
Céline Ricou, maîtresse de maison à Apprentis d’Auteuil : « J’ai un super boulot ! »
Maîtresse de maison à la Maison d’enfants Maréchal-Leclerc à Saumur, dans le Maine-et-Loire, Céline Ricou embellit le quotidien des garçons et filles accueillis. Et offre à chacun les clés d’une vie autonome réussie.
Si elle devait résumer son métier de maîtresse de maison ? « Je dirais : attention, regard, écoute, empathie, rôle éducatif et maternant, un peu psy aussi, répond spontanément Céline Ricou, maîtresse de maison à la Maison d’enfants Maréchal-Leclerc (cf. encadré) à Saumur. Mes missions sont d’assurer le quotidien, la propreté, la sécurité de cette maison et la convivialité autour des repas. D’aider les jeunes à voir plus clair dans leur vie personnelle, qu’ils soient collégiens, lycéens, en recherche d’une formation, d’un stage, d’un apprentissage ou d’un emploi. »
Ouverte en juillet 2018 et destinée à des adolescents - garçons et filles - âgés de 15 à 18 ans, la Maison d’enfants Maréchal-Leclerc se compose de trois chambres individuelles et de deux chambres doubles. Elle inclut aussi cinq studios et sept appartements en ville, attribués selon le niveau d’autonomie de chaque jeune. « L’objectif est que chacun sache, à terme, prendre soin de soi et de sa santé, préparer ses repas, entretenir son chez-soi et ses vêtements, précise Céline. Il leur faut aussi apprendre à gérer un budget, à effectuer toutes sortes de démarches (administration, logement, permis de conduire…), afin de s’insérer au mieux dans la société et dans la vie active. »

Un repère stable et exigeant
Pour cela, les onze adolescents accueillis actuellement peuvent compter non seulement sur Céline, mais aussi sur cinq éducateurs-moniteurs, deux surveillants de nuit et un chef de service. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la psychologue des établissements Saint-Nicolas, souligne Céline. Elle nous réunit à l’arrivée de chaque jeune pour connaître son histoire et ses besoins. Ensemble, au fur et à mesure, nous devons trouver les solutions les plus adaptées. »
Au-delà de fonctions à géométrie variable entre accueil et intendance, Céline accorde beaucoup de son temps à chaque adolescent. L’un peut venir la voir pour un lacet manquant, l’autre pour un rendez-vous médical à prendre, un troisième pour une peine de cœur. « Quand les jeunes n’ont personne à qui s’adresser ou auprès de qui se confier, je suis là. Un peu comme un repère. Un repère qui sait et doit mettre les points sur les « i ». Récemment, j’ai dû dissuader un jeune en quête de fleurs, de les cueillir sur un rond-point. Inciter un autre qui passait son après-midi à regarder le foot à la télé, à organiser un match. « Céline, tu es la boss » m’a dit un jour un ado. Au fond de moi, je suis une éducatrice. Jamais je ne serai leur maman. Ils en ont une : elle est irremplaçable ! »
Croisé dans un couloir, Oubaydou, 17 ans, confie : « Tous les matins, je me fais réveiller par le rire de Céline. C’est top ! » À l’heure d’un petit café, Gwenaël, 15 ans, reconnaît : « Céline m’a appris à ranger ma chambre, à m’organiser dans mon emploi du temps. À m’exprimer avec les mots justes. Par exemple, je ne dis plus « tu me soûles » mais « tu m’embêtes ». Je ne mens plus non plus, car la vérité nous retombe toujours dessus. »

Des regards qui en disent long
Extrêmement impliquée dans le bon fonctionnement de la maison, Céline s’intéresse également au parcours de vie de chaque jeune. « Certains s’expriment volontiers sur leur histoire personnelle, admet-elle. D’autres en parlent peu ou pas. Je les laisse venir à moi. Je ne veux pas me montrer intrusive. S’ils ont envie de me partager leur vie dans leur intégralité ou par petits bouts, ils savent qu’ils peuvent le faire. »
Si Céline Ricou devait retenir un seul souvenir de ses cinq années comme maîtresse de maison à Apprentis d’Auteuil ? « J’en ai des milliers, s’enthousiasme-t-elle. Je reçois tellement d’amour et de reconnaissance de la part des jeunes, ne serait-ce qu’un regard, un sourire. Les garçons et les filles garderont, eux aussi, des souvenirs heureux. Toute l’équipe leur donne le maximum d’attention, de bienveillance et d’affection. J’ai un super boulot. Je gère ma maison comme je l’entends et j’ai trouvé mon public. À moi d’être encore et toujours passionnée ! »
Les établissements Saint-Nicolas : un accompagnement sur-mesure
Les établissements Saint-Nicolas dont la Maison d’enfants Maréchal-Leclerc fait partie, accueillent des jeunes confiés par l’Aide sociale à l’enfance dans différents services et sous différentes modalités à Saumur, Cholet et Segré dans le Maine-et-Loire. Et ce, pour permettre à chacun, selon ses besoins, de grandir en confiance et en sécurité. « Ce travail de fond, mené sur plusieurs années parfois, nous permet d’apporter une réponse adaptée à chaque situation : mise en danger du jeune, carences éducatives, décrochage scolaire, souligne Emmanuel Picavet, le directeur. Et de développer un réseau avec la famille élargie, les enseignants, les associations, les partenaires… Ni le jeune, ni le parent ne doit se sentir seul, découragé ou incompétent. »
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