
Une rentrée en Maison d'enfants se prépare aussi : l'exemple de Saint-Jean, à Sannois
Moment fort de l’année, la prérentrée à la Maison d'enfants Saint-Jean d’Apprentis d’Auteuil à Sannois (95) permet de renforcer la cohésion d’équipe, d’intégrer les nouveaux collaborateurs et d’accueillir les jeunes nouvellement arrivés. Reportage.
9h45, tous dans les starting-blocks
Le secret pour motiver et fédérer son équipe ? « L’aimer et lui communiquer mon enthousiasme », analyse la dynamique Pauline Spinas-Beydon, directrice depuis 13 ans de la Maison d’enfants à caractère social Saint-Jean à Sannois (95). Elle s’apprête à mener la réunion de prérentrée avec une cinquantaine de collaborateurs dans une maison qui accueille soixante enfants et adolescents auxquels s’ajoutent trente jeunes suivis hors les murs. Lucie, éducatrice, passe une tête dans son bureau : « Est-ce que les doudous sont bien arrivés ? » Il faut penser à tout. « Nous venons de rénover une des quatre unités de vie destinée à l’accueil des ados pour recevoir douze enfants à partir de cinq ans avec un accueil des fratries qui ne seront enfin plus séparées », explique Pauline.

Retour sur les vacances
Cathy et Audrey, 14 et 15 ans, projettent une virée shopping. Impossible sans l’autorisation de sortie signée par leur éducateur. « Je vais voir ce que je peux faire », les rassure Pauline. En patientant, les deux ados évoquent leur été. « Je suis partie trois semaines au Sénégal sur un chantier de solidarité international pour rénover un orphelinat. J’ai eu envie de voir d’autres horizons, d’autres conditions de vie. Ça m’a permis de grandir et de me dire que j’ai de la chance d’être à la MECS », raconte Audrey qui va entamer un CAP de coiffure. Cathy rebondit : « Je suis allée une semaine à Provins avec des sœurs et deux semaines à la montagne où j’ai fait du parapente. C’était super. » Les deux ados frappent à la porte du bureau de Mikaël, chef de service, qui leur accorde l’autorisation tant attendue. Arrivé en juin à la fondation, il s’y sent bien. « Elle répond à ma quête de sens et à mes valeurs qui sont de prendre soin des jeunes et de les faire grandir. »
La rentrée pour l'équipe éducative
Autour du petit-déjeuner, l’équipe s’embrasse, chacun raconte ses vacances dans un joyeux brouhaha. Tous les collaborateurs sont heureux de se retrouver. Les nouveaux, une dizaine d’éducateurs, prennent leurs marques. Maëlle, 20 ans, vit sa première rentrée à la fondation. « Les métiers du social, pour moi c’est une vocation, d’autant plus que ma famille travaille dans ce domaine. J’ai été très bien accueillie à Apprentis d’Auteuil. Je sais que ça va bien se passer. Je suis dans un bon état d’esprit. »
Pour Céline, 39 ans, autre nouvelle, le métier d’éducatrice est à la fois une continuité et une reconversion. L’accompagnement d’élèves en situation de handicap au collège lui a donné envie de se lancer dans ce nouveau métier. « Je suis super contente ! J’ai hâte de débuter. Je voulais travailler à Apprentis d’Auteuil. Je sais que je vais y être bien encadrée », confie-t-elle.
Du côté des anciens, Amel, éducatrice de 23 ans qui entame sa troisième rentrée, se montre tout aussi enthousiaste après un séjour estival avec sept adolescentes de la MECS. « Nous sommes allées une semaine à Marseille, uniquement entre filles. C’était leur choix. Ça nous a permis d’évoquer la rentrée et de voir si elles l’appréhendaient ou pas. »
Daniel, lui, s’est ressourcé en Égypte, et aborde sereinement sa sixième rentrée. « Je suis optimiste et content d’accompagner les jeunes. Je suis à la fois proche d’eux et patients, de la même manière que les éducateurs d’Apprentis d’Auteuil l’ont été avec moi », explique le jeune homme de 25 ans, qui a fait une grande partie de sa scolarité à la fondation où il avait été placé par l’Aide sociale à l’enfance.

Prendre soin de l'équipe
La réunion d’équipe est pour Pauline l’occasion de dresser le bilan de l’été, d’aborder les points d’amélioration et d’expliquer le fonctionnement de la MECS aux nouveaux. Elle passe en revue les points cruciaux : sécurité et santé des jeunes, conduite à tenir en cas d’incident... Objectif ? Assurer cohérence et cohésion au service des résidents. « Pour cela, il faut prendre soin de l’équipe de la même manière que l’on prend soin des jeunes, explique Pauline. C’est aussi ce qui fait que les éducateurs sont attachés à la maison Saint-Jean et y travaillent dans la durée. »

L'accueil des nouveaux
Après un buffet convivial et festif partagé entre les jeunes et les équipes, c’est l’heure d’accueillir les nouveaux venus. Parmi eux, Nabil, 16 ans, accompagné par Boris, son éducateur. Il l’aide à monter ses bagages dans sa chambre qu’il partagera avec un autre jeune. « Ça va aller, je me sens prêt », confie Nabil. Dimitri, qui vient lui aussi d’arriver, s’est lancé dans une opération nettoyage. Une bonne action contre la promesse d’un barbecue. Un peu intimidé par ce nouveau monde qu’il découvre, Dimitri a choisi de s’y investir immédiatement pour mieux s’y intégrer. Mattéo, un ancien, lui donne un coup de main, sous l’œil bienveillant de Daniel, l’éducateur.
La journée se poursuit, au gré des arrivées. Le linge est réparti dans les chambres, les jeunes investissent leurs nouveaux lieux de vie, découvrent les foyers, une nouvelle année commence.
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