Plaidoyer

1871 : les débuts de la formation professionnelle à Apprentis d'Auteuil

1866 : l'abbé Roussel s'installe à Auteuil avec six jeunes des rues pour leur apporter gîte, couvert et éducation. Comment a-t-il eu l'intuition de créer des ateliers et d'ouvrir la voie, bien des années plus tard, à la formation professionnelle ? En cette année anniversaire, découvrez les grandes étapes de l’évolution d'Apprentis d'Auteuil.

En 1866, l’abbé Roussel accueille à Auteuil les garçons à la rue de plus de 12 ans, ceux-là même que la société de l’époque juge assez mûrs pour se débrouiller seuls (1). Un toit, un lit, une assiette pleine, du catéchisme, de la lecture, de l’écriture, du calcul…
En trois mois, ces enfants préparent leur première communion puis quittent l’Œuvre. Dans le meilleur des cas, l’abbé Roussel peut les placer dans des ateliers, sinon, c’est à nouveau la rue. Un crève-cœur pour ce prêtre qui a dédié sa vie à la jeunesse déshéritée : les enfants retombent dans la misère et deviennent les victimes « du mauvais exemple du dehors ».
En 1871, le premier  atelier de cordonnerie est créé (voir photo d'ouverture) : « Nous en avons gardé un qui savait un peu son métier pour raccommoder les chaussures de ses camarades et les nôtres, raconte-t-il. D’autres sont venus l’aider à sa besogne trop lourde, puis il a fallu un maître ouvrier pour les diriger et les surveiller, et voilà un atelier fondé. » L’abbé Roussel fonde l’Œuvre d’Auteuil pour l’éducation et l’apprentissage des enfants pauvres ou orphelins et abandonnés qui complète l’Œuvre de la première communion.
En 1891, on compte 245 apprentis et pas moins de 13 métiers enseignés, dont jardinier, cuisinier, menuisier, serrurier, employé de bureau…
De nouveaux métiers : vente en fleuristerie. (c) Apprentis d'Auteuil
De nouveaux métiers : vente en fleuristerie. (c) Apprentis d'Auteuil

D’année en année, les successeurs de l’abbé Roussel poursuivent dans la même lignée, les ateliers fonctionnant peu ou prou comme les écoles de production actuelles (elles se financent en partie grâce à la vente des produits réalisés). En 1919, la loi Astier organise l’apprentissage et l’enseignement professionnel. Reconnue d’utilité publique en 1929, la fondation engage un dialogue avec l’État pour faire reconnaitre l’enseignement prodigué dans les ateliers. C’est Saint-Philippe (Meudon, 92) qui ouvre la première école technique en 1954 avec le dessin industriel et la mécanique de précision.
Aujourd’hui, 15 grandes filières et pas moins de 72 formations, du CAP au BTS, sont proposées à Apprentis d’Auteuil dans le cadre de la formation initiale, continue, ou de l’apprentissage. « Évoluer avec son environnement est une des clés de l’insertion des jeunes, précise Valéry Auchère, référent du pôle lycée et apprentissage. Nous regardons de près les métiers émergents (numérique, métiers verts, services à la personne). Et souhaitons favoriser les stages et les programmes européens. Ils permettent aux jeunes d’être en prise avec le monde du travail et d’en intégrer les codes. »
(1) L’assistance publique ne prend plus en charge les garçons au-delà de 12 ans.