Campus Saint-Lubin - ACI " Les rayonnants" avec Sébastien
Formation et insertion
01 juillet 2025

Le vélo pour se remettre en selle

Au campus Saint-Lubin, près de Montauban, l’atelier chantier d’insertion Les Rayonnants accompagne des jeunes et des adultes vers l’emploi ou la formation grâce à la réparation de vélos. Reportage.

Afficher le résumé facile à lire et à comprendre
Près de Montauban, des jeunes et des adultes trouvent un emploi grâce à la réparation de vélos.

De ce vélo vintage de marque Gitane, il ne reste plus que le cadre. Les pneus, les freins, le guidon, la selle, tout a été méthodiquement démonté par Sébastien, l’un des dix-sept salariés en insertion que compte l’atelier chantier d’insertion (ACI) Les Rayonnants ouvert en décembre 2022 sur le site du campus Saint-Lubin, situé à Caussade, dans le Tarn-et-Garonne. Dans quelques jours, le vélo reconditionné par la main experte de Sébastien sera comme neuf. 

« Je suis arrivé il y a un an, explique-t-il, clé en main. J’ai d’abord travaillé dans la manutention, mais avec mes problèmes de dos, je n’ai pas pu continuer. Passé la quarantaine, sans diplôme, j’ai fait différents petits boulots avant d’arriver ici. Ce qui me plait, c’est de restaurer les vieux vélos, de trouver le problème et de leur donner une deuxième vie. » Mélissa, 28 ans, elle, a une formation en carrosserie. « Mais je ne trouvais pas de travail dans ce domaine en tant que femme. J’ai travaillé comme serveuse dans un restaurant, puis j’ai eu un accident. Mon corps n’en pouvait plus ! Ensuite, j’ai eu un enfant et je suis restée quatre ans isolée chez moi. Je suis entrée ici comme aide-mécanicienne. Et aujourd’hui, je m’occupe surtout de la relation avec les clients. »

Campus Saint-Lubin - ACI " Les rayonnants" avec Mélissa et Pascal
Mélissa et Pascal s'attellent à la réparation d'un vélo pour enfant. (c) Sophie Stacino/Apprentis d'Auteuil

Le marché du vélo explose

Au campus Saint-Lubin, l’objectif est d’utiliser l’activité réparation de vélo comme un support pour ramener jeunes et adultes vers l’emploi ou la formation. « Nous avons choisi le vélo, parce que c’est un objet du quotidien qui permet de toucher à la mécanique, à l’électricité (via l’électrification des vélos, NDLR), à la peinture, explique Benoit Content, le directeur. C’est très complet ! Nous contribuons aussi au réemploi et au recyclage. Depuis le Covid, le marché du vélo explose, il y a une forte demande. Le vélo répond en outre aux problèmes de mobilité que nous rencontrons dans notre territoire rural. »

Sous le hangar, plusieurs dizaines de vélos attendent sagement leur tour. Ils sont confiés par des particuliers pour une révision, donnés par des voisins qui ne les utilisent plus, ou récupérés dans les déchetteries de la région. Nettoyés, démontés, réparés ou électrifiés pour certains, ils retrouvent une deuxième jeunesse. Le campus Saint-Lubin travaille également à l’électrification des bons vieux 103 SP (des mobylettes Peugeot lancées dans les années 70, ndlr) et des Solex. Autre projet dans les cartons : la vente de pièces détachées de vélo en ligne en lien avec La ressourcerie d’Apprentis d’Auteuil à Paris en partenariat avec Label Emmaüs. Une autre manière de faire profiter des mains expertes des Rayonnants à des clients dans toute la France. 

Campus Saint-Lubin - ACI " Les rayonnants", vélos en attente de réparation
Les vélos en attente de réparation (c) Sophie Stacino/Apprentis d'Auteuil

Lever les freins sociaux

En parallèle de la formation professionnelle, l’ACI contribue également à lever les freins sociaux dont souffre ce public d’adultes éloignés de l’emploi ou en situation de handicap, en matière de logement, de santé ou de mobilité. « Notre accompagnement commence par une phase d’écoute afin de bien comprendre leur situation personnelle et mettre en place le suivi le plus personnalisé possible. Nous faisons du sur-mesure », souligne Fabienne Carpentier, chargée d’insertion professionnelle. 

Cet accompagnement se déploie tout au long de contrats à durée déterminée d’insertion (CDDI) de quatre mois, renouvelables pendant deux ans, et notamment lors de rendez-vous individuels. « Aujourd’hui, je suis mieux dans mes baskets, confie Sébastien. J’ai repris confiance en moi. Je vais passer le permis de conduire et je voudrais créer ma mini-entreprise de restauration de vélos. » « Pendant quatre ans, j’ai été coupée du monde, ajoute Mélissa. J’étais dans un gouffre, je broyais du noir. Aujourd’hui, j’ai remonté la pente. Je respire à nouveau. »

Campus Saint-Lubin - ACI " Les rayonnants", Fabienne Carpentier, en entretien avec Sébastien
Fabienne Carpentier en entretien avec Sébastien (c) Sophie Stacino/Apprentis d'Auteuil
Campus Saint-Lubin - ACI " Les rayonnants" avec Pascal
L'atelier Les rayonnants" avec Pascal (c) Sophie Stacino/Apprentis d'Auteuil