Deux jeunes éco-délégués du collège Saint-Philippe, Vincent et Annaëlle
Education et scolarité

Accompagner les jeunes à la transition écologique

En 2022, Apprentis d’Auteuil a fait de l’écologie intégrale l’une des priorités de son action, en plaçant la question de la transition écologique au cœur de son projet. Comment cela se traduit-il concrètement dans ses établissements en termes d’éducation et de formation professionnelle ? Éléments de réponse à Meudon, Loos-en-Gohelle et près de Nantes.

Les rapports du GIEC (Groupement d’experts inter gouvernemental sur l’évolution du climat) se suivent et se ressemblent. Le dernier, paru au mois de mars, a rappelé l’urgence d’agir face aux effets du dérèglement climatique. Canicules, tempêtes, inondations, érosion de la biodiversité..., notre pays n’est pas épargné par ce phénomène mondial, qui touche en premier lieu les personnes les plus fragiles. C’est ce que reconnaît Apprentis d’Auteuil en inscrivant le défi de l’urgence écologique dans son projet stratégique 2022-2026. La fondation souhaite donc agir en réduisant son impact environnemental par l’adaptation de ses lieux de vie et de travail, ainsi que de son offre de formations, et en faisant de la réponse à l’urgence écologique une dimension explicite de son projet éducatif1.

Deux jeunes du collège Saint-Philippe, Vincent et Annaëlle, découvrent des céréales bio
Vincent et Annaëlle, deux jeunes écodélégués du campus éducatif et écologique Saint-Philippe, participent à un atelier sur la découverte des céréales, animé par des agriculteurs d'Ile-de-France. (c) Besnard./Apprentis d'Auteuil

Un campus éducatif et écologique à Meudon

Pour illustrer la transformation écologique des bâtiments et des formations dispensées aux jeunes à la fondation, il suffit d’aller au campus éducatif et écologique de Meudon, dans les Hauts-de-Seine, qui a placé l’écologie intégrale (voir encadré) au coeur de son projet d’établissement. Cette transformation globale concerne à la fois la rénovation des locaux, mais aussi les contenus éducatifs et les formations professionnelles du site qui s’étend sur 14 hectares aux portes de Paris et accueille 650 jeunes.
« Sur le campus, nous développons l’écologie éducative, explique Grégory Tierce, chef de projet. Autrement dit, nous nouons un lien étroit entre écologie et éducation. Nous intégrons l’écologie dans tout ce que nous faisons, dans tout ce que nous vivons. Nous faisons en sorte que jeunes et adultes réfléchissent et travaillent ensemble. Avec les collégiens, nous entrons dans l’écologie via l’alimentation. »

 

Vincent présente un quiz bio sur l'alimentation végétarienne au collège Saint-Philippe
Vincent a rempli son quiz sur l'alimentation végétarienne et bio, un des éléments de l'atelier de sensibilisation. (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Deux écodélégués motivés par leur rôle

En 6e, Vincent et Anaëlle, 11 ans, ont été nommés écodélégués, comme 35 autres jeunes du campus. Leur rôle est de porter la thématique de l’écologie et de sensibiliser jeunes et adultes aux enjeux environnementaux. Vincent explique : « À la cantine, différentes poubelles permettent de trier les déchets : pain, emballages plastiques, nourriture... Parfois, les jeunes mélangent tout. Je dis aux 6e de faire attention. J’hésite avec les plus grands... Avant d’être écodélégué, je ne savais pas que cela avait autant d’importance. Je mettais tout dans la même poubelle. » Annaëlle, de son côté, apprécie l’intervention d’agriculteurs bio invités par l’établissement. « J’ai découvert des céréales que je ne connaissais pas : l’orge, le seigle, l’épeautre, le sarrasin. J’ai compris qu’il fallait mieux manger. J’essaie de manger plus de légumes, pas seulement des pâtes et des frites. »

Deux apprentis couvreur zingueur au CFP Sainte-Barbe
Deux apprentis en formation couvreur zingueur au CFP Sainte-Barbe (c) Sébastien Leban/Apprentis d'Auteuil

Les métiers du bâtiment en première ligne

Certains métiers ont un rôle à jouer dans l’accompagnement de la transition écologique. C’est notamment le cas des métiers du bâtiment. Direction Loos-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais. C’est ici qu’Apprentis d’Auteuil a ouvert le centre de formation professionnelle Sainte-Barbe pour les métiers du bâtiment il y a dix ans. Bois, terre crue, toiture végétalisée, l’établissement, situé au pied d’un terril, est un exemple en matière d’écoconstruction. « L’idée était de faire du bâtiment en lui-même une vitrine de l’écoconstruction pour montrer aux jeunes en formation dans les métiers du bâtiment ce qu’il est possible de faire en matière de construction durable », précise Anne Pennequin, sa directrice.

