Boost Vernon Thomas
Formation et insertion
07 octobre 2024

Thomas, 19 ans : " Ici, je n'ai pas l'impression d'être laissé à l'abandon" "

Thomas, Arthur et Théo ont été accompagnés par Boost Insertion Vernon, un des 41 dispositifs dédiés aux jeunes de 16 à 30 ans en recherche de formation ou d'une voie professionnelle, déployé par Apprentis d'Auteuil partout en France. Ils racontent comment Boost Insertion leur a redonné confiance en leurs capacités à rebondir. 

THOMAS

" Mon parcours ? J’étais en CAP cuisine et il y a eu le Covid, le restaurant a fermé ses portes, je n’ai pas pu finir. J'ai changé de voie, car je cherche une stabilité du job, qui ne dépende pas du contexte économique. Je n'ai pas envie d'un métier qui s'arrête à la prochaine crise. 

Je suis allé à la mission locale, mais c'est vite devenu assez conflictuel. On n’y prend pas assez de temps pour le jeune. Ils m'ont orienté vers le dispositif Boost Insertion. Au début, j'étais assez réticent. Et puis j'ai vu que tout le monde s’entend bien, chacun peut se remotiver. Grâce aux profils des formateurs, on comprend trois fois mieux. Cela ne donne pas l’impression d’être laissé à l’abandon. Ici, on est incités à explorer. On apprend à mieux se connaître, ses attentes, ses rêves, ses projets. Il n’y a pas de pression à l’efficacité. Il y a aussi des ateliers de remise à niveau en maths et en français, sur tablette. Cela m’a apporté un peu plus de confiance en moi.

Ce que j’aime dans ce dispositif, c’est la cohésion entre les jeunes. On avance tous ensemble. Et l'émulation. Cela donne de la motivation. Aujourd'hui, je continue à explorer, j'hésite entre la chaudronnerie ou la mécanique. En conclusion, je dirais que ce dispositif, c’est parfait pour quelqu’un en recherche de projet professionnel, prêt à être sociable et à faire un effort pour parler aux autres. 

Boost Vernon, Arthur
Arthur - Boost Insertion Vernon (c) Ilan Deutsch/Apprentis d'Auteuil

ARTHUR

" J’ai un parcours en filière générale : j'ai décroché un bac scientifique (maths, SVT, option maths expert) mention B, et frôlé la mention TB. Après mon bac, je voulais devenir kiné, je suis passé par médecine, mais l’adaptation a été violente. Je n’étais pas assez bien préparé ni accompagné. Ça a été pour moi une expérience que j'ai très mal vécue sur le moment. 

Après un temps, je suis arrivé à la mission locale, mais la structure n'était pas propice pour mon développement personnel. Ils n'ont pas assez de temps pour chaque jeune. On a seulement deux ou trois rendez-vous par mois. 
La mission locale m'a orienté vers Boost Insertion à Vernon. Et ça a été une révélation.  Ça m’a aidé pour travailler et dans ma vie personnelle. Et aussi à organiser mes pensées et mes efforts, à voir sur quoi travailler et quelles compétences. J'explore mes pistes et j'en élimine, car je suis intéressé par énormément de choses (massage, jeux vidéo, animaux, enfants, travail du métal, restauration, illustration etc.). Au début, je ne savais pas où aller, ni comment m’organiser. J’ai fait un stage chez un traiteur, mais j'ai vu que cela ne m'intéressait pas tant que cela. J’ai besoin d’une autre expérience, par exemple en massage ou en chaudronnerie. 

C’est bien aussi du côté du contact social, cela permet de rencontrer d’autres gens. On agrandit son réseau perso. Ça m’a apporté plus de connaissances sur moi. Je me connais mieux, je sais mieux comment je fonctionne. Je sens qu'il faut profiter de ces jours qui passent très vite, et que ce que l’on apprend entre dans notre quotidien. Le but est aussi d’acquérir des réflexes pour trouver des stages par exemple. J’ai aussi le projet de partir à l’étranger. Ça bouge. J'avance sur mon chemin de vie. "

Boost Vernon, Théo
Théo - Boost Insertion Vernon (c) Ilan Deutsch/Apprentis d'Auteuil

