellion. En même temps, elle est très jeune, submergée par ses trois enfants qu’elle doit élever seule. Elle doit aussi trouver un travail, un appartement... Elle est confrontée à des injustices, notamment par ce patron qui l’exploite. Elle doit aussi faire face à cette assistante sociale qui ne la comprend pas. Parfois, la vie est cruelle. Alors que c’est une femme bien.

Que pensez-vous des "mamans solos" qui se battent pour élever seules leurs enfants ?

Certaines mères qui vivent seules s’en sortent très bien, car c’est un choix de vie. Elles travaillent, sont indépendantes. Pour d’autres, c’est plus difficile. Elles doivent jouer les rôles des deux parents parce qu’elles sont tombées sur des "sales types" qui les ont délaissées. C’est le cas de Lili que joue Mathilde La Musse. Heureusement qu'il existe des associations qui leur viennent en aide pour les accompagner, les soutenir. Elles font le travail que l’État ne fait pas... ou très peu. Ces associations sont formidables. Je leur tire mon chapeau !

Le cinéma peut faire avancer certaines causes
On me propose souvent des rôles avec un certain engagement, des sujets sociaux. J’en suis ravie parce que le cinéma sert aussi à éveiller les consciences, à passer un message ou à faire avancer certaines causes comme, dans ce film, celle des femmes en difficulté.
Sandrine Bonnaire, actrice.
Sandrine Bonnaire et Mathilde La Musse dans Comme une louve
Comme une louve : échange entre l'assistante sociale (Sandrine Bonnaire) et Lili (Mathilde La Musse). Tous droits réservés.

Vous avez vous-même parlé publiquement des violences conjugales dont vous avez été victime. Comment mieux aider ces femmes ?

La justice doit d’abord faire son travail. L’agresseur doit être condamné. Il faut aussi que les procédures aillent plus vite. Souvent, il y a un laps de temps long entre la plainte et le jugement. C’est comme un deuil que l’on ne peut pas faire tant que la justice n’est pas rendue. Il y a aussi beaucoup de femmes qui ne savent pas quelles démarches faire, comment porter plainte... Il faut accompagner les victimes, leur trouver un bon avocat, leur donner accès aux soins physiques et psychologiques. Il y a encore beaucoup de choses à faire dans ce domaine !

De Sans toit ni loi à Comme une louve, vous avez tourné dans de nombreux films en prise avec la société. Pourquoi ce choix ?

La carrière d’un acteur se construit en fonction du désir des autres. C’est vrai que l’on me propose souvent des rôles avec un certain engagement, des sujets sociaux. J’en suis ravie parce que le cinéma sert aussi à éveiller les consciences, à passer un message ou à faire avancer certaines causes comme, dans ce film, celle des femmes en difficulté.

Quel regard portez-vous sur votre carrière aujourd'hui ?

J’ai fait de bons films, d’autres le sont un peu moins. Mais, j’ai le sentiment d’avoir fait ce métier pour les bonnes raisons - donner de l’émotion, mettre en lumière certaines causes comme celle de cette jeune mère de famille - et pas juste pour être connue ou pour gagner de l’argent. Le cinéma a une fonction politique. J’ai le sentiment d’y contribuer à ma façon.

Vous avez commencé votre carrière très jeune, à l’âge de 15 ans, avec « À nos amours ». Que diriez-vous à une jeune actrice aujourd’hui ?

Je lui conseillerais de faire des choix pour continuer à durer dans ce métier parce que c’est un métier assez cruel malgré tout. Vous êtes en haut de l’affiche, puis vous pouvez redescendre très vite. Ce n’est pas toujours facile de faire les bons choix. De très beaux scénarios n’ont pas de succès et certains films moins qualitatifs fonctionnent très bien. C’est un métier plein d’inconnues.

Quels sont vos projets ?

J’ai commencé un film avec Claude Lelouch. J’enchaine avec celui de Nils Tavernier. Ensuite, je ferai un documentaire sur William Hurt que je coréalise avec ma fille ainée. J’ai aussi un projet de mini-série dans lequel je serai actrice et réalisatrice.
 

L’enfance de Sandrine Bonnaire

« Mon enfance a été comme des montagnes russes : il y a eu des très bons moments et d’autres plus difficiles. Je viens d’une famille nombreuse de onze enfants. J’y ai appris le partage, la solidarité... C’est une qualité, mais cela peut aussi être parfois pesant, car je n’avais pas toujours envie de faire partie du nombre. J’avais envie d’avoir ma propre identité en dehors du groupe. Lorsqu’on est onze enfants, on fait partie d’un groupe où les personnalités sont un peu gommées. Ça été difficile pour tous mes frères et sœurs, pas seulement pour moi. Mais, avec le recul, cela donne aussi de la force. »

Les dates clés de Sandrine Bonnaire

  • 31 mai 1967 Naissance à Gannat (Allier)
  • 1980 Figuration dans La Boum de Claude Pinoteau
  • 1983 À nos amours de Maurice Pialat
  • 1984 César du meilleur espoir féminin
  • 1985 Sans toit, ni loi d’Agnès Varda
  • 1995 La Cérémonie de Claude Chabrol
  • 2023 Comme une louve de Caroline Glorion

Pourquoi la Fondation Apprentis d’Auteuil est partenaire de "Comme une louve"

Apprentis d’Auteuil et le Secours Catholique Caritas France ont souhaité être partenaires de ce film pour mettre la parentalité dans le débat public, évoquer la question de la prise en charge de la précarité, en particulier celle des mères isolées, et faire changer le regard porté sur les personnes les plus pauvres. Depuis des décennies, ce regard se durcit et pèse lourdement sur la vie des plus précaires.

L’histoire de Lili, jeune maman isolée, en situation de précarité, questionnée sur sa capacité à éduquer/élever ses enfants, nous renvoie aux personnes que nos deux structures accompagnent et fait écho aux actions développées autour de l’accompagnement à la parentalité, à travers notamment les Maisons des Familles, programme co-créé par Apprentis d’Auteuil et le Secours Catholique.

Comme une louve : sortie le 20 septembre

Affiche du film "Comme une louve" de Caroline Glorion
L'affiche du film "Comme une louve" de Caroline Glorion.

L'histoire

Lili forme une famille soudée avec ses 3 enfants pour qui elle est un formidable exemple malgré sa situation précaire. Suite à un malentendu, une suspicion de maltraitance pousse les services sociaux à placer ses enfants. Lili s'effondre mais très vite, entourée de femmes solides et d’un amour naissant, elle se lance dans une bataille décisive pour reconstruire sa famille.

La réalisatrice

Caroline Glorion : grand reporter, autrice de plusieurs ouvrages (sur Geneviève de Gaulle et Joseph Wresinski notamment), documentariste, elle a réalisé le téléfilm Joseph l'insoumis, diffusé sur France 3 en 2012, qui a reçu les Prix du public et Grand prix du Festival de la création audiovisuelle de Luchon. 

Comme une louve est son 1er long-métrage de fiction pour le cinéma.   

La distribution 

Mathilde La Musse, Sandrine Bonnaire, Sarah Suco, François Morel, Laurence Côte, Naydra Ayadi, Arthur Igual.