Jeune apprenti couvreur  au CFP Sainte-Barbe
Jeune apprenti couvreur au CFP Sainte-Barbe (c) JP Pouteau/Apprentis d'Auteuil

En première ligne contre le réchauffement climatique

En 2022, quelque 300 jeunes et adultes ont été formés aux métiers du bâtiment, en première ligne dans la lutte contre le réchauffement climatique : couvreur-étancheur-zingueur, maçon, plaquiste, menuisier et agent de maintenance des bâtiments. « Ils sont essentiels dans la transition écologique pour mettre en œuvre l’isolation thermique et la performance énergétique des bâtiments, souligne Anne Pennequin. C’est une préoccupation qui touche toutes nos formations. Nous préparons aussi des modules sur l’écoconstruction et l’écorénovation pour 2024. »
Une évolution à laquelle Benjamin, 25 ans, est très sensible. « Depuis cinq ans, je vois que le sujet de la transition écologique est de plus en plus présent dans nos formations et dans notre vie de tous les jours, analyse le jeune homme en 2e année de brevet professionnel. En tant que couvreur, j’ai l’impression de jouer un rôle important dans la transition écologique que nous vivons actuellement. D’autant que j’ai un bébé de 5 mois. Je travaille pour son avenir ! »

Tomates cultivées par Jardiniers d'Auteuil à Bouguenais
Une remobilisation vers l'emploi grâce aux métiers verts au Potager de Saint-Julien (c) Emmanuel Ligner/Apprentis d'Auteuil

Un potager bio pour rebondir dans la vie

Sensibiliser les jeunes adultes à l’écologie fait aussi partie des missions du pôle formation insertion des Pays de la Loire. « C’est dans notre ADN, souligne Virginie Barreteau, sa directrice. Pour ces jeunes peu connectés avec la nature, nous menons de nombreuses actions, par exemple, des ateliers sur la fresque de la biodiversité, la création de ruchers. Et bien sûr le maraîchage bio dans notre atelier chantier d’insertion (ACI) Le Potager de Saint-Julien, tout près de Nantes. »
Dans cet ACI ouvert aux 18-30 ans éloignés de l’emploi, le contact avec la nature est un moyen très concret pour remotiver des jeunes. « Le but est de remettre les jeunes dans une dynamique, pas forcément de les insérer dans cette filière du maraîchage bio, qui est un excellent levier pour se reprendre en main, explique Alice Lenay, la responsable. Beaucoup souffrent d’un gros manque de confiance en eux. La plupart mettent les mains dans la terre pour la première fois, font les semis, récoltent... Il n’y a rien de plus valorisant que de faire pousser quelque chose, qui plus est, des produits sains. Et de voir ensuite sa production à l’étal d’un magasin. »

Gaëtan, au potager de Saint-Julien
Gaëtan, au Potager de Saint-Julien (c) Apprentis d'Auteuil

Préserver les générations futures en éduquant à l'urgence écologique

Paul, 19 ans, le confirme : « Nous livrons à quatre Biocoop et à cinq Ruche qui dit oui. J’en tire une petite fierté de voir nos légumes là-bas après nous en être tant occupés ! » Les salariés du Potager bénéficient également de légumes frais qu’ils n’iraient pas forcément acheter, en raison du coût ou d’un manque d’habitude. Gaëtan, 21 ans, depuis un mois au Potager, en témoigne : « Je mange plus de fruits depuis que je suis ici, mais les légumes, je trouve cela compliqué à cuisiner. Il y a quelque temps, j’ai fait une visite d’une entreprise de tri des déchets. Cela m’a ouvert les yeux. Depuis, je fais plus attention, en particulier sur le gaspillage alimentaire. » Paul, arrivé depuis 18 mois au Potager, a radicalement changé ses habitudes alimentaires. « Avant d’arriver ici, je ne mangeais que du gras. Je fais plus attention maintenant. Je mange plus de fruits et de légumes, dont différentes variétés de choux que j’ai découvertes ici. Je suis passé de 110 à 95 kilos. Cela a un impact clair sur ma santé. »
Sensibiliser les jeunes à l’environnement, former les professionnels de demain ou accompagner les jeunes éloignés de l’emploi, autant de manières concrètes pour la fondation de répondre à l’urgence écologique et de préserver les générations futures. « Il y a urgence à sensibiliser les 18-25 ans, conclut Alice Lenay. Ce sont les futurs parents, ceux qui vont élever la prochaine génération. Préserver le vivant, c’est une question de survie et d’avenir. Car nourrir la terre pour nourrir le légume, c’est aussi nourrir l’humain. »

1 Bâtir ensemble, projet stratégique 2022-2026

L’écologie intégrale, c’est quoi ?

S’appuyant sur l’encyclique Laudato Si’du pape François, Apprentis d’Auteuil a fait de l’écologie intégrale une de ses orientations stratégiques 2022-2026. Consciente de l’urgence climatique, elle intègre un apprentissage au respect de la biodiversité, à une consommation plus responsable et adapte son offre de formations à la transition écologique. Cela se traduit également par de nombreuses actions dans la vie quotidienne, du bon usage du numérique à l’accroissement des achats dans une économie circulaire, jusqu’à la lutte contre tous les gaspillages. La fondation s’est lancée dans un grand chantier de rénovation énergétique de son parc immobilier grâce à des audits énergétiques.  Elle s’engage également à relever ce défi par une éducation à la relation à soi et aux autres, à la fraternité, au dialogue et à l’égalité filles/garçons.