« Face à l'urgence climatique, il faut éduquer les jeunes à la proximité avec la nature ! »
INTERVIEW. Vice-président de la Fédération des clubs Connaître et protéger la nature (FCPN), François Lenormand, ancien instituteur et éducateur nature, milite pour resserrer les liens entre l’enfant et la nature. Une réponse éducative pertinente face à l'urgence climatique. Propos recueillis par Agnès Perrot.
Comment sensibiliser les enfants, face à l'urgence climatique ?
Notre planète est dans un état catastrophique. La vie en ville et la folie des écrans éloignent plus que jamais nos enfants du vivant. Pour espérer une prise de conscience de l'urgence du changement de nos modes de vie, les injonctions et les messages ne servent plus à rien.
Il faut tenter des choses, d'inventer d'autres manières d'être au monde. Pour moi, une des solutions, c'est de faire découvrir la nature à nos jeunes, qui passeraient trois fois moins de temps à jouer dehors que leurs parents.
Il faut les emmener sur le terrain, leur permettre de construire des cabanes, de toucher les arbres, de prendre un oiseau dans leurs mains ou d'observer une libellules voler au-dessus d’une mare... C'est indispensable pour qu'ils prennent conscience de la nécessité de protéger la nature.
Je ne cesse de le répéter : accompagner les enfants dans leurs explorations et leurs observations des phénomènes naturels, des rythmes et des saisons, c’est construire une génération mieux formée, qui grandira en respectant et en protégeant le vivant dans sa globalité.
Qu’apprend-on au contact de la nature ?
Tellement de choses ! Les recherches en neurosciences le prouvent, le contact avec la nature a des effets sur notre bien-être, notre créativité, notre estime de nous-mêmes. Dans la nature, tous les sens sont en éveil, les expériences émotives sont innombrables, les expériences spirituelles aussi, l’intellect est nourri...
La nature invite les enfants à la découverte, à tester leurs forces et leurs limites. Ils y développent leur capacité à communiquer avec les autres, leur créativité, leur habileté à appréhender les problèmes, s'entraider et réfléchir à des solutions. Quand on laisse les jeunes grimper dans les arbres, on leur permet de voir le monde autrement. Ce qui à terme peut changer l’avenir de la planète.C'est une question de santé publique.
Privés de liens avec la nature et exposés à la pression, les enfants finissent par craquer. En leur apprenant comment elle fonctionne, en leur donnant l’occasion de l’observer, de la nommer, de la reconnaitre, on leur permet de devenir des citoyens éclairés.
Une certaine prise de conscience est à l'œuvre chez les professeurs des écoles, qui emmènent de plus en plus leurs élèves dans des espaces extérieurs naturels pour leur faire vivre des expériences différentes. La nature est une vraie école de la vie.
Quelques mots sur le documentaire et le projet éducatif « Le grand secret du lien », dont vous êtes référent ?
Le grand secret du lien est un projet auquel j’ai eu la chance de participer, en 2019 grâce à Frédéric Plénard, son réalisateur. Le film raconte l’immersion en pleine nature de 50 enfants venus de cinq régions de France.
Accompagnés d’éducateurs nature et suivis par une équipe de chercheurs, ils accomplissent la mission que six grands sages leur ont donnée : retrouver un secret perdu depuis que l’être humain s’est progressivement séparé des espaces naturels. Une aventure écologique et solidaire magnifique !
Le mouvement CPN
Nés en 1972, les clubs Connaître et protéger la nature (CPN )sont un mouvement d'éducation populaire à la nature composé de parents, d'enseignants, d'animateurs et d'enfants qui se retrouvent ensemble pour mieux connaître et protéger la nature. Tout au long de l’année, ils apprennent la nature dans la nature, comprennent mieux le lien qui les unit à elle et mènent des actions concrètes pour la protéger.
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