Vie de la fondation

Presse à l'école : collègiens et lycéens s'investissent

Au cours de la Semaine de la presse et des médias dans l’École, du 22 au 27 mars, les élèves des écoles, collèges et lycées découvrent l’univers des médias, apprennent à s’informer pour comprendre le monde (le thème de cette 32e édition) et à exercer leur esprit critique. Autant d’objectifs qu’Apprentis d’Auteuil poursuit avec les jeunes. Exemples dans un collège du Sud-Ouest et dans un lycée de la région parisienne.

Les élèves de 4e du collège Sainte-Claire en pleine préparation de leur journal.© Apprentis d’Auteuil

Pour découvrir le métier de journaliste, quoi de mieux que de créer un journal ? C’est le pari que relève depuis le début de l’année scolaire les élèves de 4e du collège Sainte-Claire (Dieupentale,82). Baptisé «Les Journaux Sainte-Claire », ce projet d’année, mené dans le cadre des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), mobilise élèves et enseignants une heure par semaine et se décline sous la forme d’un journal papier et d’une version audio diffusée au sein de l’établissement. « Notre journal paraît tous les deux mois, précise Charlotte Bobovnikoff, la professeure de français investie dans le projet en duo avec la professeure d’anglais. Des petits groupes d’élèves choisissent un sujet national ou international et à eux de collecter l’information et d’écrire les articles pour le journal et pour sa version audio. Les sujets vont des JO de Tokyo à la série Lupin, en passant par le réchauffement climatique. »

"Ecrire un journal, c'est beaucoup de travail !"

« Ça me plait de travailler en groupe, de chercher des infos, explique Raphaël, 14 ans. Grâce à ce projet, j’ai réalisé que la collecte d’infos, la vérification des sources ou la lecture d’un texte (sans pour autant donner l’impression de lire une feuille) demandait beaucoup de travail. » « J’ai appris à rédiger un article, à hiérarchiser les informations, à les recouper pour les vérifier, ajoute Meyly, 14 ans. Je m’intéresse plus aux informations, notamment celles sur lesquelles je travaille, et je lis un peu plus la presse qu'avant. »

Des retombées inattendues

La création de ce journal a aussi changé le regard des élèves sur les supports d’information. « Ils se sont rendus compte que Facebook ou Wikipédia n’étaient très fiables », souligne l’enseignante. D’autres retombées sont aussi plus inattendues : «  Curieusement, avons constaté que les élèves les plus en difficulté, du point de vue scolaire ou du comportement, étaient ceux qui réussissaient le mieux dans ce projet. C’est à la fois un enseignement très concret et gratifiant pour eux. Les élèves savent aussi que leur nom va figurer en bas de leur article et que tout l’établissement pourra voir leur travail. Ils sont donc plus appliqués, plus rigoureux et plus à l’écoute que pour un travail scolaire classique. Bref, ce projet les a fait entrer dans un cercle vertueux ! Nous espérons pouvoir le continuer l’année prochaine en créant une véritable web radio. »
Katerine (au premier plan) vérifie l'information auprès de plusieurs sources, ici dans la classe d'éducation socioculturelle animée par Murielle Privat, au lycée Nature et Services. © Ilan Deutsch/Apprentis d'Auteuil

L'éducation aux médias en lycée agricole

Quid de l'éducation aux médias dans les lycées de l'enseignement agricole ? Au lycée Nature et Services Saint-Jean à Sannois (95), les élèves y travaillent chaque semaine pendant le cours d'éducation socioculturelle. « Madame Privat, notre professeure, nous invite chaque année à participer à la semaine de la presse à l'école, explique Katerine, 19 ans, en terminale. Pour nous sensibiliser aux médias, elle met à notre disposition des journaux, des magazines et nous incite à télécharger des applications comme celle du Monde. »  « L’éducation socioculturelle représente la matière qui, à l’écrit ou à l’oral, ouvre à des informations auxquelles les jeunes n’ont pas accès ou pas idée, résume Murielle Privat. Un jour, se souvient-elle, j’ai demandé à ma classe de terminale : “Avez-vous déjà acheté un magazine ?”. Tous m’ont répondu : “ C’est quoi un magazine ? ” Je leur ai proposé d’acheter celui de leur choix et de me le présenter. Ils devaient s’ouvrir à une source d’informations autre que les réseaux sociaux et les chaînes d’informations en continu. Je dois aujourd’hui encore leur donner l’envie de développer cette ouverture d’esprit. » « Cette façon de faire m’intéresse énormément, souligne Katerine. Même si, le plus souvent, je m’informe par moi-même sur les réseaux sociaux. En fait, je me suis abonnée au compte Instagram de Bfmtv et, dès que je peux, je regarde ce qui se passe en France et dans le monde. Quand j’étais plus jeune je lisais Public, le magazine people. Je suis de la génération télé-réalité et j’aimais bien connaître les potins, tout ce qui se passait. Même si je savais que ce n’était pas la vraie vie ! Avec ce genre d’informations, je déstressais, je me relaxais. Je regardais aussi Le Parisien pour suivre un peu l’actualité. Dès que j’ai eu un téléphone, à 14-15 ans, j’ai abandonné les journaux et les magazines. J’ai découvert les réseaux sociaux et j’y suis restée depuis ! »

Chercher la vérité


En classe, Murielle Privat fait travailler ses élèves sur les médias et les réseaux sociaux. C’est quoi les médias ? Pourquoi et comment existent-ils ? Peuvent-ils nous influencer ? Nous empêcher de nous faire notre propre opinion ? Pour les réseaux sociaux, elle s’appuie sur ce qu’ils et elles voient ou partagent sur Instagram ou Snapchat. « Les élèves me proposent également des sujets liés ou non à l’actualité, précise-t-elle : la violence policière, la harcèlement, l’inceste, etc. » « Avec les débats en classe, j’ai un peu brisé ma carapace, confie Katerine. Je me sens plus libre et sûre de moi pour aborder un thème devant les autres. À chaque fois, madame Privat nous demande d’expliquer le oui ou le non, d'argumenter. Un jour, nous avons parlé de l’application WhatsApp, une communication simple et rapide où l’on peut être espionné et piraté. À la fin du cours, certains ont choisi de garder cette application, d’autres l’ont supprimée. C’est très important pour moi de comprendre, de vérifier auprès de plusieurs sources, de communiquer avec mes professeurs et mes parents pour connaître la vérité et penser librement. » Illustration de Une : Adene, membre de cartooning for peace, réalisé pour la 32e édition de la Semaine de la presse à l'école.

La Semaine de la presse à l'école en chiffres

Pour cette 32e édition de la Semaine de la presse et des médias dans l'école, 20 461 écoles, collèges, lycées, représentant 260 000 enseignants, 4,5 million d’élèves ainsi que 1800 médias partenaires sont impliqués cette année. Avec une augmentation de 1 800 établissements scolaires inscrits, cinq mois après l’assassinat de Samuel Paty, ciblé pour avoir enseigné la liberté d’expression à ses élèves, la participation est en hausse. Les écoles primaires se sont très fortement mobilisées, avec 7 386 inscriptions, ce qui constitue un taux de participation record dans l’histoire de la Semaine de la presse et des médias dans l’École.