THÉO

"J’ai passé un an en maçonnerie en apprentissage avec les Compagnons. Mais ça ne me plaisait plus pour ma carrière, aussi j’ai arrêté. La mission locale m'a parlé de Boost Insertion, et en attendant une place, j'ai fait un stage de cinq mois en agriculture et j’ai repris confiance. Je n’avais pas trop envie de venir, mais finalement, j’ai bien fait ! Je croyais que l’arrêt de ma formation aux Compagnons marquait un échec. Les formateurs de Boost Insertion m’ont montré que cela pouvait devenir une force. Que ce début de formation me donne des connaissances qui me seront utiles dans ma vie quand je ferai de la maçonnerie. 
Ici, j'ai repris confiance. J’ai appris à me connaître, à voir ce que j’aime faire, oser le dire, oser prendre la parole. Tous les outils mis en place servent à cela. Dans le groupe, il y a une super ambiance. Tout le monde est soudé. C’est un peu comme une famille. 
Je me suis décidé pour l'agriculture. Mes stages m'ont aidé à y voir clair. Ce que j’aime dans ce métier, c’est qu’il est diversifié. On s’occupe des animaux, de la maintenance de la mécanique, des champs. On travaille la terre, et on réfléchit sur la façon de le faire. On connaît tout sur les plantes et leur processus de croissance. Il faut s’adapter et réfléchir. Aujourd'hui, j'ai commencé mon apprentissage dans un CFA et dans une exploitation agricole afin d'y préparer un CAP métiers de l'agriculture. J'ai trouvé ma voie et j'espère vraiment réussir dans ce domaine. J'ai aussi gardé le contact avec le cidrier chez qui j'avais fait mon dernier stage à Boost Insertion. Il m'appelle de temps en temps pour aller travailler le week-end et ça me plait.

Mes parents, qui ne travaillent pas du tout dans ce domaine, ont été étonnés par mon choix, mais ils sont contents. Ce qu’ils veulent, c’est que je sois heureux, et si c’est ce dont j’ai envie, que je fonce !

Cédric Ruel, coordinateur national de Boost Insertion

A qui s'adresse ce dispositif ?

« Boost Insertion a été créé pour des jeunes très éloignés de l’emploi, et de fait, nous accueillons des jeunes de plus en plus en difficulté, qui se sentent de plus en plus perdus. Le dispositif est conçu pour les remettre dans une dynamique de parcours, travailler l’évolution de la posture pour lever les difficultés périphériques (logement, santé, mobilité, etc.), leur permettre de se questionner sur ce qu’ils aimeraient faire, sur ce qui les fait vibrer, accompagnés par des professionnels qui connaissent ces publics. Nous sommes bien identifiés par nos partenaires et reconnus pour le profil de nos équipes, formées sur ces publics, qui comprennent les jeunes, les problématiques. Ce sont des conseillers en insertion, des formateurs multi-compétences. Ils ont de plus un ancrage dans le territoire et s’appuient sur les ressources des uns et des autres, en travaillant en complémentarité avec les autres acteurs du champ social et de l’insertion.

Quels sont les résultats ? 

Depuis le lancement du dispositif, nous avons des taux de sorties stables. Environ 32 % de sorties positives, c’est-à-dire, des jeunes qui se dirigent vers l’emploi, la formation, ou l’alternance. Et 19 % de sorties dynamiques : elles signifient pour les jeunes un retour vers des organismes de droit commun type mission locale, France Travail, Cap emploi, des parcours de formation, des partenaires comme l’AFPA, les EPIDE, l’École de la 2e chance. Les autres jeunes pour qui les sorties ne débouchent pas sur une solution de formation ou d’emploi, représentent environ 50 % des effectifs. 

Pourquoi ?

Les principales raisons sont la difficulté de se maintenir dans un logement, la garde des enfants et également la recrudescence des problématiques de santé. La crise Covid a généré une montée en flèche de jeunes qui souffrent de problèmes psychiques ou mentaux, d’où une difficulté accrue à les remettre dans une dynamique en l’espace de trois à six mois, durée moyenne de Boost Insertion. Une partie des jeunes ne donne plus de nouvelles. C’est difficile de savoir ce qu’ils deviennent. Cependant, leur passage dans le dispositif a le mérite de semer quelque chose, qui peut-être, germera plus tard. Il va leur permettre une introspection, une relecture de leur parcours. Ils ont adhéré à un esprit collectif, à une philosophie durant le temps qu’ils ont passé chez nous et peuvent prendre conscience d’un autre chemin à emprunter. C’est positif.