Illustration de la mobilisation avec un parent et un enfant se tenant par la main
Plaidoyer

Agir pour les familles en grande précarité !

Ce 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, plusieurs organisations, dont Apprentis d’Auteuil renouvellent leur engagement auprès des familles touchées par la pauvreté, fragilisées par les inégalités et l’inflation. Elles doivent retrouver leur dignité, leurs droits et leur place dans la société. Les établissements d’Apprentis d’Auteuil se mobilisent pour lutter contre toute forme d’exclusion. 

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Ce 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, plusieurs organisations dont Apprentis d’Auteuil renouvellent leur engagement auprès des familles touchées par la pauvreté, fragilisées par les inégalités et l’inflation. Pour les aider à retrouver leur dignité, leurs droits et leur place dans la société.

Cette année, le thème de la Journée mondiale du refus de la misère « La dignité en action : nos engagements pour la justice, la paix et la planète » résonne comme une injonction à agir urgemment contre la pauvreté et la précarité. Notamment pour les familles souvent laissées pour compte. Ce thème entre en résonance avec la vision qu'Apprentis d'Auteuil porte, avec et pour les jeunes et les familles, dans son plaidoyer. Un plaidoyer défendu dans l'ouvrage Prendre le parti des jeunes. « Notre situation matérielle n’est pas facile. Tout est tellement cher ! confie d’emblée Precious, mère de deux enfants, et dont la petite dernière est accueillie au multiaccueil D’ici et D’ailleurs d’Auteuil Petite Enfance, dans le 18e arrondissement de Paris. Samara, ma petite de six mois, est épanouie à la crèche, car on s’occupe bien d’elle. J’ai trouvé une activité rémunérée grâce à l’association Aux captifs, la libération. J’ai appris à coudre et, aujourd’hui, je couds des vêtements pour enfants, des tabliers, des sacs, des trousses de qualité, dans l’atelier de couture de la maison Bakhita (1). Et puis, grâce à mes horaires aménagés - 9h à 16h - je peux aller chercher mon fils à l’école ! Je suis vraiment contente d’apprendre un nouveau savoir-faire et de me remettre doucement dans une dynamique de travail et de lien social. Quelque part, je retisse ma vie en même temps que les vêtements que je confectionne. »

Fragilisées mais solidaires

Directrice d’une crèche d’Apprentis d’Auteuil – Le Phare – à Toulouse, Agnès Chatelard souligne le courage des mamans et des papas qui, dans le contexte actuel, voient leurs difficultés s’accroître de jour en jour. « Les familles que nous accueillons se trouvent dans une situation d’urgence. 75% d’entre elles – et leur nombre augmente chaque année - paient la crèche moins d’un euro de l’heure, précise-t-elle. Leur priorité ? Se loger et se nourrir. Parfois, certaines familles renoncent à venir à la crèche, car elles doivent traverser toute la ville pour aller chercher des bons alimentaires. Cela arrive de plus en plus souvent. Nous organisons depuis un an des distributions alimentaires et de vêtements. Malgré toutes leurs difficultés et la hausse des prix, les familles se montrent solidaires et y apportent des aliments, des vêtements, des jouets, du matériel de puériculture dont elles ne se servent plus. Elles n’achètent plus de vêtements neufs, font des économies et de l’écologie à leur manière. »

Maison des familles du Havre - Discussion entre la directrice et des parents
Un temps d'échanges entre des parents et la directrice du Havre des familles, la Maison des familles au Havre (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Toutes les solutions possibles

