Formation et insertion

Un dispositif vers l'emploi pour les jeunes Mahorais

Le dispositif Narisomé (en mahorais, apprenons-ensemble), créé par Apprentis d’Auteuil Mayotte, s’adresse aux jeunes Mahorais sans formation ni emploi. Quatre mois de formation intensive pour se remettre dans une dynamique d’insertion.

Un accompagnement individualisé

Apprentis d’Auteuil Mayotte a lancé en février dernier un dispositif destiné aux jeunes Mahorais, ni étudiants, ni employés, ni stagiaires (les fameux NEET : Not in Education, Employment or Training). Baptisé Narisomé (en mahorais, apprenons-ensemble), il propose à des jeunes âgés de 16 à 26 ans quatre mois de formation intensive à Mamoudzou.
« L’objectif, précise Kristel Bianchi, sa coordinatrice, est l’insertion professionnelle. Après vérification des prérequis – la bonne compréhension de la langue française – les jeunes passent des tests afin de déterminer points forts et points faibles, et de mettre en place un accompagnement individualisé. Ils nous sont orientés par Pôle Emploi, la mission locale ou tout simplement grâce à l’information collective que nous-mêmes ou nos partenaires apportons dans les villages. »
Les jeunes suivent tout d’abord une remise à niveau individuelle – français, calcul, notions de l’espace et du temps – puis sur une plateforme informatique. À leur programme également, un module de développement civique, social et professionnel.
Enfin, grâce à un plateau technique, ils découvrent différents métiers dans les domaines de la restauration, des espaces verts et du maraîchage, et des services à la personne (petite enfance, entretien des locaux). À leurs côtés, un conseiller d’insertion professionnelle, une conseillère d’économie sociale et familiale, une éducatrice, une formatrice Français langue étrangère, une formatrice polyvalente, trois formateurs techniques spécialisés et l’apport ponctuel de collaborateurs d’Apprentis d’Auteuil Mayotte.

Apprendre à construire son projet

« Les jeunes bénéficient au total de 480 heures de formation, reprend Kristel Bianchi. Ils ne sont pas hébergés sur place, mais nous proposons le transport en bus entre leur domicile et le centre à Mamoudzou. Nous fournissons également la collation du midi. Il faut savoir que ces deux points peuvent représenter des freins à la poursuite d’études : à Mayotte, il n’y a pas de transport en commun, et le coût d’un déjeuner est trop onéreux pour nombre de jeunes en situation très précaire. »
Autre frein, la perception des familles, certaines ne voyant pas l’intérêt d’une formation non rémunérée. Le lien avec les familles est dès lors essentiel pour parler de l’avenir du jeune et de son insertion.
Les jeunes les plus motivés peuvent bénéficier de deux mois de suivi supplémentaires. Accompagnés par une éducatrice, ils gagnent en autonomie et cherchent par eux-mêmes des stages ou des centres de formation.  « Une première promotion vient de nous quitter.
Le bilan est positif : 20 jeunes ont maintenant un projet défini, conclut Kristel Bianchi. Nous n’avons eu que quatre abandons, dus à une certaine immaturité. Sur l’île, la restauration et l’agriculture offrent des possibilités d’insertion. Certains jeunes aussi souhaitent rejoindre le BSMA de Mayotte (bataillon du service militaire adapté) ou bien partir à La Réunion ou en métropole, pour les métiers des services à la personne. Dans ce dispositif, ils auront appris à construire leur projet, à développer leur citoyenneté, à s’inscrire dans un collectif. Mais aussi à bâtir leur propre réseau, ce qui est essentiel pour l’insertion. »
Le dispositif Narisomé est cofinancé par le Fonds social européen (dans le cadre du programme Initiative pour l’emploi des jeunes), par la DIECCTE (direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, de l’Emploi et du Travail) et par la DJSCS (direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale). D’ici deux ans, Narisomé pourra accueillir 225 jeunes.