Education et scolarité

La médiation à Apprentis d'Auteuil, une solution pour apaiser les conflits

À Apprentis d’Auteuil, des rencontres de médiation entre jeunes en conflit, ou entre jeunes et adultes, existent depuis 18 ans. Démarche profondément originale, cette médiation est menée par un binôme adulte-jeune. Explications d’Albert Sabat, son initiateur.

Quelle est l’origine de la médiation à Apprentis d’Auteuil ?

Elle a commencé en 1998, au lycée Sainte-Thérèse, à Paris, où j’étais professeur d’anglais. Un groupe constitué de professeurs, d’éducateurs et de jeunes l’a proposée pour prévenir l’exclusion de jeunes, suite à des faits de violence non prémédités. Il s’agissait de repérer les tensions et les conflits et d’organiser des rencontres de médiation. Celle-ci existait déjà en milieu scolaire, mais menée par des médiateurs jeunes. L’originalité, c’est qu’elle est animée ici par un binôme adulte/jeune.
Dès sa mise en place, ce dispositif a permis de résoudre sans violence des conflits entre jeunes, ou entre adultes et jeunes. En 2001, l’expérience s’est élargie à d'autres établissements. Les résultats obtenus ont rapidement montré l'utilité de la médiation, ses valeurs correspondant en tous points à la mission de la fondation : accompagner vers l’âge adulte des adolescents, à une période caractérisée par une difficulté à maîtriser ses pulsions et par des mises en danger.

Pourquoi aller en médiation ?

Attention, la médiation ne se substitue jamais au règlement intérieur ! On n’y va pas pour éviter une sanction, mais pour exprimer son point de vue librement et sans crainte de conséquences fâcheuses, les médiateurs n'ayant aucun pouvoir hiérarchique ou disciplinaire. Leur rôle est de faciliter la reprise du dialogue dans un cadre bienveillant et rigoureux et d’aider les protagonistes à prendre conscience des sources du conflit.
Je peux témoigner, pour l’avoir vécu à de très nombreuses reprises, d’un moment étonnant : celui où chacun comprend que tout n’est pas de la faute de l’autre, qu’on peut être emporté par la passion ou la colère, aveuglé par le ressentiment… Cette prise de conscience permet de quitter la posture d’adversaire pour décider de rechercher ensemble des solutions. C’est alors que les deux parties sortent des atouts de leur manche et font preuve d’une grande créativité pour trouver des solutions inédites !
Un exemple classique motivant une médiation : un élève ne travaille pas en classe, le ton monte, la situation dégénère. Son professeur désire qu’il travaille et progresse, mais l’élève se sent harcelé et pense que, quoi qu’il fasse, il n’aura pas de bonnes notes, car, selon lui, le prof lui en veut personnellement. Il a un comportement indiscipliné… L’enseignant tente de communiquer avec lui et voyant qu’il n’y parvient pas, fait le choix de demander une médiation plutôt que de le sanctionner. Son objectif : faire appel à un tiers non hiérarchique pour sortir de l’impasse. La valeur ajoutée d’Apprentis d’Auteuil réside dans l’implication des adultes !

Voyez-vous des fruits à cette démarche ?

Sur un plan éducatif, les co-médiateurs découvrent leurs talents et leur capacité à participer avec intelligence à la vie de l’établissement, à contribuer à une ambiance apaisée. C’est un bel exemple de collaboration intergénérationnelle. Les autres jeunes, découvrant combien les adultes se soucient de la qualité de leur relation avec eux, prennent conscience que ceux-ci ont réellement pour objectif de les aider.
Du côté des adultes, on a constaté combien les formations à la médiation organisées par Apprentis d’Auteuil développent une qualité d’écoute, une bienveillance et des compétences relationnelles nouvelles à l’égard des jeunes. « Cela a un impact direct sur vos pratiques pédagogiques », a reconnu Éric Debarbieux, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire jusqu’en septembre 2015.
Cette bonne relation adulte-jeune permet des apprentissages scolaires et professionnels plus efficaces, puisque le climat est apaisé !
La médiation à Apprentis d’Auteuil, c'est :
Une Charte de la médiation
25 personnes relais sur toute la France
50 médiations par an
200 jeunes formés par an
200 adultes appartenant aux équipes de médiation
1300 adultes formés depuis 2001