Fidèle au Havre des familles, la Maison des familles d’Apprentis d’Auteuil au Havre (76), Kadiatou Bangoura, maman de quatre enfants, ne cache rien ni de ses difficultés quotidiennes ni de son espoir chevillé au cœur. « D’origine africaine et vivant en France depuis une quinzaine d’année, je ne connaissais pas la Journée mondiale du refus de la misère, mais la difficulté de boucler certaines fins de mois, oui ! C’est une des raisons pour lesquelles j’ai décidé, avec mon mari, de quitter l’an dernier la région parisienne, pour aller vivre en Normandie avec nos quatre enfants. Et aussi à cause du confinement qui m’a beaucoup stressée. Aujourd’hui, nous mangeons à notre faim, mais je dois faire attention à l’ensemble de nos dépenses qui ont bien augmenté ces derniers mois, notamment le loyer. Parfois, je suis dans le rouge. Nous vivons à six avec, en moyenne, 1 500 euros par mois. Parfois plus, parfois moins. Pour rester positive, j’ai obtenu mon diplôme d’auxiliaire de vie, un grand pas et une grande fierté ! Je compte rapidement retravailler, pour moi et ma famille, car mon mari a aussi des revenus modestes. À force de volonté et de confiance, on peut s’en sortir. »

Déjeuner dans le jardin de la maison des familles de Montdidier
Un déjeuner partagé dans le jardin de la Maison des familles de Montdidier (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Sa vie en main

Trouver des solutions pour les familles dont les situations sont de plus en plus compliquées, telle est la mission que se donne Lucile Sessou, directrice de la Maison des familles de Montdidier (80). « Pour les familles, un jeune en service civique anime un point relais Caisse d’allocations familiales dans nos locaux, explique-t-elle. Car, sans dossier CAF, les personnes ne peuvent pas toucher les aides au logement (APL). Elles paient leur loyer plein pot et ne peuvent plus s’acheter à manger. Une maman me disait récemment : « Il me reste 17 euros sur mon compte et nous sommes au début du mois, comment vais-je faire ? » Pour certaines familles, manger, c’est cela l’urgence ! Nous ne disposons pas de budget pour aider financièrement les familles, mais nous pouvons les orienter vers des organismes pour des repas ou des denrées gratuites, les sensibiliser à la consommation et à l'alimentation, en leur apprenant à tenir un budget et à cuisiner des produits bruts, plutôt qu’industriels, plus chers et mauvais pour la santé. Une bénévole les invite à changer d’habitudes, à manger moins de viande qui coûte cher et plus de légumineuses, à préparer un gâteau, etc. Une fois par mois, nous organisons un repas partagé où chacun apporte quelque chose. Le prochain, nous le construirons ensemble, du menu jusqu’à la préparation. Nous aidons également les familles à rédiger des courriers aux bailleurs, à réclamer des travaux de mise en conformité de leurs logements, véritables passoires thermiques… Nous essayons de redonner aux parents le pouvoir sur leur propre vie. »

 

  1. La Maison Bakhita, association du diocèse de Paris, est un centre de ressources pour l’accueil et l’intégration des personnes migrantes, qui héberge dans ses locaux le multiaccueil D’ici et d’ailleurs d’Auteuil Petite Enfance, filiale d’Apprentis d’Auteuil.

Ensemble contre la misère

Née de l’initiative de Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, et de plusieurs milliers de personnes rassemblées sur le parvis des Droits de l’Homme à Paris en 1987, la Journée mondiale du refus de la misère est organisée, chaque 17 octobre, par le collectif Refuser la misère dont Apprentis d’Auteuil fait partie. Elle donne la parole aux personnes directement concernées par la pauvreté sur leurs conditions de vie indignes, leurs résistances quotidiennes et leurs aspirations. Cette Journée est également l’occasion de rappeler que la misère est une violation des droits humains et non une fatalité.
Retrouvez les actualités de cette Journée sur la page Facebook du collectif Refuser la misère – France.

Cet après-midi à 17h30 à Trocadéro à Paris ou en ligne, Apprentis d'Auteuil se mobilise avec les 80 organisations du collectif Refuser la misère, pour faire alliance avec celles et ceux qui résistent à la pauvreté tous les jours. Des jeunes de la Maison d'enfants Sainte-Thérèse (75) seront à leurs côtés.